Delain
Metal symphonique

Hunter's Moon
Disc 1 (CD)
01. Masters of Destiny
02. Hunter's Moon
03. This Silence Is Mine
04. Art Kills
05. Hands of Gold (live)
06. Danse Macabre (live)
07. Scarlet (live)
08. Your Body Is a Battleground (live)
09. Nothing Left (live)
10. Control the Storm (live)
11. Sing to Me (live)
12. Not Enough (live)
13. Scandal (live)
14. The Gathering (live)
Disc 2 (Blu-ray)
01. Hands of Gold
02. Danse Macabre Intro
03. Scarlet
04. Your Body Is a Battleground
05. Nothing Left
06. Control the Storm
07. Sing to Me
08. Not Enough
09. Scandal
10. The Gathering
Chronique
Comme en 2016, c’est sous la forme d’un EP que Delain nous présente son nouveau line-up. Une entrée en scène en douceur pour le batteur Joey De Boer qui signe ici sa première contribution avec les Néerlandais, certes, mais est-suffisant pour justifier la sortie d’un EP ? Après tout, Lunar Prelude n’apportait rien à la discographie du groupe, si ce n’est deux titres sympas mais très convenus, qui ont de toutes manières été reportés sur le long format suivant, ce qui dispense officiellement l’achat de l’EP de 2016. Qu’en est-il de celui de 2019, alors ?
Eh bien, roulement de tambour : les quatre nouveaux titres sont tous bons. Et ils font même plus fort, ils sont chacun bons pour différentes raisons, formant une collection variée qu’on se surprend à écouter plusieurs fois d’affilée. Et puisqu’il n’y a qu’une poignée de pistes à décortiquer et qu’elles sont trop différentes pour en tirer beaucoup de points communs, c’est parti pour éplucher Hunter’s Moon « track by track ». Même si je déteste ça et que ce n’est pas le style de Metalorgie, je n’ai pas trouvé de meilleure approche pour ce cas précis.
L’objet s’ouvre sur un Master Of Destiny tout ce qu’il y a de plus ancré dans les habitudes de Delain. On y retrouve même quelques gimmicks vaguement inintéressants, à commencer par l’intro mièvre. Sauf que le titre explose ensuite très vite, proposant un développement certes très "delainèsque", mais un des plus efficaces possible. Une fois l’intro bouclée (plus si chiante que ça dès la seconde écoute, où on se rend compte qu’elle sert à construire l’attente qui se résout lorsqu’elle se termine), l’entrée des chœurs incroyables et puissants, puis celle du chant lead par dessus, le tout sur une instrumentation des plus épiques, font de ce morceau un vrai futur classique du groupe.
Le morceau éponyme n’a pas autant d’impact (rien dans l’EP, et très peu de choses dans la discographie de Delain ont autant d’impact que le riff principal et les chœurs majestueux du titre précédent). On notera même un refrain plutôt énervant, avec ses débuts de phrases qui traînent sur les “yoouuuu”. Néanmoins, Hunter’s Moon est sauvé par un passage incroyable, avec du chant hurlé pour lequel il était impossible d’être préparé. Le chant growlé dans le Metal Sympho, c’est maintenant habituel, mais ici on est très loin des voix caverneuses, très graves, dont on est coutumier. Il s’agit plutôt de hurlements à plein poumons, bien plus proche du Hardcore que du Death au niveau vocal, servi sur un gros riff de guitare, massif, simple, et mélodique. Cette section est incroyable d’efficacité, et les Hollandais l’a bien compris puisqu’elle revient à trois reprises dans Hunter’s Moon.
This Silence Is Mine aurait tout simplement pu figurer dans un disque de Periphery. Non, mais vraiment. Ou alors, de Prog Djent instrumental, à la Plini, Widek, Cloudkicker, [...], avec Charlotte Wessels en guest pour une minute de chant. Le lead est partagé entre une guitare précise et un clavier au son futuriste, et le riff de rythmique est un bombardement syncopé aussi réussi que surprenant venant d’un groupe comme Delain. Excellente surprise.
Enfin, Art Kills tire son épingle du jeu en proposant une ambiance Electro-Pop-Metal, rappelant un peu Amaranthe. Le fait que du chant Death soit intégré dans ce titre pour contrebalancer la voix de la frontwoman étaye encore la comparaison. Le titre n’est pas excellent mais reste honorable, et a le mérite de proposer une direction avec laquelle Delain n’est pas complètement familier.
Comment ça, “c’est pas fini” ? Ah oui, c’est vrai. Même si on a fait le tour des titres inédits avec ces seize minutes, Hunter’s Moon propose ensuite pas moins de 10 pistes live et tape à 1h05 de longueur totale, autant vous dire que niveau contenu, pour un EP, on se place là. Si le bonus est toujours sympa, son intérêt est bien plus limité que pour les pistes studio, même si on appréciera la présence de Marco Hietala (Nightwish) pour épauler la chanteuse sur une grosse moitié des titres. D’abord, au niveau des choix dans le setlist, il n’y pas de vrai “gros tube” en dehors de The Gathering. Ou sont April Rain, We Are The Others, ou les récents Suckerpunch ou Fire With Fire ? Ensuite, en terme de son, la grosse caisse semble à la fois surmixée et trop trigguée, les guitares un chouilla cracra, et les interventions du public couvrent parfois la musique de Delain (notamment quand on devine l’arrivée sur scène de Charlotte Wessels lors du premier titre Hands Of Gold). Au moins, on sent que ce live est bien plus authentique que les quatre pistes bonus de l’EP Lunar Prelude, trop formatées.
Hunter’s Moon arrive donc à convaincre largement plus que le précédent EP de la formation néerlandaise. Si le prochain album s’annonce aussi varié et réussi, alors on l’attend avec impatience.