Dans un monde musical où actuellement mélange de styles se résume (trop ?) souvent à Metalcore et Pop-Punk, Dejected apporte une bouffée d’oxygène en osant une opportuniste fusion entre Metal et Punk, judicieusement mise en boite par KK Superstar au mastering et Stef de Gantz au son.
La rencontre de deux univers distincts engendre régulièrement des morceaux souffrant d’un manque criant d’homogénéité, et c’est sur ce point que Dejected est intéressant. Se jouant de cette difficulté, les Doubistes proposent un crossover aux influences établies tout en se construisant une identité propre. Identité d’une part définie par le coté expéditif à tempo accéléré du Punk des 80’s – un seul titre dépasse les deux minutes trente – et de l’autre par d’incessants intermèdes clairement orientés Metal : Solos de guitare ou de basse, riffs et leads viennent systématiquement aérer et découper les rythmiques saturées. Comme si les Dead Kennedys rencontraient l’époque métallique de Suicidal Tendencies. Les titres «Here Comes the Slums » ou « The Few » en sont le parfait exemple, cependant d’autres se permettent de petites excentricités sur les refrains. Pour une fois ils sont chantés en voix claire sur « Foolish Laws », ou se révèlent complètement déjantés sur le presque Oï! « Fracture Lab »
Toutefois on ne peut / doit pas réduire la formation de Besançon à leur unique aspect musical, car Dejected séduit aussi par des parties vocales étonnantes. Emmené par deux chants aux timbres tout aussi différents que complémentaires, l’originalité de ce mariage dépasse le stade de la curiosité pour devenir un atout indéniable. Sur un micro s’acharne donc Panda, assurant des vocaux typiquement New-York Hardcore (25 Ta Life, Madball… êtes-vous là ?) sur lesquels reposent la majeure partie du chant. Sur un autre intervient l'Indien et son incroyable organe qui dépose ça et là – en plus de backing hurlés - d’inimaginables montées dans les aiguës. Si le premier semble parfois à bout de souffle et souffre de l’indéboulonnable accent français, la spécificité du chant de l'Indien ôte toute envie de critique, et force même l’admiration lorsque sur « E.C.F [Earth Comes First] » il se transforme soudainement en sirène !!
Sans faire de zèle (13 plages pour 26 minutes), Sheer Bullshit Incorporated captive ainsi, sans jamais donner la sensation de répétition ou de longueur qui est souvent la plaie des musiques extrêmes. A la fois originale et bourrée d’influences claires et assumées, cette musique semble avoir tous les avantages pour plaire aux aficionados des deux principaux styles représentés. On peut donc légitimement regretter la faible exposition en France d’un label Québécois (Punk Rebel Records), espérons un peu plus d’engouement dans l’hexagone pour les éventuelles futures productions.
Vous pourrez trouver ce disque en suivant ce lien.
Découvrez quatre morceaux ("Here Comes the Slums", "One Way Up", "Injected", "Stereotyped Censorship") de cet album sur la page MySpace du groupe.
A écouter : Here Comes the Slums, Foolish Laws