Fort d’un premier disque brillant et prometteur, traçant sa route entre post rock nébuleux et postcore fiévreux sans se vautrer dans les bas côtés béants d’une scène en recherche de quelques bouffées d’oxygène, Daturah remet le couvert sur Golden Antena Records avec un nouveau voyage de presque 1 heure en 5 étapes (un peu naïvement) intitulé Reverie.
Soutenus par leur sens inné de la mélodie et par une assise rythmique nettement supérieure à la moyenne dans le genre, les gaziers d’outre-rhin mettent en avant leur talent intact pour articuler les plans cristallins et les cavalcades abrasives nourries de guitares saturés. Montée introductive prévisible mais à l’efficacité redoutable, oscillations à haute fréquence, étendue aqueuse tantôt pacifique et bienveillante, tantôt déchaînée et hostile, "Ghost Track" utilise à bon escient l’ensemble des assises ombrageuses initiées par Godspeed You ! Black Emperor et des ficelles harmonieuses tirées par Explosions In The Sky. Pour l’originalité on repassera, mais amenées de façon singulière et magistralement interprété, la musique des allemands se veut immédiatement accessible et attirante. Tirant également parti de sonorités organiques, de stases et de quelques textures remémorant les moments de grâce absolus que sont les tirades édifiées par Port-Royal (“deep b flat�?), Daturah privilégie allégrement les frises oniriques aux agressions sonores. Réalisé le plus souvent avec brio comme sur “Hybrisma�? et ses samples vocaux éthérés jouxtant les manières de B.Abuse, le combo se retrouve parfois au point mort comme cristallisé dans son propre cycle itératif et progressif. Frustrant. C’est dans ces moments (“9�?), jolies mais creux, que l’attention s’effiloche et qu’on se rend rapidement compte que Daturah prend véritablement toute sa dimension lors des souffles arides et denses.
Loin d’être sans intérêt, car parcouru d’évidentes et nombreuses digressions intenses et talentueusement retranscrites, Reverie ne pêche que par un certain manque de régularité fruit de poussées d’adrénaline parfois trop lourdement amenées. En dosant moins naïvement leur musique, il va de soit que Daturah aura en main tous les arguments pour convaincre, d’autant plus que le combo s’éloigne peu à peu de ses influences, ne serait ce que dans le “son�? à proprement parlé.
Tracklist : 1. Ghost Track - 2. Hybrisma - 3. 9 - 4. Deep b Flat - 5. Vertex
A écouter : Ghost Track - Hybrisma