Enfin une suite à l’excellent Place Noire de 2018 ! Bordel, ce que Death Engine se fait rare et évanescent avec pourtant trois disques et un ep en une dizaine d’années d’existence. Mais ce n’est pas Birds In Row et ils semblent malheureusement coincés dans l’état d’outsider de la scène Post Hardcore / Noise française alors que ce qu’ils font depuis dix ans est largement au-dessus que ce que peuvent proposer bon nombre de groupes internationaux. En dehors de sortir d’excellents albums, réaliser une première partie de Cult Of Luna ou Ken Mode les feraient enfin connaitre à plus grand monde, mais pour le moment, on en est malheureusement pas encore là, même si c’est tout ce qu’on leur souhaite.
Toujours est-il que cette rage de vivre chez Death Engine on la retrouve d’autant plus sur ce Ocean, avec cette boule au ventre qui semble s’échapper des cordes et de la voix, de cette singularité qui fait qu’ils sont complètement à part entre Noise Rock et Post-Hardcore qui les classe directement hors de catégories bien spécifiques et plutôt dans ces entre deux particulier. Donc Death Engine ne marchera jamais comme un groupe de Hardcore bas du front et ne sera affilié à une scène Noise Rock un peu trop gentille dans son propos. Par contre, Death Engine aura toujours pour eux cette singularité, cette personnalité qui les démarque de beaucoup d’autres groupes en sortant du moule Metal / Rock / Hardcore. Ca on l’avait déjà compris, surtout si vous suivez le groupe depuis dix ans, mais ce Ocean marque le coup encore d'un cran et témoigne d’autant plus cette envie de poursuivre dans ce qui avait déjà été posé. Brique par brique, œil pour œil, dent pour dent.
Comprenez que ce Ocean est un disque viscéral, comme ce que propose le groupe depuis ses débuts en réalité, mais est aussi très frontal et peut-être bien des plus violents et épais de ce qu’ils avaient produit jusqu’alors. Est-ce que ça vient du mastering d’Alan Douches (The Black Dahlia Murder, Hate Eternal, Six Feet Under, Death et un million de groupes de Metal extrêmes) et que l’enregistrement et le mixage n’ont pas été fait cette fois-ci par Amaury Sauvé (Birds In Row, The Rodeo Idiot Engine, Corbeaux, Plebeian Grandstand…) ? Difficile à dire, mais ce qui est sûr, c’est qu’on a bien et bel à faire à un Ocean qui se bouffe comme un brique au petit déjeuner et qu’il n’a vraiment pas à rougir d’autres productions de Post Metal / Hardcore de type Cult Of Luna (notamment sur le dernier titre Empire) ou bien Isis et Rosetta. On pourrait aussi lui trouver des similitudes dans le côté frontal à la Time To Burn façon Is.Land ou encore Overmars et c’est bel et bien en cela que ce Ocean est différent du reste de la discographie : plus lourd, plus écrasant, tout en sachant habilement naviguer entre les lignes.
Aussi, l’album ressemble davantage à un assemblage de pistes différentes qu’à un gros bloc monolithique, comme c’est souvent le cas avec Death Engine d’ailleurs et donc chaque piste possède son propre feeling, tout en gardant bien sûr une cohérence bienvenue. Par exemple Mess est un titre très brut et impactant, cachant une belle mélodie porteuse en son cœur, comme si elle était enfermée dans un amas dense et gluant alors que Dying Alone est réellement différent se développant presque comme une chanson entêtante qu’on peut fredonner avec des pourtours biscornus et Noise, bien évidemment. En parlant de morceau qui se retient presque immédiatement, Pulled Down est un petit tube en puissance me rappelant ce que pouvait faire Ovtrenoir sur Fields Of Fire en mélangeant efficacité, riffs mémorables et « mélodique ». C’est également ce que procure l’écoute de Leaden Silence par cette efficacité de mur massif qui semble fondre sur toi et de gros riffs plombés qui viennent t’enterrer vivant, ce que l’on trouve aussi sur Hyperion puisque les deux compositions se ressemblent un peu dans la forme et méthode "on refait les cloisons avec ta tête et on te coule dans du béton". Mentionnons brièvement Lack pour sa batterie tribale jouissive (c’est Joris Saïdini de Birds In Row qui enregistre les parties de batteries sur l'album) et on retrouve ce que Death Engine pouvait faire précédemment avec en climax des cordes, et un ensemble qui vient tout fracasser dans un ultime effort.
Beaucoup de lignes pour dire que ce Ocean est aussi dense qu'il est une totale réussite. Même si l’album se révèle plus Post Metal que les précédents, il est toujours à la frontière d’autres styles, confirmant que Death Engine est bien plus qu’un simple groupe de Noise Rock ou de Post-Hardcore. Il démontre qu’une fois de plus, en dix ans de carrière, la formation fait preuve d’une originalité, d’un talent d’écriture, d’une vraie personnalité qui fait qu’on les reconnait aussitôt et d’une évolution dans leur discographie vraiment intéressante. Ca fait dix ans qu’on vous en dit du bien, il ne reste plus qu’à vous qu’à raccrocher les wagons pour découvrir l’un des meilleurs groupes du genre en Europe.
A écouter : 1
Une pépite de plus, il faut rentrer dedans et une fois que c'est fait c'est du pur bonheur. Un mélange de 20 seconds falling man et Céleste, c'est hypnotique et sombre........