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Biographie

Damantra

La racines de Damantra remontent à un duo de Blues acoustique, formé en Franche-Comté par Mélanie Kneisky au chant et par Virgile Jennevin à la guitare. Expatriés à Toulouse, les deux amis s'associent à Teddy Chretien, un batteur aux influences Metal et accessoirement un autre franc-comtois évadé dans le Sud. Tous trois trouvent un terrain d'entente entre Blues et Metal en proposant un Rock vénère et groovy avec un brin de Prog. Robin Fleutiaux complète la formation fin 2017 en tant que bassiste, et le groupe enregistre un EP éponyme dans la foulée. Il est disponible sur leur bandcamp.

Damantra sort ensuite un album (Broken) en 2019 puis un nouvel EP (Jekyll And Hyde) en 2020, avec un changement de batteur au passage. Le groupe revient en 2023 avec l'EP Comet, présentant une imagerie et un son un peu plus typé 70s.

Chroniques

Broken Damantra

Broken ( 2019 )

Comme on le disait avec les principaux concernés lors d’une interview il y a à peine un peu plus de six mois, Damantra va très vite. Après un EP enregistré quelques semaines après avoir fini de constituer le groupe, le quatuor s’est lancé dans une grosse fournée de concerts et propose aujourd’hui son premier long format, le tout ayant pris au quatuor un poil plus d’un an. On ne va pas s’en plaindre, on était pressés de découvrir la suite de Damantra, et Broken tient ses promesses.

Les Toulousains officient toujours dans le même registre Rock musclé aux influences variées et bien digérées, parmi lesquelles on citera surtout un son Blues chaleureux, des structures pleines de variations et de ponts, tirant légèrement sur le Prog, et un sens de l’efficacité tout en Pop sur certains passages. Cette habile alchimie était déjà très réussie sur leur EP, et elle est toujours aussi prenante, si ce n’est plus, sur cette nouvelle offrande.
Et pourtant, malgré ce mélange heureux et mature, la recette pourrait faire un peu moins mouche… Il faut dire que Damantra perd un peu de son effet “taloche-surprise” en ayant fait le choix de réenregistrer les quatre titres de Damantra dans Broken. Si on enlève ces pistes (ainsi que l’intro d’une trentaine de secondes qui n’a pas beaucoup d’utilité), il ne reste que six morceaux qu’on ne connaît pas encore lorsqu’on découvre cet opus.
De plus, parmi ces nouvelles compositions, certaines d’entre elles dévoilent une facette du quatuor plus intime, plus aérienne, incorporant des ambiances jazzy et lounge dans des ballades qui restent Rock. Même si on sent bien que les titres comme Close Your Eyes ou Addiction font partie intégrante des influences de Damantra, même si ces moments de volupté permettent de respirer entre deux brûlots, on ne peut quand même pas s’empêcher de constater que l’efficacité globale de Broken est un poil en dessous de ce qu’on aurait souhaité.

Malgré tout, on introduisait le propos en disant que l’opus tenait pourtant ses promesses. Et c’est vrai. Alors arrêtons de chipoter, car même si les attentes étaient effectivement axées sur une certaine énergie qu'on aurait souhaitée plus concentrée, ça n’enlève rien à la qualité des résultats proposés.
Comme on le disait, le mélange d’influences de Damantra fonctionne très bien. Le groupe a encore des riffs ultra-massifs en réserve (Flying, Kill Culture Kill Mass Power, la fin de Nightmare, le pont de Take My Hand, l’intro de Jealousy, la liste est longue mais on retiendra surtout l'abrasive Broken), et le quatuor les dégaine toutes basses dehors. Et quand une section ne fonctionne pas sur un gros riff colossal, alors c’est qu’elle est toute en groove subtil : les couplets de Flying, la délicatesse de Close Your Eyes, la première moitié d’Addiction, le pont de Jealousy… Mais le plus beau, c’est la dichotomie intime, la dualité complémentaire de ces deux éléments, encore plus poussée que sur l’EP éponyme. Par exemple, le pont de Kill Culture Kill Mass Power commence tout en souplesse et avec un feeling très Jazz, avant qu’il ne tourne à la machine à riffs, au brisage de nuques, aux choeurs en “gang-shouts”, au chant semi-saturé, et le tout avec une spontanéité incroyable, un naturel déconcertant, une maturité impressionnante pour un groupe qui a moins de deux ans et dont les membres n’ont pas la trentaine. L’équilibre, ou plutôt l’ingénieuse absence d’équilibre entre les parties les plus fines et celles les plus heavy, qui ne cessent de se télescoper et de se compléter, n’est pas propre à ce passage mais est une constante tout au long de Broken. Et pour parfaire encore les compositions, les musiciens ont l’excellente idée de ne pas en faire des caisses : les breaks sont simples mais puissants, les leads de guitares sont peu nombreux mais tous réussis (à l’image des excellents solos à la fin d'Addiction et de Broken).
On note aussi une agréable évolution du chant par rapport à l’EP d’il y a un an, une progression à l’image de la juste proportion des éléments musicaux, tantôt légers, tantôt mastoc. Close Your Eyes et Addiction permettent à la vocaliste de dévoiler une sensibilité qu’on ne soupçonnait pas sur Damantra ; et inversement, les passages les plus Rock (ou “rauque”, c’est selon) revêtent occasionnellement une surcouche criée qui dynamise l’ensemble (Flying, Take My Hand, Broken…).
Même constat quant à la production, qui est elle aussi le reflet des différences internes des influences de Damantra. Le son est écrasant et chaleureux, à la fois presque Metal et presque Jazz. L’album étant une autoproduction, on ne peut que saluer le gros effort du groupe sur le travail de leur sonorité.

Le premier EP des Toulousains ne laissait pas présager d’un album aussi recherché et pourtant si naturel. Là on attendait un Rock efficace et un peu plus de chant saturé, on a finalement droit à un Broken surprenant par ses multiples niveaux de lectures. La preuve que ne pas faire ce qui est attendu n’implique pas toujours une déception. Chapeau bas.

A écouter : Flying, Broken

Damantra ( 2018 )

J'aime à croire que lorsqu'on a un coup de cœur pour un groupe qui sort de son style de prédilection, c'est que le groupe en question est excellent, capable de capter l'attention de tout un chacun, y compris celles et ceux qui pourraient être les moins réceptifs. Je ne dis pas que tout un chacun se cantonne habituellement à un seul et unique style musical sans rien aimer d'autre, je ne parle pas de découverte, d'apprentissage, d'apprivoisement, ou de tentative ; je parle de coup de cœur direct et immédiat, de claque surprise, d'adhésion aussi totale qu'inattendue. Je parle de Voir La Lumière. Et moi, humble amateur de Power Metal bien cheesy et Prog technique et sophistiqué, j'ai eu ce coup de cœur pour le Blues Rock quasi-Stoner de Damantra.

Dès l'intro de Jealousy, le ton est donné : ça joue Rock, oui, mais du gros Rock bien massif. Le riff principal est colossal, pachydermique, mais n'oublie pas d'être ultra-groovy notamment grâce sa basse très audible (il faut dire que c'est le bassiste Robin Fleutiaux qui a enregistré, mixé et masterisé Damantra, ce qui correspond parfaitement aux besoins du groupe en terme de rendu sonore). Ce son si particulier, avec ce riffing massif et ces graves entrainants, bien en évidence dans le mix, fait directement penser à une sorte de Rage Against The Machine, en version plus psyché peut-être (la toute fin de Nightmare en témoigne aussi, le riff est véritablement écrasant). A la différence près que le chant de Mélanie Kneisky vient ici calmer le jeu, empêchant les trois musiciens de complètement basculer dans le Stoner / Southern-Rock (surtout la batterie qui a parfaitement le côté bûcheron requis pour ces styles-là). Son chant mélodique transpire le Blues psychédélique et l'aisance totale. La frontwoman se balade en effet sans effort sur les quatre compos énergiques, tantôt complice des instrumentistes dans leurs moments de fougue, tantôt capable de retenue pour adoucir les angles sur des passages un peu plus posés (le pont à la fin de My Own Enemy).
Evoquons aussi le boulot à la guitare, qui est le cœur même du lien entre Blues et Metal. Le son est gras sans être sale, le rendu est lourd as fuck dans les refrains mais sait aussi se rendre mélodique (ce solo dans My Own Enemy !), la prod est vraiment réussie à ce niveau, surtout pour un premier essai, et en auto-production s'il vous plait. Quant aux morceaux en eux-mêmes, ils n'ont pas forcément de structures conventionnelles, on se laisse agréablement surprendre par la tournure des choses (la reprise à la basse dans Jealousy par exemple) sans pour autant sombrer dans le Prog déconstruit ou démonstratif. En gros, chaque élément est une réussite dans cet EP.

Damantra c'est quatre petits jeunes qui sortent de nulle part, et pourtant on sent déjà qu'ils iront loin. Avec leur Heavy Rock burné et dansant, difficile de ne pas se laisser prendre au jeu. Il ne reste plus qu'à attendre la suite. Impatiemment.

Si ça vous a plu et que vous souhaitez en savoir plus sur Damantra, une longue interview du groupe au complet se lit ici. Quant à l'EP présentement chroniqué, il est dispo sur Bandcamp.

A écouter : Jealousy, My Own Enemy