Defeater

Modern Old School hxc

États-Unis

Empty Days & Sleepless Nights

2011
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Warm Blood Rush
02. Dear Father
03. Waves Crash, Clouds Roll
04. Empty Glass
05. No Kind Of Home
06. White Knuckles
07. Cemetery Walls
08. Quiet the Longing
09. At Peace
10. White Oak Doors
11. But Breathing
12. Brothers
13. I Don't Mind
14. Headstone

Chronique

par Falbala

Empty Days (lp)
Nouvelle immersion dans cette dramatique saga familiale ; la même histoire, la même souffrance, lancinante. Écorchure des nerfs, fissure du cœur, traumatismes indélébiles marqués au fer rouge sur les âmes meurtries. Retour sur le passé, à la mort du père où se met en branle la sombre destinée du frère aîné, un homme rongé par la vengeance, percevant son existence comme une trahison, profondément blessé, frustré et désarmé.
Defeater, en fabuleux conteur, retrace cette vie bafouée, tout en nuances, en rage, en émotion, en désespoir. Tristes mélodies et tensions exacerbées, douleur palpable et panique horrifiée se mêlent en une pression permanente. Tourbillon de sensations et d'influences musicales diverses : screamo, postcore, emocore, et quoi d'autre encore? Mais cela, dans toute sa plénitude, reste du hardcore. Du hardcore sincère et vrai, énergique et solide, qui prend aux tripes et à la gorge, qui parle au cœur et aux larmes, qui n'a que faire des clichés et des étiquettes, des critiques et des détracteurs. Derek s'arrache d'une voix cassée, brisée comme tous ces personnages aux destins déchirés. Cette voix au bord de la rupture, poignante car presque fragile et tellement hantée par les âmes ravagées qu'elle donne un corps réel à toute cette histoire. Intelligence musicale, intelligence dans l'écriture également où apparaît une variation intéressante par l'utilisation de la deuxième personne du singulier après des rédactions à la troisième personne (Travels) et à la première (Lost Ground) : une histoire contée de trois manières différentes pour trois points de vue distincts.
Mise en exergue de la frustration et de l'impuissance, Empty Days est une œuvre qui fait mal, aux résonances profondes, qui prend doucement possession des esprits et s'y grave avec toute son angoisse, son désarroi et sa rage. Inoubliable récit de la vie de cet homme, englué, écrasé par le poids de son environnement, portant à bout de bras les lambeaux de sa famille. Et l'amour ne changera rien, empoissé dans ces circonvolutions croupissantes. Ne reste que la colère, qui s'épuise. Ne reste que la vengeance, qui s'enlise, mais taraudant parfois en de brusques sursauts telle une bête qui agonise. Flottent à l'esprit de délicates mélodies, des ambiances tourmentées et des rythmes pénétrés d'urgence, accompagnant les méandres de ces vies perdues qui traînent en de suppureux tunnels de souffrance, recroquevillées en leur misère, couvertes de blessures, boursouflées de haines et de rancœur, percluses d'impuissance. Et comment oublier cet incroyable final d'une intensité dramatique totale où se comptent les battements de cœur à l'unisson de la batterie, les minutes puis les secondes à l'approche du dénouement. La coupure brutale, l'éclat du silence et le vide.
Certes, il n'y a plus l'exaltation de la découverte et Defeater poursuit dans la lignée de ses productions précédentes. Il n'en reste pas moins qu'Empy Days est un petit bijou parfaitement ciselé et scintillant de talent et d'intelligence. Defeater joue du Defeater, mais sa démarche et son approche du hardcore sont des plus brillantes, et ce groupe est sans nul autre pareil.
Sleepless Nights (ep)
Nouvelle variation sur les thèmes abordés précédemment, gratification supplémentaire en quelque sorte. Sleepless Nights se compose de quatre titres folks très réussis, notamment le magnifique "I Don't Mind", où Defeater laisse libre cours à une sensibilité plus proche d'un Jonah Matranga ou d'un Frank Turner. Mais pourquoi ces arrangements mièvres et emmiellés qui gachent le grain d'une émotion simple et vraie? Pourquoi pas seulement une guitare et une voix qui auraient été tellement plus intimes et touchantes?

16

A écouter : 1

"Warm Blood Rush", "Dear Father" et "I Don't Mind" sont en écoute ici.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.73
Avis 13
burning frost January 20, 2013 19:19
Cet album convainc, Defeater est à placé à côté des très grands groupes du genre.
16 / 20
Khélone December 29, 2011 12:56
un petit coup de génie : retranscrire toute l'émotion des thèmes abordés par le groupe dans 2 styles bien différents. Une version hardcore très intense suivie d'une version folk à l'américaine merveilleusement bien écrite ! J'adhère !
16 / 20
yoziva December 28, 2011 12:37
Incroyable ! Franchement rien à redire, l'ambiance toujours pesante, surtout au "dernier" morceau de l'album, avant les chansons acoustiques, "White Oak Doors", vraiment réussi.
18 / 20
Ark Age December 26, 2011 23:10
Alors, oui, il est moins violent, hargneux que Travels et Lost Ground, mais nettement plus mélancolique et désespéré (d'où une prod' moins lourde et plus claire), mais le talent est toujours là, toujours au jouissif. Et même les titres acoustiques sont bons, pas extraordinaires mais bon. Bref, du grand art.
16 / 20
Seb_PunkHxC November 29, 2011 14:25
Rares sont les groupes pouvant se targuer d'enchainer 3 superbes albums d'affilée.

Defeater en fait partie.
17 / 20
josh November 21, 2011 08:23
Tout simplement excellent!

Lors des premières écoutes, il ne faudra pas s'arrêter à la voix qui pourrait peut être vous faire passer à coté de ce "Must Have" dans le genre...

Le son de cet album est juste parfait, guitares bien tranchantes, une batterie des plus entrainantes et un mix comme il faut.

La voix prendra tout son sens au fil des écoutes, ce qui m'a bluffé car je n'ai pas l'habitude d'écouter des morceaux ou le chanteur ne fait que "gueuler".

Séduit, sans compter les 4 dernières chansons de l'album à base de guitare acoustique. On change de registre et ça fait aussi du bien vu que l'inspiration est toujours là.

Y a qu'à!
16 / 20
Lhuz November 12, 2011 14:39
Prenant.

Intéressant.

Poétique.

Mélancolique.

Triste.

Dépressif.

Mais l'étincelle est là. Dans une mélodie minimaliste, simple, mais qui dit déjà tout, et dans des paroles qui suspendent le cours de notre journée par leur justesse et retournent ce que la mélodie apportait déjà.

Alors on écoute. Et on se le met de côté, pour une après-midi d'automne et un coup de tisane.
17 / 20
jorislaloutre July 31, 2011 09:15
superbe album, moins bien que le précédent mais quand meme trés bien.

En Double LP, c'est mortel... un LP Hardcore et l'autre acoustic....

a acheter direct chez B9 records store
17 / 20
Turtle May 18, 2011 00:46
Etant enfant aussi bien du hardcore que de la folk, je me délecte des 4 derniers titres qui sont un petit EP à eux tout seul et que j'écoute aisément en boucle. Et puis quelle audace d'imposer ça dans ce genre de musique.

Pour le reste, je suis tout autant subjugué par l'émotion dégagé des titres HxC, avec ce chant dont le cri semble si nécessaire, si cathartique. C'est du très grand.
16 / 20
Karma April 25, 2011 18:57
Peut être moins puissant et moins ravageur qu'auparavant , defeater livre tout de même un sacré bon album ! Dévastant tout sur son passage grâce à ses textes hargneux qui vous éclatent à la gueule , la colère reste intact avec un son vif et violent qui prend aux tripes à chaque instant! Le groupe prend de nouveaux horizons avec ces chansons acoustiques pleines de sincérité et de finesse . Captivant de bout en bout !
16 / 20
malokoxice April 25, 2011 16:42
J'attendais avec impatience la chronique de cet album, afin de connaitre l'avis éclairé de Falbala! Hélas je ne suis pas entièrement d'accord...

Tout d'abord il faut noter la beauté de l'objet: quel plaisir de recevoir dans sa boite aux lettre un CD aussi soigné et réussi que ce Empty Days & Sleepless Nights. Le texte de chaque morceau est agrémenté d'un court paragraphe "explicatif"; le tout accompagné de magnifiques photos.

La musique me paraît en revanche plus décevante. Travels était un bloc, compact et violent qui nous étouffait de bout en bout. Lost ground était beaucoup plus aéré, mais extrêmement original et chaque note de chaque morceau arrivais à nous surprendre et nous toucher. Ici, la prise de risque est beaucoup moins grande, on a affaire à des titres beaucoup plus classiques (couplet-refrain quasiment tout au long de l'album, par exemple). Mais le vrai problème pour moi est que certain morceaux ne semblent pas indispensable et pas très inspirés (Waves Crash, Clouds Roll ou No Kind Of Home). Sans être désagréable à écouter, loin de là, il manque le grain de folie et d'originalité qui fait la différence. Le titre de clôture de la première partie, White Oak Doors, me parait assez révélateur. Le but est clairement de faire monter l'émotion, tout le long d'un long morceau batterie/voix dont l'intensité va crescendo, mais le but n'est jamais atteint. On se laisse bercer avec plaisir mais même avec beaucoup de bonne volonté, pas de frisson, de gorge serrée (là ou, dans un genre dépouillé très proche, le Part One de Ruiner fait réellement monter les larmes aux yeux).

Malgré ces quelques déceptions, Empty Days & Sleepless Nights est un très bon album avec plusieurs passages vraiment géniaux (White Knuckles est phénoménale). Defeater ont un talent fou, et on le sent tout le long de l'album (d'où un sentiment de frustration encore plus grand sur certaines parties!).

Comme d'habitude, les texte sont clairement une grande force du groupe, toujours justes et beaux.

Entièrement d'accord avec la chronique par rapport aux morceaux acoustiques: mais pourquoi donc ces arrangements foireux? Prophet in Plain Clothes tirait toute sa force de cette simplicité, quel dommage de ne pas avoir poursuivi dans cette voie!

Il en ressort tout de même que si tout n'est pas parfait, Defeater est le groupe de modern hardcore du moment, et risque bien de le rester...
14 / 20
Musi April 15, 2011 18:00
Une sorte de réécriture de Travels, du point de vue de l'ainé.

Les textes sont encore mieux, et le reste évolue doucement, mais gardant la même sauce qui marche décidément vraiment bien.

La "fin" de l'album, la fin de l'album Hardcore disons, sur White Oak Doors, est une merveille. Démonstration phénoménale de la force de la simplicité du duo batterie-voix.



Mais qu'es-ce que c'est que ces derniers titre ? La minute folk de Travels passait, mais cette fin d'album est infiniment moins intéressante que le reste. J'arrête toujours l'album à la fin de White Oak Doors.
18 / 20