Defeater

Modern Old School hxc

États-Unis

Letters Home

2013
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Bastards
02. No shame
03. Hopeless Again
04. Blood In My Eyes
05. No Relief
06. No Faith
07. Dead Set
08. No Saviour
09. Rabbit Foot
10. Bled Out

Chronique

par Falbala

Avouons que peu d'album de hardcore avaient suscité autant de scepticisme et d'appréhension avant sa sortie. D'abord parce qu'il semblait évident que le concept véhiculé par le groupe depuis ses débuts était parvenu à son terme et qu'il était, par ailleurs, difficile d'imaginer une orientation musicale offrant quelques palpitations supplémentaires. En un mot, la capacité de Defeater à se renouveler après Empty Days&Sleepless Nights, paraissait fort peu probable, ce qui était d'autant plus déplaisant à admettre que ce groupe a véritablement marqué et touché beaucoup d'entre nous. Et c'est à l'âpreté de la déception que nous nous apprêtions à faire face à la première écoute de Letters Home.

Effectivement, pas de surprise, Defeater joue du Defeater dans la plus pure des traditions. Une musique désormais on ne peut plus familière et à propos de laquelle il n'y a plus grand chose à ajouter si ce n'est au risque de se répéter. Néanmoins, ce qui peut être retenu ici, est que le hardcore délivré par les bostoniens semble débarrassée de toutes scories et s'épanouir dans une limpidité originelle. Cela peut paraître étrange mais transparaît dans cet album une sorte de maturité harmonieuse et simple. Et il faut reconnaître, au-delà de la pâleur de l'originalité, que les compositions sont toujours aussi efficaces, nerveuses et sensibles, générant une intensité tangible ; que certains titres, certains passages, donnent encore le frisson ("No Shame", "No Relief" avec la participation de George Hirsh de Blacklisted, "No Saviour", "Bled Out" qui conclue magnifiquement la réalisation) de par leur puissance d'évocation, leur justesse de ton et toujours sublimés par l'expressivité d'un Derek Archambault dont la voix écorchée, déchire, transperce et pénètre, suscitant désespoir, douleur, angoisse, rage et amertume. Et la tragédie prend corps, et la violence, et la dislocation d'un homme pris dans la tourmente de la guerre, monstrueusement inhumaine. Et ainsi, contrairement à ce que l'on aurait pu penser, ce nouveau plongeon dans la vie de cette famille écartelée n'a pas l'aigreur surie d'un élément périmé. Centré sur l'histoire du père alcoolique et de sa descente aux enfers durant la deuxième guerre mondiale, ce dernier chapitre ouvre sur une autre thématique tout en respectant la cohérence de l’œuvre entamée et sans aucune redondance.

Ainsi pourra-t-on toujours discuter de l'inspiration de Defeater, de cet enracinement dans son concept, mais objectivement, peut-on nier que ce groupe frôle l'excellence dans toutes ses réalisations? A l'instar d'un Sick Of It All, Defeater force le respect. A de solides fondations, il allie, dans sa démarche, sincérité, authenticité, sensibilité et humilité et parvient à aligner trois albums consécutifs (et n'oublions pas le EP) aussi percutants, intelligents que profonds. Bien sûr, il n'y a plus ici d'évolution flagrante et j’admets que cela pourrait devenir préjudiciable à la formation dans l'avenir, mais Defeater surclasse encore de nombreux groupes et même si cet album est critiquable sur de nombreux points, cela le laisse largement au-dessus d'une kyrielle de sorties. Letters Home n'est peut-être pas la meilleure réalisation de l'année mais il n'en reste pas moins un remarquable album de hardcore.

16

A écouter : 1

Letters Home est en stream intégral sur le Bandcamp de Bridge Nine Records.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 15.42
Avis 6
Kanar August 8, 2015 08:27
Je trouve cet opus excellent , et notamment tout le concept autour de cet album.On reçoit un beau livret d'anciennes lettres de guerre et à l'écoute de l'album on a la larme à l’œil. Musicalement je ne suis pas déçu , ça braye , ça envoie des riffs qui font mouchent et on ne les sent à aucun moment en perte de vitesse.Bref du Defeater comme ça j'en boufferai matin midi et soir!!
16 / 20
Petit nain des ÃŽles July 24, 2013 22:03
Bof, Defeater s'autoparodie. L'album n'est ni mauvais ni bon en soi mais... est si médiocre et peu inspiré et ça fait mal venant du groupe qui m'a maintes fois mis des claques à chaque sortie. Dommage. Un peu de changement ne ferait peut-être pas de mal pour la prochaine fois non ?
10 / 20
dezewok July 16, 2013 09:21
Encore une tuerie!!
19 / 20