Vraiment énorme pour de l'instrumental !
DDENT
Doom Atmosphérique / Shoegaze / Post-Rock

TORO
01. Dans la roseraie
02. Dis à la lune qu'elle vienne
03. Longue, obscure et triste lune
04. Torse de marbre
05. L.s cloch.s d'ars.nic .t la fum:.
06. La pluie emplit sa bouche
07. Noir taureau de douleur
Chronique
On aura pas eu le temps d’être impatients avant de réceptionner le deuxième long format des Parisiens, seulement deux minuscules années après l’envoûtement complet administré par آكتئا, qui succédait au déjà magistral Chien Noir malgré sa courte durée, socle d’une vision instrumentale et particulière de la vie. Une vie gorgée d'ombres et de mélancolie, néanmoins amorties par le confort d’un matelas atmosphérique, ce qui pouvait donner lieu à l’appellation formellement étrange mais plutôt pertinente de « Doomgaze ».
Le cheminement se poursuit avec TORO, Ddent se voyant augmenté d’un second guitariste, donc suffisamment équipé pour explorer plus en profondeur les méandres d’un esprit de plus en plus torturé, distillant même une subtile touche d’Indus typé Godflesh aux compositions, comme pour signifier une forme de démence qui s’installe de manière pernicieuse. Ce qui laisse de fait un peu moins d’espace à la lumière. آكتئا nous contait son histoire en arabe, avec TORO la langue française est à l’honneur dans les titres, formant une prose lunaire qui ne dépareille pas avec la musique exécutée.
Dans la roseraie s’éveillent les premiers sons, enveloppés d’une brume à six cordes, rapidement animés par les signaux percussifs et les frappes embourbées, progressivement envahissantes. La bête s’agite, se démène, lutte pour s’extirper du piège marécageux dans lequel elle semble être tombée, sans y parvenir complètement. Quelque chose la retient, quelque chose qui la dépasse et ensevelit son âme comme sa carcasse à mesure que la nuit avance et s’installe. Dis à la lune qu’elle vienne, qu’elle apporte ses lumières, son mystère et ses envolées gracieuses, épiques. Longue, obscure et triste, la lune se révèle différente cette fois, malgré l’adversité courageuse sa face cachée gagne du terrain et finit par étouffer la conscience d’un être à l’agonie. On entend alors les pulsations organiques à travers son Torse de marbre, craquelé, laissant filtrer l’illusion d’un horizon plus serein, la mélodie cherchant à tracer un sinueux chemin dans la fange, pour terminer exténuée, assoupie dans le brouillard persistant.
La bête en perd son latin, assaillie par L.s cloch.s d’ars.nic .t la fum.. elle ne distingue plus les formes ni les caractères et se retrouve écrasée par les coups qu’elle s’inflige elle-même. Alors qu’elle s’écroule d’épuisement, La pluie emplit sa bouche et lui octroie quelques sensations vivifiantes par un martèlement intensifié, par des guitares continuellement lourdes et toujours en quête d’ailleurs, en vain. L’animal n’en finit plus de se tordre de douleur et n’attend plus que de se libérer. Le dernier souffle s’éloigne, même la mort semble lui échapper, au point que la résignation se profile et ouvre la voie à l’acceptation. Ainsi le poids des souffrances passées s’allège enfin, la mélodie prend du galon, encouragée par quelques volutes électroniques, jusqu’au coup fatal et salvateur.
Plus inspiré que jamais Ddent creuse son sujet avec patience et réflexion. Ce TORO symbolise une force brute désemparée, empoisonnée par l’invisible ou l’imperceptible. Le contenu illustre à merveille les mouvements et les pertes de repères de cet animal majestueux en phase terminale, auquel tout à chacun peut aisément s’identifier, à condition d’y laisser un morceau de soi.
Noir Bandcamp de douleur.
Les critiques des lecteurs
Vraiment énorme pour de l'instrumental !
Bijou.
A suivre de très près !!!