Delain
Metal symphonique

Lunar Prelude
01. Suckerpunch
02. Turn The Lights Out
03. Don't Let Go
04. Lullaby (Live 2015)
05. Stardust (Live 2015)
06. Here Come The Vultures (Live 2015)
07. Army Of Dolls (Live 2015)
08. Suckerpunch Orchestra
Chronique
Delain pourrait proposer cet EP pour prévenir gentiment d'un éventuel changement, avant de trop surprendre avec un nouvel album. Entre les nouvelles recrues (Ruben Israel à la batterie ainsi que Merel Bechtold, l’excellente guitariste de MaYaN) et le fait que le quintet soit devenu un sextet comprenant désormais deux guitaristes, on pouvait en effet se demander si la formule resterait la même.
La réponse est si évidente dès la première écoute de Lunar Prelude qu'on peut se permettre de tuer le suspense dans l'œuf : Delain joue du Delain, sans aucun renouveau musical.
Le premier titre met tout le monde d'accord et ne laisse pas de place au doute : Suckerpunch démontre que les Néerlandais ont toujours ce sens du tube simple et efficace. Sans se renouveler pour un sou. Tant que ça fonctionne... Delain capitalise sur ses atouts : science du refrain catchy, voix mélodique sans être lyrique qui rend l'ensemble dynamique et facile à écouter, arrangements mi-électroniques mi-symphoniques. Turn The Lights Out reprend les mêmes éléments, avec une ambiance un peu plus grave, plus mélancolique, mais gardant tout de même énormément d'énergie, surtout à partir du second couplet.
Les chœurs du refrain apportent une réelle pêche au single Suckerpunch, quant à Turn The Lights Out, on notera plutôt ses couplets saccadés ainsi que son pont assez sombre (compte tenu des standards du groupe, entendons-nous). Les deux titres sont somme toute complètement "delainèsques", efficaces, portés par une Charlotte Wessels convaincante et dont le chant est très en avant, comme souvent.
En revanche, le reste de Lunar Prelude se révèle bien moins généreux qu'il n'y paraît de prime abord. Huit titres, trente-cinq minutes au compteur, l'objet pourrait paraître très complet pour un EP. Et pourtant, en dehors des deux inédits déjà évoqués, nous avons droit à une version orchestrale du single Suckerpunch, une version alternative de Don't Let Go (initialement paru sur le CD bonus du précédent album, The Human Contradiction), et quatre titres lives, dont les originaux sont aussi issus de ce même disque. Chacun à sa façon, ces titres déçoivent. Don't Let Go est beaucoup trop proche de la piste d'origine. Même après plusieurs écoutes comparatives, les différences entre les deux sont assez floues, et ne justifient pas vraiment cette réédition. L'orchestration est peu cohérente, à la fois au sein de ce disque énergique et direct, mais aussi intrinsèquement, musicalement. Certains passages de Suckerpunch sont certes très reconnaissables, mais d'autres semblent sortis de nulle part. Les refrains auraient mérités de garder leurs chœurs, et peut-être que l'ajout du chant aurait permis de mieux se repérer. Quant aux titres en publics, ils manquent d'âme et ne font pas ressortir l'ambiance d'un concert. Au contraire, ces quatre pistes sonnent comme des enregistrements en studio, auxquels on aurait ajouté des applaudissements au début et à la fin. Pour le coup, même si le côté "live" passe à la trappe, le son est excellent et la prestation est sans faute, notamment pour la chanteuse Charlotte Wessels qui est, encore une fois, largement mise en avant.
Ce sont donc les deux premiers morceaux qui se démarquent de Lunar Prelude, non pas grâce à leur qualité supérieure au reste de l'EP, mais parce que les autres pistes sont en dessous de ce qu'on est en droit d'attendre de Delain. La recette n'est pas renouvelée, mais pour les fans du groupe ou les amateurs du genre, les deux inédits feront mouche.