Dead Congregation
Death Metal

Promulgation Of The Fall
Chronique
« This album is dedicated to Death Metal and its true worshippers » annonce le booklet accompagnant ce deuxième album de Dead Congregation. Il faut dire que la pochette sans équivoque et le passé du groupe ne laissent pas grande place au doute.
Promulgation Of The Fall est de ces albums pour lesquels l’adhésion au son lui-même est déterminante. Tout comme on apprécie un vieux Burzum autant pour sa composition que pour ses guitares éraillées et noisy, Dead Congregation s’est trouvé une personnalité, une identité via la production. Bien sûr, les Grecs doivent beaucoup à Incantation qui a défriché en son temps les cryptes du Death Metal lourd et sombre. Dès Only Ashes Remain, la filiation est évidente : les six-cordes semblent étouffées, elles viennent t’enserrer les poumons par leur nature compacte, sourde et plongent tout de suite leur proie dans l’obscurité. Et que dire de cette batterie ? Alors que la course aux nouvelles technologies prend souvent la forme de sons déshumanisés, triggés, trichés, V.V. nous colle dans les tympans une caisse claire aux allures de casserole. Aucun mépris dans cette comparaison, bien au contraire : ce « klang-klang-klang » confère une dimension primitive très appréciable, peut-être même un côté Punk, qui écarte d’emblée l’impression d’écouter une simple machine réglée sur 200bpm.
Le ton est donné, il faudra se défaire des standards actuels, des guitares trop nettes pour être honnêtes, des frappes plus retouchées qu’une photo d’ado en pleine poussée d’acnée. On est là pour suer, cogner, saigner. Only Ashes Remain évoqué plus haut, piste d’ouverture des plus directes, te jette immédiatement dans le bain. Le batteur te roule dessus, les guitares suivent pied au plancher, tandis que le chant qu’on dirait sorti d’un gouffre vient te dévorer tout entier. Bagarre complète, vacarme sanglant, nos Méditerranéens engloutissent des milliers de cadavres à la seconde sur chaque piste, n’excluant pas de broyer leurs ennemis par armes de Doomstruction massive. On reconnaîtra d’ailleurs un clin d'œil à In The Grip Of Winter d’Autopsy sur les premières notes de Nigredo, tandis que l’on peut penser à des Krypts ou autre Bolt Thrower pour les passages les plus mammouthesques. La mélodie pour autant n’est pas exclue et malgré le faux pas sur le morceau titre (qui casse complètement la dynamique du début d’album), les élancées à l’orée du Black Metal sur From A Wretched Womb ou les lignes à caractère funéraire de Serpentskin contribuent fortement à dégager une ambiance de ce brûlot furieux.
Refus de la propreté, évolution à contre-courant, Dead Congregation est né dans l’underground et y reste toujours attaché (le groupe sortant ses disques sur son propre label) sans chercher à plaire au premier venu. Mais une fois pleinement domptée, la bête révèle ses trésors d’efficacité (Serpentskin, Nigredo, Quintessence Maligned, Only Ashes Remain), propulsant haut la main les Athéniens dans le panthéon Death Metal actuel à suivre attentivement.