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Biographie

Death From Above 1979

  Death From Above 1979 se forme au Canada en 2000 autour de deux membres seulement : le montréalais Sébastien Grainger (batterie/chant) et Jesse F. Keeler (basse) de Toronto. Le duo écume les scènes de petits clubs, mais attire rapidement l’attention sur lui en raison du son peu commun de ses compositions. Des démos seront enregistrées par la suite, mais ce n’est qu’en 2004 qu’est bouclé You’re A Woman, I’m A Machine et son énigmatique pochette. Elle provient d’un trip du groupe qui a déclaré à propos de sa démarche : "Nous voulons être l’éléphant dans votre living-room". L’album sortira finalement en février 2005 chez 679/Warner.
  Mais après plus de deux ans de tournée, la tension monte entre les deux collègues au point de les conduire inévitablement au split durant l'été 2006 pour des problèmes essentiellement relationnels. Seul Jesse Keeler bénéficie à ce titre d'une porte de sortie, puisque Josh Homme l'a gracieusement invité a participé à l'élaboration du quatrième album des fameux Queens Of The Stone Age
  Finalement réconciliés, les deux hommes annoncent la reformation du duo en 2011 et sortent trois ans plus tard leur deuxième album, The Physical World. Après avoir laissé tomber le "1979" de leur nom, il reviennent en 2017 avec Outrage! Is Now.

14 / 20
1 commentaire (12/20).
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Outrage! Is Now ( 2017 )

Et si le retentissant You’re A Woman, I’m A Machine n’avait été, en 2005, qu’une façon pour le duo canadien Death From Above 1979 de clore inconsciemment un premier chapitre voué à s’achever dans le bruit et la fureur ? Deux ans plus tard, le groupe se séparait en effet dans des circonstances houleuses qui ne laissaient que peu d’espoir de voir un jour Jesse Keeler et Sebastien Grainger collaborer à nouveau. Après avoir raccourci leur nom du « 1979 », ajouté avant la sortie de leur premier album sous la pression de James Murphy (LCD Soundsystem), patron du label Death From Above, ils nous offrent cependant une troisième livraison qui montre que l’envie est toujours là. The Physical World, qui marquait une nette cassure avec You’re A Woman, I’m A Machine, n’avait pas convaincu tout le monde (comme vous pouvez le constater dans la chronique de mon collègue ci-dessous) malgré une efficacité indéniable et un enthousiasme intact. 

Ceux qui n’avaient pas trouvé leur compte sur l’opus précédent risquent de passer leur chemin après une écoute d’Outrage! Is Now. Les autres, qui avaient apprécié la capacité du duo basse-batterie à faire mouche malgré une production faisant clairement sortir le groupe de son garage pour toucher une audience plus large, auront certainement de quoi se contenter.

D’accord, Outrage! Is Now n’est pas destiné à entrer au panthéon du Rock indé, ni même à éclipser l’ovni You’re A Woman, I’m A Machine. Il serait cependant très dommage de ne pas faire l’effort de considérer cet album indépendamment de ses prédécesseurs. Death From Above semble d’ailleurs lui-même faire ce qu’il peut pour ne pas regarder en arrière. Si ce n’est pas toujours une franche réussite, comme en témoignent des morceaux un peu poussifs comme Statues ou NVR 4EVR, l’impression générale reste positive grâce à une variété d’ambiance bienvenue. Du très dansant Freeze Me à l’électro Outrage! Is Now, Death From Above est bien décidé à ne pas s’ennuyer en route. S’il faut vite fermer les yeux et les oreilles sur All I C Is U&Me, le poisseux Caught Up, avec son riff 70s et sa montée en puissance, est l’un des titres les plus réussis, tout comme Nomad, qui semble synthétiser ce que les Canadiens savent faire de mieux.

Taillés pour être repris en choeur, la plupart des refrains font leur travail et restent en tête, provoquant le retour régulier de l’album sur la platine. La production, qui laisse dans un premier temps une impression un peu « racoleuse », est en adéquation avec les compositions. Si l’ensemble sonne de façon plus travaillée, les deux hommes donnent pourtant le sentiment de ne rien rechercher d’autre que le plaisir. Le jouissif Holy Books vient ainsi conclure sur une bonne note ces 36 minutes, imparfaites, mais que l’énergie déployée finit par rendre recommandables.

11.5 / 20
1 commentaire (13/20).

The Physical World ( 2014 )

A l'écoute de The Physical World, on se dit que bien peu de choses ont changé durant tout ce temps. Il aura fallu huit ans, une séparation et un rabibochage plus tard, pour que l'un des groupes les plus éphémères mais des plus probants du Rock des années 2000 refasse surface. On a certes vieilli mais You're A Woman I'm A Machine est resté dans toutes les têtes et sert encore de référence incontournable quand il s'agit de comparer entre eux tous les duos basse/batterie qui ont poussé depuis. Le nouvel album de Death from above 1979 aimerait bien réussir le même coup et débouler comme un chien fou dans un jeu de quilles. Las, rapidement la tension disparaît. Fiévreux et sexuel, You're A Woman... proposait du cool par paquets de riffs, The Physical World peine définitivement à se hisser au niveau de son prédécesseur.

Dépassé. The Physical Word est bourré de clins d’œil à son prédécesseur, des séquences entières sur "Gemini" renvoient clairement à un tube comme "Turn It out". Si l'intention est plaisante cinq minutes, comme lorsqu'on danse à nouveau avec la même fille qu'on a amenée dans son lit dix ans auparavant, on se dit que Jesse Keeler et Sebastien Grainger n'ont pas dû aller chercher bien loin pour composer. A l'arrivée, on sort avec la désagréable impression d'avoir déjà vécu ce même moment, mais cette fois en moins bien. Ce qui pose la question des limitations d'un duo basse/batterie pour se diversifier sur le long terme. Si encore, Death from above 1979 cultivait la même efficacité que précédemment... Comme daté et dépassé, The Physical World est plombé par un criant manque d'inspiration, le duo ayant semble-t-il perdu sa joyeuse créativité pendant ses années de hiatus.

Facilité. Les quelques rares passages qui surnagent sont vite engloutis. A défaut d'être vraiment original pour le groupe, le titre "Government Trash" rappelle que le duo a un jour su y faire lorsqu'il s'agissait de triturer une basse pour enchainer des lignes groovy et entrainantes. La facilité, malheureusement, reprend rapidement le dessus. Pour preuve les refrains radio friendly, quand ils ne sont pas complètement ratés, peinent à générer l'enthousiasme, le chant est plus que faiblard et le reste de l'album est à l'avenant. Ce ne sont pas les ajouts de claviers ou la présence de titres plus mid-tempo qui nous feront crier à l'innovation ("White Is Red"). Rien n'est inoubliable et The Physical World glisse pendant trente minutes sur une vague mêlée de frustration et de déception.

Panne. Dépasser ou non le cap du deuxième album est un marronnier qui prend ici tout son sens. Le jeu est automatique, prévisible. L'effet de surprise s'est effacé pour laisser place à un ensemble beaucoup trop sage. En soi, rien n'est à reprocher à ce disque. Il est fade comme le sont des dizaines d'autres sorties. Pour beaucoup, cela suffirait à mériter quelques écoutes. Son malheur est de devoir être sans cesse comparé à son prédécesseur, et sans que cela tourne à son bénéfice. Death from above 1979 n'est plus que l'ombre du duo qu'il était, quand on était jeune et que Keeler et Grainger dynamitaient les règles. Manque de souffle et coup de la panne, le constat est rude. Tant pis, il reste de meilleurs souvenirs pour passer le temps.

17 / 20
11 commentaires (16.95/20).
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You're A Woman, I'm A Machine ( 2005 )

  Le continent Nord-Américain a décidément plus d'un tour dans son sac dans le domaine du rock indépendant. En marge d'une scène britonne au bord de l'asphyxie, des groupes comme Interpol, ou encore The Arcade Fire viennent insuffler le bol d'air frais dont semble avoir besoin la perfide Albion. Death From Above 1979 fait partie de ceux-ci, débarquant dans le paysage musical avec pour seules armes soniques une basse et une batterie.

  Le duo canadien nous propose dès les premières secondes un rock édifiant et abrasif dans lequel la basse saturée et gavée de fuzz tient, une fois n'est pas coutume, le premier rôle. A la différence des binômes comme les Whites Stripes ou Lightning Bolt, la musique de DFA1979 préfère jouer la carte de la densité sonore plutôt que celle de l'aspect dépouillé, ou noise/bruitiste. On ne peut effectivement se résoudre au fait que deux personnes seulement soient à l'origine d'une telle énergie. Cette impression s'avère renforcée par la rythmique sans faille, sachant se faire tantôt explosive, tantôt groovy. Une performance d’autant plus remarquable pour le batteur, puisque ce dernier se charge par ailleurs du chant.

  En ce qui concerne le fond, nos deux "cousins Machin" officient dans un véritable magma de genres qui peut se résumer à la va vite comme la rencontre improbable entre Black Sabbath, Refused et The Who. On se retrouve alors rapidement immergé dans une ambiance humide et rock’n’roll à souhait que le groupe va décliner sous diverses formes. DFA1979 nous propose en premier lieu une sorte de garage hardcore débridé et délicieusement corrosif, dans lequel les riffs de basse cavalent à toute vitesse tel un dragster en perte de contrôle ("Turn It Out", "Going Steady", "Cold War"). Mais comme le montre la voix acide et criarde de Sébastien Grainger, le groupe est tout aussi attaché au rock presque hard des 70’s. L’ombre des Who ne plane donc pas bien loin de "Go Home, Get Down" ou "Blood On Our Hands".
  Dans un prolongement quasi chronologique, ainsi qu’en raison de la prépondérance de la basse, il est peu surprenant de voir DFA1979 flirter par la suite avec le stoner d’un Queens Of The Stone Age (le très réussi "Little Girl", le bondissant "Black History Month"). Mais ce qui ressort de ce "You’re A Woman, I’m A Machine", c’est avant tout une énergie immédiate, pouvant même se traduire jusqu’au brûlot le plus punk ("Pull Out"). A l’inverse, le combo de Toronto sait également faire fluctuer le tempo afin de rendre sa musique des plus groovy et dansante (le hit "Romantic Rights"), voir même sensuelle ("Sexy Results").

  Ce "You’re A Woman, I’m A Machine" constitue donc la rampe de lancement idéale pour Death From Above 1979. L’album nous délivre des titres incroyablement efficaces, appuyés par un son peu commun et spontané (ce qui fait cruellement défaut Outre-manche en ce moment il faut bien l’avouer). Une très bonne surprise.

Ecouter : Trois titres sur la page MySpace du groupe.

A écouter : Romantic Rights, Going Steady, Cold War
Death From Above 1979

Style : Heavy Garage Rock
Origine : Canada
Site Officiel : deathfromabove1979.com
Myspace :
Amateurs : 40 amateurs Facebook :