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Biographie

Darkthrone

Darkthrone était à l'origine un groupe de death metal, connu sous le nom de Black Death en 1986. Après avoir enregistré plusieurs demos sur cassette, le groupe attire l'attention du label anglais Peaceville Records, qui les signe sur la base d'un contrat de quatre albums après avoir écouté la demo Cromlech. Darkthrone enregistre ainsi son premier album Soulside Journey en 1991. Le nom de Darkthrone marque déjà leur attachement à Celtic Frost, en s'inspirant de la chanson Jewel Throne mixée au nom d'un zine danois, Blackthorn, écrit par le groupe Desexult. Le line-up se compose alors de Nocturno Culto (chant/guitare), Zephyrous (guitare), Dag Nielsen (basse) et Fenriz alias Hank Amarillo (batterie). L'album est dans la droite lignée de ce qu'on peut alors attendre en matière de death metal, avec notamment une production plutôt claire et des structures progressives, ainsi que des parties techniques. Mais tout cela ne va pas tarder à changer.

La montée grandissante de la scene black metal en Norvège fait forte impression sur le groupe qui s'empresse de changer d'approche musicale, adoptant les corpsepaints et tout ce qui s'ensuit. Ceci n'est pas du goût de Dag Nielsen, dévoué au death metal, qui quitte le groupe (bien qu'il joue de la basse comme musicien de sessions sur l'album suivant). La légende considère souvent A Blaze In The Northern Sky comme le premier véritable album de Darkthrone. Sorti en 1992, cet album fortement inspiré des pionniers Bathory et Celtic Frost s'avère aujourd'hui encore l'objet du culte de nombreux amateurs de black metal. Totalement engagés dans cette voie, le groupe s'attelle très rapidement à un nouvel album intitulé Under A Funeral Moon. Sorti en 1993, Under A Funeral Moon enfonce le clou avec une production délibérément low-fi et un son de guitare craspec immédiatement reconnaissable, tout comme le timbre caverneux de Nocturno Culto. Darkthrone enchaîne en 1994 avec le remarquable Transilvanian Hunger, album acclamé par tous les fans de black metal de la planète. Beaucoup le considèrent comme le meilleur de la carrière du groupe, quintessence du son Darkthrone, alors que le groupe lui-même lui accorde une place à part, notamment du fait de riffs plus mélodiques qu'à l'accoutumée. Cet album est marqué par le départ de Zephyrous du groupe (bien que certains pensent que cela s'est produit après Panzerfaust, voire avant Transilvanian Hunger), ce qui laisse Nocturno Culto largement occupé, avec le chant, la basse et les parties de guitares, tandis que Fenriz conserve bien évidemment la batterie.

Le contrat avec Peacevile s'achève avec cet album, et ce dans la polémique. En effet, le groupe, plus provocateur que réellement engagé sur ce front, a cru bon de placer deux citations sur la pochette et le livret : "We would like to state that Transilvanian Hunger stands beyond any criticism. If any man should attempt to criticize this LP, he should be thoroughly patronized for his obviously Jewish behavior.", ainsi que "Norsk Arysk Blak Metal" changé depuis en la plus consensuelle et authentique expression "True Norwegian Black Metal".  Pour la sortie de Panzerfaust en 1995, Darkthrone signe avec le label Moonfog Productions, dirigé par Satyr de Satyricon. Cet album, tribute avoué à Celtic Frost, prend aussi soin de préciser les réelles convictions du groupe : "Darkthrone is certainly not a Nazi-band nor a political band, those of you who still might think so, you can lick Mother Mary's asshole in eternity". A noter que Varg Vikernes (Burzum)contribue au lyrics des deux albums précités. D'autres musiciens (dont Ihsahn de Emperor, et Garm de Ulver / ex-Arcturus / ex-Borknagar) contribueront également à Total Death en 1996. Cette même année sort un autre album intitulé Goatlord qui présente pour unique intérêt des compositions issues des sessions succédant à Soulside Journey auxquelles Fenriz et Satyr ont ajouté quelques pistes de chant.

Les deux membres de Darkthrone s'éloignent un peu du groupe les années suivantes. Nocturno Culto joue notamment les guests de luxe sur l'album de Satyricon, Nemesis Divina  ainsi que la tournée qui s'en suit en 1996/97, sous le nom de Kveldulv. En 1999, Fenriz devait également enregistrer un album avec Eibon, un supergroupe composé de Satyr, Killjoy de Necrophagia, Maniac de Mayhem et Phil Anselmo de Pantera, mais le manque de temps ne permit pas au projet d'aboutir véritablement, Maniac quittant Eibon en 2000.

Entre-temps Darkthrone était revenu aux affaires en 1999 avec Ravishing Grimness toujours plus sous influence de Celtic Frost. Les albums suivants, Plaguewielder (2000) ainsi que Hate Them (2003) dans la veine necro traditionnelle, s'avèrent quant à eux de moindre qualité que les premiers efforts du groupe. Sardonic Wrath en 2004 marque une forme de renouveau pour Darkthrone dans un registre voisin des premiers albums de Bathory. Le groupe est revenu en 2005 dans le giron de Peaceville et a créé son propre label Tyrant Syndicate Productions sur lequel sortent désormais toutes leurs nouvelles productions (Peaceville/Snapper en assurant la distribution). Précédé de l'ep Too Old Too Cold (et son étonnante reprise de Siouxie&The Banshees), l'album The Cult Is Alive est sorti en 2006 et s'est avéré la suite logique de Sardonic Wrath, en accentuant encore la pulsation punk présente désormais dans la musique du duo. 

Depuis lors, cette évolution se poursuit avec les nouveaux disques du combo norvégien avec F.O.A.D. et NOWBHM en 2007, Dark Thrones And Black Flags en 2008 et Circle The Wagons en 2010. En 2013 les Norvégiens refont surface avec le très bon The Underground Resistance toujours dans une esprit Black / Thrash teinté de Heavy. Fin 2015 Darkthrone annonce qu'un album est en préparation, il pourrait voir le jour courant 2016.

Signalons aussi que Fenriz est apparu comme bassiste au sein de DHG par le passé (94-95), et est l'initiateur de projets norsk typiques tels que Isengard et Storm.

14 / 20
1 commentaire (12/20).
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Eternal Hails...... ( 2021 )

Ils n'en ont toujours fait qu'à leur tête, c'est même à ça qu'on les reconnaît. Eternal Hails…... est une nouvelle preuve que les deux bornés de Darkthrone ne se laissent dicter leur conduite que par leurs lubies du moment, quitte à sortir une prod' hermétique venue d'un autre âge.

Un choix à double tranchant qui interpelle instantanément, et rend la batterie assez laide et voile les guitares. Oui, même des années après Transilvanian Hunger, le duo déstabilise encore avec un son primitif voire qualité démo. À partir de tels matériaux, les deux norvégiens érigent un édifice Black / Heavy / Doom aux contours biscornus. Les riffs s'enchaînent, une bonne idée en chasse une autre (Hate Cloak), peu importe si le ciment dégouline maladroitement entre deux motifs. Mieux vaut vous y habituer, car la longueur de chaque titre implique un certain nombre de transitions grossières. En fait, le successeur de Old Star offre une expérience plus narrative qu’à l’accoutumée : les morceaux sont étendus, agrémentés d’intro (His Master’s Voice) ou d’outro (les superbes claviers rétro-futuristes de Lost Arcane City of Uppåkra), et même la pochette invite à l’exploration spatiale. 

D’une certaine manière, cette démarche justifie ou du moins atténue le choc de la production : une fois dans le bain, il reste à explorer un univers étrange à la sauce Darkthrone. Le disque se révèle au fil des écoutes, non pas qu'il soit complexe à aborder, mais certains passages à première vue pas très heureux ni orthodoxes (le premier riff de Voyage To A Northpole) finissent par se faire leur place. 

Eternal Hails…... est un album bancal et imparfait, offrant paradoxalement un plaisir que l'on peut retrouver dans de la SF de seconde zone ou de la série B car curieux, atypique. Il renferme en son cœur des riffs réussis, enveloppés par ce son obsolète qui colore le voyage d'un grain inhabituel. Darkthrone utilise une pellicule qui saute au temps de la 4K. Une démarche que l'on peut légitimement trouver insensée mais en résonance avec le Black Metal qu'ils ont contribué à bâtir : une musique passéiste, cherchant coûte que coûte à fuir le réel au profit d’horizons toujours plus déroutants. 

A écouter : Hate Cloak, Lost Arcane City of Uppåkra
16 / 20
7 commentaires (16/20).
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Old Star ( 2019 )

Vous avez connu le Darkthrone Death Metal (Soulside Journey), le Darkthrone Black Metal naturellement (va-t-on vraiment citer ces albums?), le Darkthrone Speed Metal (The Underground Resistance), le Darkthrone Punk (Circle The Wagons, F.O.A.D.). Voilà le Darkthrone groovy et mid-tempo, et même Doom Metal par endroits. 

Le groupe atteint avec Old Star l’objectif de Arctic Thunder. Jouer du « slow Heavy Metal » comme le déclarait Fenriz chez nos confrères d’Horns Up pour la promo de l’avant-dernier bébé. Car le disque de 2016 avait beau être sympatoche, il est resté (même aujourd’hui) au rang de sympatoche justement, amorçant des pistes intéressantes qu’Old Star exploite, lui, à fond. Chaque titre de cette nouvelle sortie cherche l’efficacité de la lenteur, la lourdeur, tout en ravivant une fois encore l’héritage Hellhammer/Celtic Frost si cher à Fenriz et Nocturno Culto. Déroutant au premier abord (on n’a jamais entendu les deux compères signer des titres si lents et encore moins sur tout un album), une écoute attentive révèle un constat sans appel : tous les riffs sont excellents. 
Depuis un petit moment déjà, le duo inséparable (qui vit en réalité à des kilomètres de distance) se répartit également la composition des morceaux et se retrouve pour les répéter et les enregistrer. Ainsi, on pouvait parfois constater une différence de qualité au sein d’un même opus, Fenriz étant souvent l’instigateur des meilleurs titres (Circle The Wagons, Those Treasures Will Never Befall You, Valkyrie) et/ou des plus ambitieux (l’imparable Leave No Cross Unturned). On remarque avec plaisir qu’Old Star affiche des pépites tout du long sans faire de Nocturno Culto le parent pauvre des compos. 

En fait, si vous connaissez et aimez déjà Quintessence (paru sur Panzerfaust), vous voyez déjà un peu le topo de ce disque. Des coups de médiators plutôt espacés, découpant des accords qui viennent raser le sol avec cette couleur True Heavy comme toile de fond. Alp Man (Fenriz est un amateur de randonnées) jette sans chichis dans ce bain là avec sa pesanteur hyper binaire et ces lignes de grattes qu’on pourrait apparenter à du Heavy/Thrash ralenti (faites l’expérience de la lecture en vitesse x2 sur Youtube). Même chose avec un The Hardship Of The Scots qui donne clairement envie de bomber le torse et de dégainer son épée la plus meurtrière (Sabaton peut aller se rhabiller, voilà un vrai hymne de champ de bataille). Et puis comment ne pas encenser The Key Is Inside The Wall et son annonce de riff en milieu de titre à hérisser les poils ? Quant à Duke Of Gloat et I Muffle Your Inner Choir, ils se chargent de mettre quand même un peu le souk sur un rythme plus nerveux, histoire de faire un peu la bagarre. 
Si qui que ce soit en doutait encore, voilà une preuve supplémentaire que les deux bonhommes savent écrire des titres passionnants et mémorables. C’est simple, l’une de mes plus récentes écoutes de ce disque a consisté à fredonner intégralement ses 38 minutes sans discontinuer. Je ne me souviens pas avoir fait ça bien souvent, si ce n’est sur des œuvres marquantes et hautement recommandables.

Qu’ils sont rares les groupes pas encore éteints après tant d’années, encore capables de surprendre leur public ! Les chats ont neuf vies mais il semblerait que Darkthrone souhaite leur faire concurrence. Plus que jamais, all hail the mighty Darkthrone.

14.5 / 20
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Arctic Thunder ( 2016 )

Depuis la formation de Black Death en 1986, devenu Darkthrone par la suite, trente années se sont écoulées, et pas des moindres pour la formation norvégienne. Virages stylistiques, bouleversements de line-up, enregistrements d'albums désormais incontournables et autres side-projects, trois décennies plus tard ce sont toujours nos chers Nocturno Culto et Fenriz qui tiennent fermement la barre. Deux véritables modèles d'intégrité qui ont toujours fait passer la passion pour leur art avant toute chose. « I could be a rich bitch if I said yes to all these things », propositions de concerts, meilleures productions d'albums, rien n'y fait : nos deux gaillards resteront des Long Haired Punks, et tant pis si ça déplaît.

C'est avec un tel passif et des géniteurs aussi engagés qu'Arctic Thunder a vu le jour en octobre dernier chez Peaceville Records. Clin d’œil à un obscur groupe Heavy Thrash du même nom, cet album regarde une nouvelle fois vers le passé, une sorte de rituel chez Darkthrone qui n'a jamais caché son adoration pour les anciens de la scène Metal. Si The Underground Resistance abondait de références Heavy/Speed, Arctic Thunder prend davantage racine dans la veine Punk/Black que l'on connaissait à F.O.A.D. et Dark Thrones And Black Flags. Caractérisé par une pochette renouant avec les paysages hivernaux, cet opus fait la part belle à des accords suffisamment froids pour rappeler par moments la Unholy Trinity (Deep Lake Trespasses) tout y infusant du break et des mid-tempos typiquement plus Punk. Un compromis qui naturellement évoque les formations de la 1ere vague Black Metal tels Venom, Bathory ou Hellhammer, influences notoires de notre duo depuis bien longtemps. 
Derrière le micro on retrouvera cette fois Nocturno Culto uniquement et la voix Black qui le caractérise. Un manque de diversité que l'on peut quelque peu déplorer lorsque l'on connaît les titres Circle The Wagons ou Leave No Cross Unturned sur lesquels Fenriz excellait au chant lors des précédentes offrandes. Côté fûts on se prendra à hocher la tête sur des rythmiques invariablement binaires, oubliez les blast-beat à cent à l'heure d'il y a vingt ans, ici le batteur nous sert des patterns balourds qui viennent charger un peu plus en lourdeur la musique déjà groovy du combo.

On ne va pas se mentir, The Underground Resistance ou Circle The Wagons avaient davantage créé la surprise lors de leurs parutions respectives. Arctic Thunder de son côté nous replonge dans un Darkthrone que l'on a déjà apprivoisé et peu de grosses surprises sont à prévoir à l'écoute de cet album. On pourra même lui trouver quelques longueurs dans ses passages les plus lents (Throw Me Through The Marshes, The Wyoming Distance), rattrapés fort heureusement par des saillies plus qu'efficaces la plupart du temps. En effet, le duo ne compromet pas sa réputation de machine à riffs et parvient toujours à captiver grâce à ses trouvailles à la six-cordes. Inbred Vermin en est le parfait exemple car placé sous le signe du pur Rock n' Roll ascendant Motörhead avec des balls grosses comme ça. Même chose pour le morceau titre qui se paye un motif saccadé super accrocheur et des mains balladeuses sacrément habiles sur le manche. Deep Lake Trespasses enfin déballe du tremolo picking froid mêlé à des accélérations musclées qui équilibrent parfaitement cette avant-dernière pièce.

A l'image des dernière secondes de The Wyoming Distance où l'on entend Fenriz chanter et faire le guignol dans le fond du studio, ce seizième LP est à la fois méchant et fun, à écouter sans trop se poser de questions, en agitant sa nuque et en tapant du pied. Malgré leur histoire riche et leur discographie incontournable, Darkthrone ne se prend toujours pas au sérieux et c'est comme ça qu'on les aime. 

A écouter : Inbred Vermin, Arctic Thunder
17 / 20
11 commentaires (16.5/20).
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A Blaze In The Northern Sky ( 1992 )

A Blaze In The Northern Sky est un album de rupture, de transgression et d'hommage, écrit par des gamins d'à peine vingt ans. Alors que la chance sourit aux jeunes Norvégiens en la personne de Paul Halmshaw (fondateur de Peaceville Records), le quatuor (puis trio après le départ de Dag Nielsen)  se lasse bien vite du Death Metal à une époque où le genre bat son plein en Amérique comme en Europe. Loin de se laisser enivrer par un succès naissant, les contemporains-copains de Mayhem, Burzum et toute la clique lâchent un deuxième album que Peaceville aurait presque foutu à la poubelle si le label britannique n'avait pas flippé de laisser s'échapper dans la nature un de leurs poulains fraîchement signé. 

Plongés dans les disques les plus extrêmes de la deuxième moitié des années 80 (Venom, Hellhammer, Bathory, Slayer,...), les nordiques ont eu une intuition, comme si les temps s'assombrissaient tout à coup et qu'une révolution était nécessaire. Pas d'espoirs de jeunesse, pas de vision future, cette révolution devait correspondre au sens le plus cyclique du terme, un retour au même point. Table rase de la modernité et de ses valeurs, de ces disques peinturlurés et trop propres. 
La sophistication n'aura eu sa place que sur Soulside Journey pour révéler à la face du monde ce qu'était vraiment et ce qu'est encore Darkthrone aujourd'hui : un retour au primitif, à une violence brute basée sur une simplicité qui emporte tout sur son passage. 
Pour autant face à ses deux successeurs, A Blaze In The Northern Sky est très certainement l'opus le plus ambitieux et diversifié de la trilogie miraculeuse, car encore marqué par les stigmates du Death. Le titre éponyme ou In The Shadow Of The Horns peuvent se targuer de changements de rythme plutôt fréquents et se permettent quelques saccades en dehors d'un tremolo picking de plus en plus envahissant. A l'inverse, des saillies plus linéaires et directes comme Where Cold Winds Blow préfigurent déjà Under A Funeral Moon et Transilvanian Hunger. Une guitare quasi-continue déballant des motifs répétitifs et un blast-beat imperturbable, litanie des paysages enneigés et mornes du grand Nord plongés dans l'obscurité. 

Outre la sauvagerie Punk qui point par moments dans la batterie de Fenriz (In The Shadow Of The Horns, The Pagan Winter), deux autres ombres majeures planent au-dessus de cette première oeuvre noire, répondant aux noms de Celtic Frost et Bathory (première période). Les Suisses, influence et mentors de nos musiciens se font une place de choix dans le riffing haché tandis que le one man band Suédois laisse son emprunte dans le son cradingue et les assauts énergiques. Fiers de leurs aînés, les deux compères actuels de Darkthrone clament toujours haut et fort leur respect éternel et ne cachent pas un culte évident envers les anciens. 
Et pourtant, Fenriz, Nocturno Culto et Zephyrous ont créé quelque chose d'unique en 1992. Car ces six titres imposent un climat sonique tumultueux, laissant autant parler la distorsion elle-même que le travail de composition. Comme les quelques albums qui vont suivre, A Blaze In The Northern Sky impose une couleur particulière, une saveur unique avec ce son granuleux, écorchant les tympans et retranscrivant à merveille une tempête glaciale au coeur de la nuit. Cette (non)production qui a bien failli causer un refus de Peaceville Records est en réalité (et avec le recul) un élément essentiel du mouvement Black Metal naissant. Une idéologie du fond et de la forme, induisant une radicalité complète, une contre-culture, une appartenance forte, cocktail fatalement détonnant dans de jeunes esprits en contradiction avec leur temps. 

Encore aujourd'hui, ce deuxième effort légendaire peut se vanter de sa richesse, de son ambiance reconnaissable entre mille, sans compter l'impact majeur en son temps et sa pertinence toujours d'actualité. Peut-être plus simpliste et plus Punk que ses coréligionnaires du début des années 90, Darkthrone donne une leçon d'efficacité tout en s'affranchissant des codes de l'époque pour un retour continuel au passé. Fidèle à cette ligne de conduite, le désormais duo trace encore et toujours son chemin dans l'intégrité la plus totale, panachant sa discographie de nombreuses autres offrandes qui feront date dans le patrimoine Norvégien.  

A regarder : une interview vidéo de Darkthrone au sujet d'A Blaze In The Northern Sky