Quelques années après le très prometteur Du Soleil Refroidi chroniqué ici même lors de sa sortie, Death Mercedes sort de sa chrysalide et nous revient avec Sans Eclat, un album d'une intensité, d'une sincérité et d'une sensibilité rare.
Tout commence avec Leurs Choix Désarment, d'emblée la production de Francis Caste qu'on ne présente plus (Kickback, Comity, Hangman's Chair, Necroblaspheme...) marque la différence, le groupe s'est donné les moyens de franchir dix paliers d'un coup le temps d'un album. Plus mélodique, plus intense, ce premier morceau dévoile petit à petit le nouveau visage du groupe. On découvre que les textes sont désormais exclusivement en français, le groupe ayant pris le parti de s'exprimer dans la langue de Molière afin de restituer avec un maximum de justesse et de sincérité son propos. Car on pourrait presque parler de concept album. La vie dans toute son ironie, son lot de déceptions et d'amertume, sans éclat ni grand discours. Leurs Choix Désarment se conclut par un des plus beaux moments de l'album, déchirant et désespérément beau.
Le reste de l'album oscille entre plusieurs univers : Post-Hardcore, Crossover, Crust... parfois brutale et frontale (Chien Infidèle), parfois mélodique et planante (L'inconnue De La Seine), la musique mute, évolue... tout en respectant ce fil conducteur de mélancolie et de tristesse. On y croise tour à tour des poèmes de Dan Fante (Encore Et Encore), le deuil (Ta Fin Du Monde), la vallée dérangeante (Du Soleil Vert On En A Tous Bouffé), jusqu'aux derniers morceaux, le point culminant de l'album. Trop Tard : le remord, les regrets, la mélancolie. «Détruire le plus précieux, assidûment» : baisser la garde et vider le sac. Avant le dernier manifeste.
L'album se conclut avec le morceau le plus intense, l'écorché Cafard De Bar. Difficile de cerner si cette intensité émane de la violence du texte, désespéré, cru et cynique au possible, ou de la musique, étant donné que pour cette dernière offrande, le groupe a placé la barre très haut. La beauté et l'efficacité de Kylesa se mélange le temps d'un morceau à l'expression la plus crue de la crasse, du ras le bol, du dégoût de tout. L'ombre de Kickbackfait son apparition lors d'un break surréaliste et d'une rare violence, les derniers mots se répètent et martèlent une ultime fois le propos de l'album : rire de cette mauvaise blague, une dernière fois avant d'abandonner.
«S'amuser des ombres. S'entourer des cons. Sans rien à dire.»