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Biographie

Daitro

Cela fait déjà 7 ans que les lyonnais de Daïtro font converger emo, screamo et noise afin d'engendrer un hardcore passioné et tout en contraste. Un premier 7" en 2002 et des prestations lives de hauts vols les amenent en 2003 à Des cendres, je me consumme, premier MCD dont la chaleur et l'inspiration tiendront en haleine les coeurs les plus endurcis.
En 2004, Aurélien, ex-chanteur de Gantz remplace Julien aux cordes vocales et Gwenn de Simfela assure désormais la basse. Avec ce nouveau line-up, Daïtro accouche d'une nouvel album durant l'année 2005: Laisser Vivre les Squelettes. En 2007, le combo part en tournée aux Etats-Unis aux côtés des américains de Ampere, avec lesquels ils réalisent un split 7' la même année, suivi d'un autre, très remarqué, en compagnie de leurs amis de Sed Non Satiata. Ces deux splits ainsi que l'US Tour sont réunis en 2009 sur un disque, le Vynil Collected, tandis que paraît dans le même le troisième album du groupe: Y. Le combo annonce une pause en 2009, avant de jeter officiellement l'éponge en 2012, lors d'un dernier concert.

17 / 20
14 commentaires (17.57/20).
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Y ( 2009 )

Ils sont ceux qui sont parvenus à trouver la robe musicale pouvant rendre grâce au "Bateau Ivre" de Rimbaud. Ceux qui ont érigé le cri "L’important, c’est pas la victoire, mais le combat" au rang de maxime situationniste. Ceux qui sont devenus avec le temps les gardiens du temple french way of emo tout en s’affranchissant constamment de cette étiquette. Ils sont ce qu’ils sont. Ils sont Daïtro.

Changer sans se trahir, évoluer sans se perdre : la marque des grands. Y en est l’illustration auguste. Le bouleversement (dans la continuité) s’est probablement opéré au contact de Sed Non Satiata et de 12XU. Il s’est fait en se glissant dans l’habit de la métamorphose, dans celui d’un screamo avant-gardiste, qui délaisse les poncifs d’hier pour offrir les codes de demain. Le chant va surprendre (ajout d'une voix claire), l’hétérogénéité des compositions aussi. Qu’importe. Y est un décalogue brûlant, qui,à la manière des films de La Nouvelle Vague, joue avec les autoréférences (la phrase "de l’eau coule sous les ponts" dans "Y9", pistes qui font se croiser les différentes périodes stylistiques de Daïtro), crache une révolte toujours aussi percutante et un brin nihilisto-désabusée ("Dans le fond, je n’y crois pas. Et c’est tant mieux", "Y1b") et impose à nouveau un esthétisme musical unique entre screamo, emo-hardcore, post whatever et punk. Daïtro explose et recompose. Entre ombre et lumière. Entre assaut et contemplation. Par et pour une nouvelle architecture. Le phrasé unique de Aurélien et ses spoken-words poétiques résonnent au milieu d’arpèges Suis La luniens ("Où se trouve alors son bon côté, En sachant que nous même, faisons preuve de sarcasme et d’égocentrisme, nous ne pouvons nous sentir parfois nulle part à notre place", "Y1a"), les plans catchy/punk font rage, les moments de bravoure s’abattent, la basse ensevelit ("Y9"). Génération Y.

Evoquant une nouvelle fois la Rumeur et son militantisme (après avoir repris la lyric "On a les poches vides mais les reins solides" dans "La substance et la matière", le quintet fait à nouveau honneur au groupe hip-hop en criant à son tour: "la meilleure des polices ne porte pas l’uniforme"), Daitro écrase les ciels de craie, fuit internet et ses polémiques pour ne se concentrer que sur son art. Celui qu’il parvient à porter comme nul autre en France. Et avec pareil talent d’écriture et de composition, Daitro offre une nouvelle perspective au screamo : il lui donne la responsabilité de l’action.
"Nous partons d’un point d’extrême isolement, d’extrême impuissance. Tout est à bâtir d’un processus insurrectionnel. Rien ne paraît moins probable qu’une insurrection, mais rien n’est plus nécessaire" (L’insurrection qui vient, Comité Invisible).

A écouter : et � propager
16 / 20
5 commentaires (16/20).
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Split avec Sed Non Satiata ( 2008 )

Daitro, un des fers de lance du Screamo Français, s’associe à Sed Non Satiata, autre valeur sûre du mouvement, pour offrir un split où chacun des groupes livrera 4 nouveaux morceaux, dont un interlude. Sous cet artwork tricolore, la noirceur d’ébène et le rouge sang s’entremêlant pour former cet insecte éphémère, se cachent 8 compositions douloureuses, illustrations sonores de cette image…

Sed Non Satiata ouvre le bal des mélodies enjôleuses, parfois douces et séductrices, parfois énervées et virevoltantes. Que ce soit sur "Des Masques", "Des Ruines" ou "L’Homme Sans Visage", cette détresse coule telle des larmes sur les enceintes, relent d’émotion dégagé par ce chant de souffrance, supporté par une partie plus claire, s’alliant parfois avec difficulté avec le reste des morceaux, de part son équilibre instable (le début de "Des Masques", où la chute menace à chaque instant les mots) … L’ "Interlude", romantiquement passive et éplorée, ne dépareille pas dans cet océan de souffrance… Transition sans doute, à la première écoute, improbable entre 2 fragments de sincérité de 7 minutes, elle offre cependant ce côté posé, mélancolique, que l’on peut retrouver sur la fin de "Des Ruines". A l’écoute de Sed Non Satiata, on s’attache tel Ulysse face aux Sirènes pour ne pas se prendre la tête entre les mains et s’écrouler, les yeux embués de larmes…

Daitro continue dans la lancée initiée par ses précédentes productions, à savoir ce chant écorché, ces cordes lancinantes, et ces spoken words aux textes dégageant un engagement profond ("parfois, quand viens le soir, j ai moi même envie de baisser les bras" ou encore "Rien n’est jamais perdu et les flatteries d’un «pouvoir  indépendant» ne doivent jamais nous faire oublier que le monde dans lequel nous vivons nous  entrave  et tue nos désirs de vivre mieux."). La fougue libérée par Daitro est clairement représentée dans le (très) court "Nous Ne Participons Pas Tous Ici A La Même Utopie", avec ce riff si marquant, fil rouge du morceau, ce chant si caractéristique de l’ex-meneur de Gantz et ces guitares poétiques… Sur "De L'Eau Coule Sous Les Ponts", chaque mot est un sursaut de désespoir, avec ces accords si délicats, mais écrasant l’auditeur sous le poids de la douleur si délectable… Daitro clôt ce disque avec un morceau frôlant les 8 minutes, avec une montée en souffrance si délicate mais intense qu’elle en devient addictive. Quelques mots viennent terminer "Un Fléau Pour Un Autre", la musique s’éclipsant discrètement, à la manière dont elle est arrivée… 

Daitro et Sed Non Satiata confirment leur statut de groupe phare de la scène française. Outre le fait que le packaging de ce disque soit magnifique (dont un livret plus que conséquent), on ne peut nier la qualité de morceaux tels que "Des Ruines" ou "Nous Ne Participons Pas Tous Ici A La Même Utopie". Au risque de vous laissez contaminer par la fièvre émotive dégagée par ce split, n’hésitez pas à vous laisser infecter par l’insecte de l’artwork, vous n’en ressortirez pas intact…

A écouter : Tout, sans baisser les bras...
15 / 20
1 commentaire (15.5/20).
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Split avec Ampere ( 2007 )

Ca faisait un moment que j'attendais un split emo hardcore "US Versus France", rien que pour définitivement marquer au fer rouge la réelle identité de la scène hexagonale dans le genre. Alors certes, ce disque de 8 minutes à peine n'offre que 3 morceaux mais ces derniers sont largement à la hauteur pour mettre en exergue la fougue directe d’Ampere et la complainte sincère et maladive de Daïtro.

Ampere compte dans ses rangs, Will Killingsworth ancien guitariste de feu Orchid, rien que ça. Comme les chiens ne font pas des chats, la quasi perpétuelle allusion au groupe culte du Massachusetts est aisément identifiable chez Ampere. Que ce soit sur leurs productions précédentes ou bien ici, le son de guitare possède la même agressivité incisive dans un jeu tantôt chaloupé tantôt coupe gorge. Ampere est malgré ce fait accompli, bien loin d'être un "tribute band" sans âme ou du sous Orchid sans intérêt. Si le combo s'avère être tout aussi immédiat, mettant de côté toutes les notes superflues pour ne conserver que la substantifique moelle du screamo, il s'adonne à un hardcore bien moins bruitiste, plus propre et plus moderne que celui de ses héritiers. Dans ses morceaux dépassant tout juste la minute, Ampere parvient à soulever le cœur par des accélérations fulgurantes qui se révèlent prévisibles mais clairement attendues par les amateurs d'emo violence à l'américaine. Deux titres courts et urgents, sans surprise mais terriblement efficaces.

Fidèle à eux même, les lyonnais Daïtro emboitent le pas aux américains avec un long titre dans la plus pure tradition screamo frenchie avec les arpèges, les plans cristallins et une chant écorché à se saigner l'œsophage. Un chant parsemé de spoken words qui dans ses frasques les plus désespérées semble jouxter celui de Amanda Woodward ("...mais les reins solides"). Toujours transposé de main de maitre par l'ancien et excellent Aurélien de feu Gantz, le texte très classe transpire le vécu et la noirceur. Pas de réelles surprises non plus chez Daïtro mis à part des back vocals bienvenus qui apportent dynamisme et volume.

Daïtro / Ampere n'est ni plus ni moins qu’un picture 7" joliment illustré, équilibré, efficace et surtout exposant deux approches différentes et complémentaires du screamo hardcore.

Page MySpace de Ampere.

A écouter : Les 3 morceaux
17 / 20
2 commentaires (19.5/20).
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Split avec Raein ( 2005 )

Raein/Daitro paraît être une affiche de split cd alléchante. D'un côté le groupe Italien si reconnu dans le monde hardcore où ils y sont présentés comme le fer de lance du screamo moderne. De l'autre le groupe Francais de l'écurie Alchimia avec peu d'expérience mais déja un excellent cd à son actif. La balance pèse d'ores et déja d'un côté avant même de lancer la galette: Raein semble avoir une place prépondérante dans la scéne screamo à laquelle Daitro ne peuvent pas encore postuler.

C'est d'ailleurs avec eux que s'ouvre le bal. Il faut bien avouer que le précédent cd Il n'y a pas d'orchestre avait placé la barre très haute et que nos espérances en ce split cd étaient nombreuses. Concrétement, ces morceaux sont la suite logique de l'évolution qu'avait pris raein; les italiens ont quitté la sphére de la power violence basique pour rejoindre des contrées plus originales. Certes la rapidité d'exécution les laisse dans la continuité du genre, mais raein apporte une fibre ultra mélodique au tout et beaucoup plus aérienne. C'est une sorte de post power violence, forte de la touche screamo récente et enrichie en quelque chose de moins desespéré. De surcroît, Raein s'offre une production parfaite qui met en avant une base rythmique très solide où l'abscence de double pédale est le gage d'une richesse de jeu de batterie. Quant à la guitare, elle reste reconaissable entre toutes: des pointes mélodiques, touchées et fines, s'apparentant presque à un clavier. Mais la musique n'en devient pas pour autant mièvre : plutôt profonde et violence, une lourdeur sous jacente et un tout homogéne très écorché donnent des épices au tout. Raein livre ici trois morceaux, toujours très bons mais somme toute trop dans la lignée des précédentes productions. On pouvait attendre plus de prise de risque de la part des Italiens qui passent l'épreuve de ce split cd européen telle une formalité...somme toute un peu trop formellement.

Pourtant, le cd est loin d'être clos et le meilleur reste encore à venir, sans aucune attente. Les lyonnais d'Alchimia surpassent raein en trois morceaux. Tout d'abord, daitro parie sur la composition, en poussant ses morceaux en longueur (excepté le dernier, certes). On attendait tout sauf ça de la part du groupe qui amène l'auditeur sur un terrain ultra progressif. La production laisse aussi sans souffle : riffs assez sales qui laissent transpirer une haine palpable cotoient rythmiques séches et passages clairs d'une propreté incroyable. Rien qu'avec ce pseudo détail, les morceaux prennnent une ampleur incroyable. Cette ampleur est sublimée par l'apport du chanteur (Ex Gantz) qui maitrise evidemment son sujet: voix saturée et paroles lancinantes et porteuses de sens. D'ailleurs, la pièce de choix se situe au niveau d' "Un bateau ivre". Le morceau est organisé autour d'un théme très saetien de départ, assez sacadé, puis l'aspect chaotique s'ecclipse peu à peu et s'engage une montée en puissance typiquement post rock s'organisant autour de mélodies entremêlées (pas loin de Mogwai dans l'esprit...). Enfin, la rage emmagasinée explose autour d'un "capitaine" ércutée avec une violence extrême. On retrouve le desespoir "au bout de ses levres" dans une reprise d'une thème acapella particulierement triste et mélancolique. Pour finir, daitro innove avec un morceau  qui aurait pu ne pas être mais qui se révele très intéressant , car différent. En somme, le morceau est plus égal à ce qu'avait fait Raein en début de cd, ce qui parait être une sorte d'hommage de la part des lyonnais.

Quand on voit la qualité de ce split cd et quand on voit que le petit poucet français surpasse le goliath, ça ne peut qu'être de bonne augure pour la suite et ne peut que motiver les production futures. 2005 serait-elle la confirmation d'une explosion de la scéne screamo française? (Gantz qui réalise des prestations de plus en plus matures par exemple). De toute façon le cd risque d'être trés marquant dans la scéne extreme et risque de faire office de référence. Il est le sceau de la modernité d'un genre qui se détache peu à peu des grands noms américains...

 

Télécharger : Au bout de mes lévres (Daitro); Faithless (Raein).

A écouter : La partie daitro.
18 / 20
2 commentaires (17.75/20).
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Laisser Vivre Les Squelettes ( 2005 )

2005. La scène Française est encore remplie des combos qui en ont dessiné les facettes : Gantz, Amanda Woodward, Belle Epoque, Mihai Edrisch ou encore Daïtro. Autant d’identités artistiques que de noms, mais une passion folle en chacun. Des années ont maintenant passé et pourtant, certains de ces disques résonnent encore et laissent percevoir leur influence sur des sorties plus récentes.
Quelques mois avant de livrer Laisser Vivre les Squelettes, Daïtro accouchait de trois titres dont on ne peut que vanter les mérites, côtoyant Lhasa et Raein (qu’ils retrouveront l’année suivante) le temps d’une dizaine de minutes. Difficile de ne pas faire de cet album la pierre angulaire d’une discographie idéale, surtout lorsque l’on jette une oreille sur des morceaux comme « Laissez vivre les squelettes » ou « Trois Murs pour la salle de torture », véritables coups de fouets émotifs qui touchent leur cible.

« Nous sommes d’ici et tous réunis dans la grande messe de l’horreur moderne, venus pour tout avaler et pour ne rien laisser. »

Car si Daïtro déchaine ici une fougue déjà présentée sur Des Cendres Je Me Consume, le combo lyonnais intensifie son amour de sons plus cristallins qui prendront forme finale sur Y, notamment sur « Trois Murs pour la salle de torture » et ses ambiances Post-Rock qui ne perdent rien en intensité malgré le changement de style. Difficile de poser des mots précis tant l’assemblage d’émotions semble instable, vibrant de sensations (le final de « Les orbites en éveil » ou les premières lignes vocales de « Nous Sommes d’Ici ») jamais les plus positives, que ce soit dans les instruments (« Comme du Papier ») et dans les mots (reprenant un poème de Mouin Bsissou ou « Les orbites en éveil », sombre au possible). Contrairement à Gantz, qui lorgne un peu plus vers des sonorités Post, Daïtro possède ce côté Hardcore (« Pourquoi les Inconnus Restent-ils des Inconnus ? »), notamment avec une basse omniprésente et des guitares passionnées rappelant Envy, prenant le côté chaotique de Beau Navire pour le transformer en mélodies. Au-delà de ces aspects, Laisser Vivre Les Squelettes est riche en ambiances, se mouvant entre les styles en quelques instants (« Nous Sommes d’Ici ») mais sans jamais rompre de manière subite le fil rouge de chaque titre, allant parfois jusqu’à l’écorchement vocal (« Pourquoi les Inconnus Restent-ils des Inconnus ? »).

« C’est la vie qu’on regarde s’écouler tranquillement en spectateurs de nos erreurs et nos succès, spectateurs des années à venir. »

Il serait insensé de ne pas voir se diluer certaines sonorités de Daïtro dans d’autres combos (par exemple Sed Non Satiata, avec qui ils partageront un split), et de ne pas les ériger au même niveau qu’un Saetia, La Quiete ou Suis La Lune. L’aura des Lyonnais aura continué de porter (notamment avec Y, le groupe déclinant d’ouvrir pour Thursday à une période) et les multiples repress de l’album confirmeront cette empreinte marquée, tout comme la suite prise par Baton Rouge (qui reprend la quasi-totalité du line-up de Daïtro).
D’un côté plus personnel, Daïtro est le groupe qui a su me toucher sur chaque titre, celui qui tourne toujours, plus de 10 ans après, qui se hisse au niveau d’Orchid dans mes incontournables et qui reste gravé à vie dans ma peau, parfait dans son fond et sa forme. Fragile mais empli de fougue, spontané mais réfléchi, Laisser Vivre Les Squelettes évoque toutes ces parties de la vie que l’on aime, mais également celles que l’on fuit.

« Apprenez ce qu’il s’est passé pour comprendre où vous allez. »

Laisser Vivre Les Squelettes pourrait être le disque d’une époque, mais Daïtro a laissé une marque indélébile, qui fait que les murmures continuent de porter ce nom, comme La Décadence de La Décadence d’Amanda Woodward ou Un jour sans lendemain de Mihai Edrisch. Un album emprunt d’amertume, mais qui ne sera jamais désuet.

A écouter : Comme un fragment d'histoire
15 / 20
2 commentaires (19/20).
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Des Cendres, Je Me Consume ( 2003 )

Après le dense et granuleux L'Un Sans L'Autre de Mihaï Edrish, Alchimia renoue avec le screamo cathartique et écorché via Daïtro, une formation de même obédiance et partageant la même envie d'en découdre. Daïtro emprunte des sentiers déjà bien battus mais à sa manière, au confluent de la violence d'Orchid et de l'ébullition façon early Envy, crue et fumante.

Daïtro forge l'imprévisible. Daïtro explose les structures et régurgite le désespoir. Taciturne, le combo ne tient pas en place et se laisse emporter pas sa fougue juvénile, touchante et spontanée. Entre ces incartades chaotiques, emmenées par une tension croissante, ou bien lachées sur le tas sans crier gare, Daïtro se fend d'un minimalisme emo hardcore cristallin du plus bel effet, mais toujours emprunt d'une grisaille indélébile. Ainsi, l'abattement plane en permanence et accroit son aura par un chant malade, en retrait, s'extirpant d'une orchestration condensée et épaisse. La charge émotionnelle est telle une volée de coups de foudre, radicale et intense, qui débouche sur l'explicite "Je Me Consumme", ultime morceau exclusivement instrumental d'une dizaine de minutes. Une leçon de Capture & Release, de tension contenue et de libération exutoire. D'une base post rock harmonieuse et cristalline, Daïtro calcine lentement la mèche jusqu'au fracas noise as fuck. Convenu certes, mais d'une efficacité redoutable lorsque c'est exécuté de la sorte.

Des Cendres, Je Me Consume, disque édifié de Feu et de Sang, révèle un groupe talentueux aux facettes poétiques et chaotiques vectrices d'émotions à fleur de peau. Le combo s'inscrit dans la lignée screamo frenchy de Gantz et Mihaï Edrish. On attend évidemment avec impatience le split album aux côtés de Raein.

Télécharger : Mon Corps

A écouter : Mon Corps - Des Cendres - Je Me Consumme