Le Metal Moderne est on-ne-peut-plus secoué en ce moment. En effet, entre les grosses pointures qui peuvent parfois recycler la même recette jusqu'à la moelle (Dimmu Borgir par exemple) on trouve de nouveaux groupes arrivant sur la scène métal des années 2000 et possédant sans conteste une idéologie de la musique différente et des idées nouvelles. Ils portent les noms de The Dillinger Escape Plan, Cult of Luna ou encore The Black Dahlia Murder, et tentent à leur manière de repousser les barrières de cette musique. Et on note l'apparition du mélange des genres, par exemple avec le Jazz ou l'électro. Ainsi, parmi la scène metal actuelle si l'on peut trouver les pires aberrations (Asking Alexandria, Betraying the Martyrs..) qui prétendent proposer une nouvelle vision mais qui au final ne recyclent que des sous-cultures dérivées du metal, on tombe parfois sur des perles. Damned Spirits' Dance en fait partie.
C'est en 2009 qu'est sorti Weird Constellations, cet OVNI du metal moderne. Enregistré en Hongrie et par un groupe relativement peu connu, cet album regorge d'idées nouvelles, de concepts ravageurs et même d'une nouvelle philosophie et une nouvelle vision du Metal en général.
Clairement, les 4 Hongrois ont pour principal leitmotiv de ne pas se prendre la tête. Cela se sent au travers de riffs joyeux, planants et lunaires, et de mélodies salvatrices. (Cold Winds, Black Savage…) Si ils avaient une philosophie, cela serait la philosophie de la non-prise de tête, du « Happy Metal ». Weird Constellations invite au voyage, à la joie, à la passion. Les Hongrois arrivent à nous emmener dans les contrées du Power Metal (L'intro et le riff épique de The Angel and The Dark River) , du Black Metal ou dans des passages reposants, dans une veine Rock/prog' à faire rougir les fans d'Opeth. En outre, les hongrois ne cachent pas l'amour qu'ils ont pour les beats électroniques et les mélodies Dancefloor : Fake et son break Electro-dance franchement délirant, ou Devil's on his way et son groove Disco.. De quoi créer quelque chose de vraiment spécial. Et Damned Spirits' Dance n'a pas froid aux yeux comme nous le prouvent les passages électroniques, ou encore cette voix féminine très théâtrale sur The Angel and the Dark River . Tous les plans, toutes les influences sont arrangées entre elles par des ponts et des breaks intelligents (Le petit break cosmique Weird Constellations), et nous permettant de passer d'un univers à un autre. Entre le génie et le ridicule il n'y a qu'un pas, mais Damned Spirits' Dance fait clairement partie de la première catégorie. Dance Spirits' Dance nous secoue, nous émeut, nous fait prendre des virages à 90 degrés et l'on savoure ces influences si diverses dans cette tempête de sonorités. On est déboussolé, submergé, mais jamais ennuyé.
Les riffs, assez présents tout le long, possèdent un certain côté déstructuré, à la Between the Buried and Me dynamité au Black Metal et aux claviers. Si les rythmes sont plutôt extrêmes, oscillant entre Thrash, Power, Death, Black.. (Vous l'aurez compris) le batteur sait aussi ralentir le rythme et proposer des merveilles Progressives. (Le solo de Cold Winds...) Et inutile de préciser à quel point j'aimerais voir ce groupe en live, tant ça groove et c'est dansant.
Toutefois, le groupe nous sort parfois des passages, des morceaux, qui témoignent d'une gravité nouvelle, qui jure avec l'aspect joyeux de leur musique. (Guess I'm Dying et ses paroles touchantes) Comme si le masque tombait et la supercherie était dévoilée. Et ce n'est pas un hasard si ce Guess I'm Dying conclut l'album, résonnant avec le nom si énigmatique du groupe.
En conclusion, le petit groupe venu d'Hongrie réussit un coup de maître avec cet album. Il fallait oser un tel mélange de style. C'est influencé, puissant, délirant, mais jamais, ou très peu souvent de mauvais goût. En plus de saluer l'idée, on apprécie complètement la qualité musicale de l'ensemble. A découvrir.