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Biographie

Death Engine

Death Engine, trio lorientais composé de Mikaël Le Diraison (Guitare / Chant), Eric Le Quer (Basse) et Olivier Ruault (Batterie), se forme en octobre 2011 et joue un Hardcore violent et bruitiste. Un premier ep, Amen, sort conjointement chez Throatruiner Records, Basement Apes Industries et North Cult Records en 2013. L'album, nommé Mud, arrive quant à lui début 2015. Après une pause de deux ans, Death Engine revient avec de nouvelles influences, mais toujours l'envie de faire du bruit avec Place Noire en 2018. Début 2019, une fatigue se fait sentir au sein du groupe qui se met en pause, mais revient mi-2020 au format quatuor composé de Mikaël Le Diraison (Guitare / Chant), Tony Bozanic (Guitare), Sébastien Mollo (Basse) et Tom Shannon (Batterie). Ocean, disque composé pendant les confinements, sort début 2023 chez Throatruiner Records et Code Records et montre un nouveau visage du groupe davantage Post Metal avec des influences à la Cult Of Luna ou Isis.

Chroniques

Ocean Place Noire Mud Amen
16 / 20
2 commentaires (17.25/20).
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Ocean ( 2023 )

Enfin une suite à l’excellent Place Noire de 2018 ! Bordel, ce que Death Engine se fait rare et évanescent avec pourtant trois disques et un ep en une dizaine d’années d’existence. Mais ce n’est pas Birds In Row et ils semblent malheureusement coincés dans l’état d’outsider de la scène Post Hardcore / Noise française alors que ce qu’ils font depuis dix ans est largement au-dessus que ce que peuvent proposer bon nombre de groupes internationaux. En dehors de sortir d’excellents albums, réaliser une première partie de Cult Of Luna ou Ken Mode les feraient enfin connaitre à plus grand monde, mais pour le moment, on en est malheureusement pas encore là, même si c’est tout ce qu’on leur souhaite.

Toujours est-il que cette rage de vivre chez Death Engine on la retrouve d’autant plus sur ce Ocean, avec cette boule au ventre qui semble s’échapper des cordes et de la voix, de cette singularité qui fait qu’ils sont complètement à part entre Noise Rock et Post-Hardcore qui les classe directement hors de catégories bien spécifiques et plutôt dans ces entre deux particulier. Donc Death Engine ne marchera jamais comme un groupe de Hardcore bas du front et ne sera affilié à une scène Noise Rock un peu trop gentille dans son propos. Par contre, Death Engine aura toujours pour eux cette singularité, cette personnalité qui les démarque de beaucoup d’autres groupes en sortant du moule Metal / Rock / Hardcore. Ca on l’avait déjà compris, surtout si vous suivez le groupe depuis dix ans, mais ce Ocean marque le coup encore d'un cran et témoigne d’autant plus cette envie de poursuivre dans ce qui avait déjà été posé. Brique par brique, œil pour œil, dent pour dent.
 
Comprenez que ce Ocean est un disque viscéral, comme ce que propose le groupe depuis ses débuts en réalité, mais est aussi très frontal et peut-être bien des plus violents et épais de ce qu’ils avaient produit jusqu’alors. Est-ce que ça vient du mastering d’Alan Douches (The Black Dahlia Murder, Hate Eternal, Six Feet Under, Death et un million de groupes de Metal extrêmes) et que l’enregistrement et le mixage n’ont pas été fait cette fois-ci par Amaury Sauvé (Birds In RowThe Rodeo Idiot Engine, Corbeaux, Plebeian Grandstand…) ? Difficile à dire, mais ce qui est sûr, c’est qu’on a bien et bel à faire à un Ocean qui se bouffe comme un brique au petit déjeuner et qu’il n’a vraiment pas à rougir d’autres productions de Post Metal / Hardcore de type Cult Of Luna (notamment sur le dernier titre Empire) ou bien Isis et Rosetta. On pourrait aussi lui trouver des similitudes dans le côté frontal à la Time To Burn façon Is.Land ou encore Overmars et c’est bel et bien en cela que ce Ocean est différent du reste de la discographie : plus lourd, plus écrasant, tout en sachant habilement naviguer entre les lignes.
  
Aussi, l’album ressemble davantage à un assemblage de pistes différentes qu’à un gros bloc monolithique, comme c’est souvent le cas avec Death Engine d’ailleurs et donc chaque piste possède son propre feeling, tout en gardant bien sûr une cohérence bienvenue. Par exemple Mess est un titre très brut et impactant, cachant une belle mélodie porteuse en son cœur, comme si elle était enfermée dans un amas dense et gluant alors que Dying Alone est réellement différent se développant presque comme une chanson entêtante qu’on peut fredonner avec des pourtours biscornus et Noise, bien évidemment. En parlant de morceau qui se retient presque immédiatement, Pulled Down est un petit tube en puissance me rappelant ce que pouvait faire Ovtrenoir sur Fields Of Fire en mélangeant efficacité, riffs mémorables et « mélodique ». C’est également ce que procure l’écoute de Leaden Silence par cette efficacité de mur massif qui semble fondre sur toi et de gros riffs plombés qui viennent t’enterrer vivant, ce que l’on trouve aussi sur Hyperion puisque les deux compositions se ressemblent un peu dans la forme et méthode "on refait les cloisons avec ta tête et on te coule dans du béton". Mentionnons brièvement Lack pour sa batterie tribale jouissive (c’est Joris Saïdini de Birds In Row qui enregistre les parties de batteries sur l'album) et on retrouve ce que Death Engine pouvait faire précédemment avec en climax des cordes, et un ensemble qui vient tout fracasser dans un ultime effort.

Beaucoup de lignes pour dire que ce Ocean est aussi dense qu'il est une totale réussite. Même si l’album se révèle plus Post Metal que les précédents, il est toujours à la frontière d’autres styles, confirmant que Death Engine est bien plus qu’un simple groupe de Noise Rock ou de Post-Hardcore. Il démontre qu’une fois de plus, en dix ans de carrière, la formation fait preuve d’une originalité, d’un talent d’écriture, d’une vraie personnalité qui fait qu’on les reconnait aussitôt et d’une évolution dans leur discographie vraiment intéressante. Ca fait dix ans qu’on vous en dit du bien, il ne reste plus qu’à vous qu’à raccrocher les wagons pour découvrir l’un des meilleurs groupes du genre en Europe.

15 / 20
1 commentaire (16.5/20).
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Place Noire ( 2018 )

Death Engine est un groupe frustrant. Frustrant parce que leur premier et excellent album Mud, sorti en 2015 est malheureusement passé beaucoup trop inaperçu. Frustrant pour leur pause en 2016 et le trop peu de dates qu'ils avaient joué entre temps. Frustrant parce qu'on aimerait que plus de monde s'intéresse à ce groupe, mais ça tombe bien car Death Engine est de retour en 2018 avec un nouvel album, Place Noire, et il ne faut pas passer à côté.

C'est aussi un peu de la faute des Lorientais, car évoluer dans un registre Post-Hardcore / Noise n'est pas le truc le plus vendeur et accrocheur possible. Trop Post machin pour les fans de Hardcore pur et dur ou pas assez pour les amateurs de Cult Of Luna, trop Noise pour les autres, pas assez Rock pour les derniers restant...bref, Death Engine a le cul entre plusieurs chaises et n'est pas là pour se mettre dans un créneau porteur ou plaire à un certain type de public. Et c'est là tout le problème quand à sa relative notoriété, mais aussi et surtout là où réside tout son intérêt. Il aurait été également d'une certaine facilité pour le trio de revenir et pondre un Mud bis, en poursuivant vers des voies abrasives, énervées et toujours plus tragique, mais il n'en est rien. Le groupe recule pour mieux sauter et livre un Place Noire plus nuancé, d'avantage nourri d'influences, mais toujours aussi passionné et passionnant.

Les éléments Noise Rock, déjà présents dans leur musique occupent désormais d'avantage d'espace : guitares décharnées, une voix chantée / hurlée qui s'éloigne du registre Hardcore, des rythmiques assises moins chaotiques et une basse coup de poing pour la lourdeur, le tout enveloppé d'une grisaille Noise. Quelque part, Death Engine s'est assagit, mais n'en demeure pas moins vicieux et surtout tout aussi viscéral comme en témoigne Modern Life et sa fin scandée ("they will see no future"). C'est dans cet exercice de style délicat, dans cet entre deux pas tout à fait définissable que les Lorientais excellent, rappelant par instant le Old Wounds des Young Widows et s'ils sont peut-être un moins chien fou, ça bastonne toujours autant comme dans Ordinary Violence avec ses guitares vipères et son refrain qui envoie tout valdinguer. Il y a même dans ce Place Noire quelques références discrètes aux années 90's (Alice In Chains peut-être dans certains riffs) ou même plus étonnant, légèrement Marilyn Manson dans les parties chantées de Decline ou de Dead End. Ce même Dead End d'une lenteur Doom carnassière et au chant douloureux, tranche avec le reste de l'album, mais est totalement réussi, tout comme l'est le morceau de conclusion, Romance, qui nous toise du haut de ses huit minutes remplies de Noise hypnotique, de moments castagnes et de vocalises maladives.

Inventif, renouvelé, et fort émotionnellement, le Death Engine 2018 a tous les atouts de son côté pour que vous soyez conquis. Alors écoutez Place Noire et comprenez. Puis allez les voir en concert et soutenez les. Ils le méritent plus que largement.

16 / 20
3 commentaires (16.17/20).
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Mud ( 2015 )

La concurrence dans l’expression des « aspects sombres de l’âme humaine » a cela de désagréable que d’un album à l’autre, on ne sait plus comment vous donner envie d’écouter un disque.

Du moins, sans avoir à trop jouer la carte du « voici l’album le plus sommmmmmbre et le plus torturéééééééééé du moment, courrez-y  mes enfants si vous n’avez pas peur d’y perdre votre âmmmmmmme ».

En l’occurrence, torturé et sombre, cet album l’est. Plus important : il est très bon.

La production est excellente car on retrouve une fois de plus le tandem Amaury Sauvé / Sylvain Biguet, et vous pourrez trouver dans ces pages nombre de chroniques louant leurs qualités de producteur, l’un des plus beaux exemples restant le dernier album de Birds In Row.

Le mélange Noise / Hardcore est savamment dosé, la froideur de l’un résistant à la fureur de l’autre. Mais paradoxalement, l’aspect épuré des compositions n’empêche pas à l’ensemble de prendre une ampleur très impressionnante, voire terrifiante à chaque nouvelle écoute. Le chant véhicule un sentiment d’urgence communicatif, les tempos martiaux "casseurs de nuques" côtoient des rythmiques hypnotiques à rallonge façon Neurosis… en témoigne le magnifique dernier morceau, Negative, qui résume le mieux cette ambivalence propre à Mud. Le groupe se risque même avec brio à l’exercice du mélange des genres, en témoigne le très bon morceau caché estampillé Shoegaze / Rock  : « I have mud in my hands, i have cement in the eyes ». Moins frontal que l’ep Amen, cet album parait bien plus ambiancé, plus profond, et quelque part encore plus violent, mais d’une façon plus insidieuse. En témoigne l’anxiogène Still, qui laisse perdurer une boucle hypnotique, sans répit ou encore le final de Medusa, et ses paroles lourdes de sens (toujours la même, matin après matin, nuit après nuit : "always, always, always, always…". Une fois ces éléments posés, il reste l’expérience propre à chacun de nous : l’album, et l’auditeur.

Et pour ma part, j’ai trouvé cet album magnifique. 
Ce qui le fait sortir de la masse à mes yeux, c’est sa sincérité, son aspect viscéral et à fleur de peau, qui transparaît de chaque morceau. Un album sur le fil du rasoir comme j’en ai rarement entendu.

Amen ( 2013 )

C'est dans les sillons Hardcore / Noise évasés par Today Is The Day, Daughters, Unsane et Ken Mode que l'on trouve le récent trio Death Engine, et franchement, ils n'ont pas à rougir de la comparaison de leurs aînés tant les quatre petits titres de cet ep en ont dans le pantalon.

Car Amen surprend, sans doute parce qu'il cristallise ce que la scène Hardcore / Metal / Noise fait de mieux ces derniers temps. La base a pourtant été vue des centaines de fois. Guitares striées et stridentes, chant qui rend son quatre heure, basse à même le sol, en l'état, presque cadavérique et pulsations rythmiques comme autant de coups de poing sur un visage qui finira rempli ecchymoses. Sauf que, passé cette description succincte, il faut bien se rendre compte que ces quatre petites compos ont vraiment de la gueule et se permettent aussi de nous en mettre plein en travers (de la gueule). Agression sonore dès le premier titre, No Hope et ses guitares qui pilonne sans cesse et de manière méthodique te mettent déjà à genou, Gun continue le travail par des rotations lourdes et multiplie les attaques critiques dans tous les sens, alors que Amen fini par t'achever, toujours plus vicieux et incertain, chargé de plomb bientôt dissipé en particules de métaux lourd qui s'entrechoquent en un amas bruitiste.

C'est là que Death Engine est intéressant, dans cette densité des genres et son approche qui synthétise Hardcore / Post-Hardcore / Noise / Indus. On y trouve une volonté de ne pas faire comme les autres, de s'émanciper tout en prenant comme appuis les fondations posées par les groupes cités plus haut. Amen impressionne aussi par son côté grésillant (merci encore une fois à Amaury Sauvé derrière les manettes) qui enveloppe toute cette rage et cette violence, développe des ambiances perverses, instaure la personnalité du trio. Finalement, le tour de force de Death Engine c'est d'arriver en si eu de temps à se positionner au niveau de groupes français qui ont de l'importance. Je pense notamment à Overmars, Kill The Thrill, Quartier Rouge, Comity, j'en passe et des meilleurs. Demeure un sentiment de trop peu à l'écoute de cet ep, mais suffisant et nécessaire pour susciter l'attente d'un long format.

En écoute intégrale sur bandcamp et téléchargement gratuit par ici.

Death Engine

Style : Noise Rock / Post-Hardcore
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Origine : France
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