Putain je l'attendais celui-là ! Vraiment cool
Defeater
Modern Old School hxc

Abandoned
Chronique
Depuis quelque temps déjà, Defeater a rejoint le club de ceux dont les sorties sont tout autant attendues qu’appréhendées, les plus fatalistes de leurs amateurs redoutant le moment où Aédé aura cessé de les inspirer. C'est naturellement le cas lorsqu’une formation gagne en maturité mais ce sentiment est ici renforcé tant l’œuvre des Américains forme, comme peut-être jamais pour aucun groupe auparavant, un tout unifié par un fil narratif.
La destinée de Defeater semble en effet indissociable de celle, tragique, de cette famille de pauvres hères de l’Amérique post 2nde guerre mondiale. Un père traumatisé par la barbarie des tranchées devenu alcoolique et violent, un cadet parricide qui s’exile, un temps condamné à une vie de hobo, et dont le retour se heurte au désir de vengeance de son ainé. L’un finira écrasé sous les roues d’un train tandis que l’autre se pendra dans l’église autrefois fréquentée par leur pieuse de mère. Tel est le décor dans lequel Defeater évolue depuis 2008.
A l’instar de Lost Ground, tel un spin-off, Abandoned s’éloigne de la famille nucléaire pour s’intéresser à un personnage secondaire : le prêtre de la paroisse familiale, croisé dans Cowardice qui clôturait Travels. Multiplier les points de vue, montrer comment chaque rencontre influença, en bien ou en mal, les protagonistes de ce drame, telle est l’ambition d’Archambault. Mais ici comme à bien d’autres moments, notre cœur balance : Abandoned est-il l’expression d’un génie narratif à l’image, toute proportion gardée, de La Comédie Humaine ou n’est-il pas plutôt la manifestation d’un groupe enfermé dans le concept qui avait fait sa force?
Passage obligé de toute carrière, avec ce 4ème album Defeater nous promettait un retour aux sources et à des sonorités plus Heavy et sombres. Passé l’intro et sa montée en puissance qui pose à merveille l’ambiance, l’entame va effectivement dans ce sens. Les charmes du terrain connu séduisent autant qu'ils rassurent les habitués. Rage, tourment, supplications torturées : chant et instruments sont à l’unisson pour retranscrire les états d’âme du prêtre. La formation enchaîne avec l’aisance naturelle des vétérans qui connaissent leur affaire, la suite December 1943 - Spared In Hell - Divination retenant en particulier l’attention tant elle est un condensé de ce que Defeater sait le mieux faire. La suite immédiate n’en est que plus décevante.
Borrowed&Blue est en effet le tournant du disque. Tout d’abord parce que, à l’image d’un Aunt Lisa sur le dernier Mastodon, le titre est sabordé par le refrain, chanté en voix claire par James Carroll de Make, Do And Mend. Complètement insipide, il est digne de la plus basique des formations de rock FM et embarrasse. Mais au-delà, passé ce moment d’égarement, Abandoned bascule. Les compositions se font plus lentes, le chant n’est plus que lamentation et la distorsion disparait quasiment au profit de nappes apaisées et de Larsen languissants. Le fil rattachant Defeater au Hardcore n’a jamais paru aussi ténu. L’évolution musicale est donc bien là, mais n’est pas celle annoncée. Le changement se fait également ressentir au niveau de l’écriture. Les paroles sont ainsi plus répétitives que par le passé (le gimmick « Forgive me, my father for I am a sinner » est répété à 14 reprises sur 4 titres, « Abandoned » 40 fois…). Manque d'inspiration? Volonté de retranscrire le caractère psalmodié des prières ? Chacun jugera.
Si Abandoned reste de très bonne facture, il est en deçà des productions passées. A l’image de Lost Ground, le format EP eut sans doute été plus approprié, la dernière partie donnant l’impression de trainer en longueur. Comme en écho au mot « unwanted » qui ouvrait et clôturait Travels, l’album se ferme sur un « Abandoned », donnant l’impression de boucler la boucle. On en vient presque à espérer que ce final marque la fin du cycle mais la signature récente chez Epitaph ne semble pas aller dans ce sens. Et puis, n’oublions pas qu’un personnage essentiel n’a toujours pas été abordé : la mère.
Les critiques des lecteurs
Putain je l'attendais celui-là ! Vraiment cool
Personnellement, je pense que 14 pour cet album semble bien léger. Oui, les paroles "Forgive me my father, for I am a sinner" reviennent assez souvent au travers de l'album, mais cela ne change pas le fait que cet album est de très bonne qualité. Azant assisté à un live de Defeater la semaine passée, je peux dire que le public a reçu autant bien les chansons du dernier album que les classiques Bastard, Dear Father, etc... Mention spéciale pour Remorse et Vice and Regret