Dark Buddha Rising

Doom Metal / Drone / Psychédélique

Finlande

Mathreyata

2020
Type : Album (LP)
Labels : Svart Records
Tracklist
01. Sunyaga  
02. Nagathma  
03. Uni  
04. Mahathgata III

Chronique

par rwn

« Mathreyata s’inscrit dans la continuité des visions reçues lors de l’implosion d’Inversum et correspond à l’accession invoquée dans l’EP II. Avant de compléter le grand cercle, tous les cycles doivent être dissous ». 

Au cas où un quelconque doute subsistait, cette courte description du nouvel et sixième album de Dark Buddha Rising par le guitariste / vocaliste Vesa Ajomo devrait suffire à convaincre tout un chacun que ces finlandais sont complétement perchés (qui a dit sous influence ?). Longtemps resté confidentiel, ce n’est sans doute qu’avec Waste Of Space Orchestra, l’aventure commune avec Oranssi Pazuzu, que Dark Buddha Rising a enfin atteint une certaine forme de notoriété. Les finlandais incarnent pourtant, avec leur Drone/Doom assez inclassable, le côté obscur du Psyché depuis désormais plus d’une décennie et ont désormais à leur actif une très solide discographie. L’ambiance générale de Mathreyata, cette capacité à susciter une sensation d’espace infini, n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Waste Of Space Orchestra mais si influence il y a eu, celle-ci est à chercher dans l’autre sens, Mathreyata ayant été enregistré en premier, en 2017. 

Comme une lente mise en place envoutante, les choses commencent lentement. Sunyaga déploie ses nappes de guitares, terrain de jeu pour le duo de voix Ajomo / Neuman aux tessitures si distinctes. Lui succède un Nagathma aux sonorités et au groove que ne renierait pas un B R I Q U E V I L L E, proximité que l’on pouvait déjà ressentir à l’écoute de l’EP II. Le minimalisme du début se mue en séquence dominée par la lancinante distorsion des guitares, le titre se maintenant jusqu’à la fin sur ce plateau comme contenu à ce niveau d’énergie par un plafond de verre. Arrivé à ce point, on se dit alors que ce que l’on écoute est certes sympathique mais qu’au final cela reste dans la moyenne des canons du genre et ne déclenche pas de frisson particulier. Vous me voyez venir : la seconde partie de l’album est en effet d’un tout autre acabit.
D’étranges sonorités émerge un monumental jeu de batterie aux graves profonds qui va développer et être la colonne vertébrale d’une longue séquence de jam instrumental. C’est encore une fois la batterie, élément central de l’album qui, dans un mouvement continu, lance Mahathgata III, pièce clé de Mathreyata et joyau de montée en puissance. Cette fois-ci les musiciens de Dark Buddha Rising lâchent complétement la bride avec laquelle ils semblaient jusqu’à présent maintenir leurs instruments sous contrôle. En résultent cinq minutes absolument magistrales de frénésie stroboscopique et hallucinée balayée par les vents cinglants d’une tempête de sons électroniques. 

« Tout ça pour ça, pour juste cinq minutes ? » seront peut-être amenés à penser certains d’entre vous à la lecture de cette chronique. Sans même chercher à argumenter pour défendre l’intérêt intrinsèque de tout ce qui précède, le fait est que ces cinq dernières minutes sont justement le produit de cette longue mise en place par degrés successifs. Sans ces longs développements, elles n’auraient tout simplement pas la force qu’elles ont. Plus qu’une fin haute en couleur, elles sont à voir comme un aboutissement.

En cette année de privation en la matière, Dark Buddha Rising réussit à faire renaitre une partie de ces sensations que l’on ne peut ressentir qu’en concert (ceux d’entre vous les ayant vus en live en 2019 avec les excellents Wayfarer reconnaitront d’ailleurs peut-être certains titres). Dans un registre plutôt marqué par le contrôle, les temps forts de l’album sont mus par une énergie organique qui vous prend par les sentiments en satisfaisant votre appétence naturelle pour les basses fréquences. De Mathreyata on ne pourra regretter que la brièveté (une petite quarantaine de minutes). Il s’inscrit dans la lignée de l’EP II (sur lequel on retrouvait d’ailleurs les morceaux Mahathgata I et II) avec lequel il forme un ensemble cohérent qui aurait sans doute mérité de ne pas être séparé en deux disques.

16

Mathreyata s'écoute en intégralité ici.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 14
Avis 3