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Biographie

DDENT

DDENT émerge en 2013 à Paris et réuni Louis, Marc et Nico, trois musiciens aux horizons variés, pour produire un Doom atmosphérique instrumental et hypnotique, agrémenté de plans post-rock, noise, metal ou encore indus. Un tout premier EP auto-produit voit le jour en septembre 2014, Chien Noir, édité chez Third Coming Records. DDENT commence alors à partager des dates françaises avec Philm en 2015, avant d'enregistrer un premier opus آكتئاب en 2016 au Skyhammer Studio (Conan). Le trio est alors rejoint par VinZ (ex-Thousand Codes) pour assurer la seconde guitare, et enregistrer (toujours aux studios Skyhammer avec Chris Fielding) ce qui deviendra TORO, deuxième album pondu en 2018.

18 / 20
7 commentaires (17.07/20).
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Couvre-sang ( 2020 )

C'est dans le massif et la moiteur que DDENT est le plus délicat au creux de l'oreille. Le groupe ne déroge pas à la règle pour cet opus, mais ira fouiller et découvrir dans des horizons plus larges des variations et sonorités nouvelles.

Pour qui a suivi leur parcours, Couvre-Sang ne sera pas dépaysant, car DDENT a définitivement son identité, sa griffe. On n’aurait guère à souligner que quelques transitions surprenantes car inhabituelle, comme de Liedevin à Voile : froide, nette, elle rompt avec l'habitude trop classique du genre. Et cet album pousse un brin l’usage des sonorités électroniques.

Mais autant la merveilleuse écoute du prédécesseur Toro nous plongeait au cœur d’un bourbier sombre et terrifiant, nous posant en spectateur auditif des réflexions d’un esprit torturé dans l’exploration de ses propres replis, déchaîné dans son agonie lente à la respiration lourde ; autant Couvre-Sang s’ouvre vers l’avant, DDENT semble vouloir apprendre à inspirer et partir évoluer dans une stratosphère inconnue. Certes sa détermination affichée se traduit dans sa massivité et la lourdeur des compositions ciselées, mais cette image subsiste, comme une lumière, petite et lointaine, comme un minime espoir vers lequel on progresse, et offrirait alors une sensation de transition, comme une évolution de Toro à Couvre-Sang.

On entend dans ce nouvel opus la recherche et l'exploration de mondes qui s’annexent à leur univers au détour de chaque morceau, et c'est si habilement mené que le voyage en devient aussi initiatique que confortable. On déconnecte du monde connu.
Il est difficile de raconter ce périple, entre sensations éthérées et brumeuses, et avancée lourde en progression épaisse, sûre mais sourde. Quel défi incommensurable que de mettre des mots sur l'insaisissable.

Aux rythmes millimétrés, précis et incisifs se mélangent les mélodies lascives aux ambiances sensuelles. La volupté qui s’en dégage est indéfinissable, comme une transe dans laquelle on se sent léger et écrasé à la fois, aimé et haï, caressé et maltraité, considéré et dédaigné. DDENT offre ses réflexions aériennes uniquement en traductions massives pour qui voudrait s’y intéresser. Mais le rendu de cet album laisse une idée d’éloignement, comme si l’écoute des gens, des autres, de nous, n’était pas le vrai enjeu. Comme si l’essentiel était l’écriture et la traduction d’un rêve majestueux et dérangeant aux multiples dimensions, que l’on cherche à analyser en le racontant au réveil. Pas pour l’offrir à l’autre, mais bien pour s’en souvenir, se l’approprier, maîtriser la voix du subconscient, le comprendre, se comprendre.

Et par pitié, en écoutant cette merveilleuse parenthèse aux respirations hors de ce monde, sois égoïste, écoute au casque, et ferme les yeux !

17 / 20
6 commentaires (17.25/20).
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TORO ( 2018 )

On aura pas eu le temps d’être impatients avant de réceptionner le deuxième long format des Parisiens, seulement deux minuscules années après l’envoûtement complet administré par آكتئا, qui succédait au déjà magistral Chien Noir malgré sa courte durée, socle d’une vision instrumentale et particulière de la vie. Une vie gorgée d'ombres et de mélancolie, néanmoins amorties par le confort d’un matelas atmosphérique, ce qui pouvait donner lieu à l’appellation formellement étrange mais plutôt pertinente de « Doomgaze ».

Le cheminement se poursuit avec TORO, Ddent se voyant augmenté d’un second guitariste, donc suffisamment équipé pour explorer plus en profondeur les méandres d’un esprit de plus en plus torturé, distillant même une subtile touche d’Indus typé Godflesh aux compositions, comme pour signifier une forme de démence qui s’installe de manière pernicieuse. Ce qui laisse de fait un peu moins d’espace à la lumière. آكتئا nous contait son histoire en arabe, avec TORO la langue française est à l’honneur dans les titres, formant une prose lunaire qui ne dépareille pas avec la musique exécutée. 

Dans la roseraie s’éveillent les premiers sons, enveloppés d’une brume à six cordes, rapidement animés par les signaux percussifs et les frappes embourbées, progressivement envahissantes. La bête s’agite, se démène, lutte pour s’extirper du piège marécageux dans lequel elle semble être tombée, sans y parvenir complètement. Quelque chose la retient, quelque chose qui la dépasse et ensevelit son âme comme sa carcasse à mesure que la nuit avance et s’installe. Dis à la lune qu’elle vienne, qu’elle apporte ses lumières, son mystère et ses envolées gracieuses, épiques. Longue, obscure et triste, la lune se révèle différente cette fois, malgré l’adversité courageuse sa face cachée gagne du terrain et finit par étouffer la conscience d’un être à l’agonie. On entend alors les pulsations organiques à travers son Torse de marbre, craquelé, laissant filtrer l’illusion d’un horizon plus serein, la mélodie cherchant à tracer un sinueux chemin dans la fange, pour terminer exténuée, assoupie dans le brouillard persistant. 

La bête en perd son latin, assaillie par L.s cloch.s d’ars.nic .t la fum.. elle ne distingue plus les formes ni les caractères et se retrouve écrasée par les coups qu’elle s’inflige elle-même. Alors qu’elle s’écroule d’épuisement, La pluie emplit sa bouche et lui octroie quelques sensations vivifiantes par un martèlement intensifié, par des guitares continuellement lourdes et toujours en quête d’ailleurs, en vain. L’animal n’en finit plus de se tordre de douleur et n’attend plus que de se libérer. Le dernier souffle s’éloigne, même la mort semble lui échapper, au point que la résignation se profile et ouvre la voie à l’acceptation. Ainsi le poids des souffrances passées s’allège enfin, la mélodie prend du galon, encouragée par quelques volutes électroniques, jusqu’au coup fatal et salvateur.

Plus inspiré que jamais Ddent creuse son sujet avec patience et réflexion. Ce TORO symbolise une force brute désemparée, empoisonnée par l’invisible ou l’imperceptible. Le contenu illustre à merveille les mouvements et les pertes de repères de cet animal majestueux en phase terminale, auquel tout à chacun peut aisément s’identifier, à condition d’y laisser un morceau de soi.

A écouter : tête baissée.
16 / 20
3 commentaires (18.33/20).
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آكتئاب ( 2017 )

En 2014, DDENT se faisait connaitre grâce à son premier EP, le bien nommé Chien Noir. La critique avait alors salué l'oeuvre d'une formation audacieuse et inventive, dont le Doom Atmosphérique instrumental orienté Shoegaze était addictif. C'est aujourd'hui l'heure pour les Parisiens de faire le grand saut et d'offrir leur premier album. Autant le dire tout de suite, nous l'attendions de pied ferme. 

Ce premier album se nomme آكتئا (ektiheb) qui se traduit par la mélancolie ou la dépression en arabe. Il s'agit d'ailleurs d'un album concept, puisque des huit titres ressort une vraie trame, avec un fil conducteur guidé par les mots : Habouz, Arzel ou encore Houri et chacun d'eux est issu de psaumes arabes illustrant la profonde tristesse d’un poète dépeint comme un cavalier. Tout un programme diront certains, et c’est effectivement le cas puisque dans le genre sujet complexe, on tape dans le haut du panier. Si DDENT est toujours un groupe qui mise sur l’instrumental pour délivrer sa musique, aujourd’hui nous parlerons plus de Post-Rock teinté Shoegaze pour la définir. Les ambiances sont très éthérées même si régulièrement quelques salves lourdes (Kohol le démontre si merveilleusement) débarquent pour rappeler à l’auditeur que le voyage qu’il est en train de faire n’a rien d’une cure. آكتئا peut se concevoir comme étant la B.O de certains de nos rêves, ceux que l’on trouve à la fois beaux et tristes, qui sont autant porteurs d’espoir que de déprime. Incontestable titre phare de l’album, Ghazel résume à merveille le DDENT de 2017. Plus de 8 minutes pendant lesquelles la formation offre sa pleine puissance, un véritable crescendo d’émotions, lent, aérien, emmené par des sons de guitares clairs dont certains leads ont parfois des allures de lyrics. Rien ne vous percute, mais tout se bouscule dans votre âme et c’est là que le tour de force est impressionnant puisqu'à aucun moment vous ne serez percutés par une violence pure, vous serez emmenés dans des endroits encore inconnus de votre esprit. Serait-il audacieux de comparer cette œuvre à une version musicale de Twin Peaks ? Peut-être, mais certes, c’est désormais fait. 

Il y a des disques dont on a du mal à parler tellement ils vous secouent, آكتئا est de cette trempe. N’ayez pas peur, approchez et tentez l’expérience, quand vous en serez revenus, nous en discuterons. 

A écouter : Ghazel, Kohol et le reste suivra
4.5 / 5
2 commentaires (18.75/20).

Chien Noir ( 2014 )

On a beau essayer de se retenir, la rechute est inévitable, surtout lorsqu’on se retrouve à coucher des mots sur un groupe audacieux et inventif, on ne peut s’empêcher d’y accoler des terminologies plus ou moins absconses. Le cas qui nous intéresse ici est celui de Ddent et de son tout premier EP, versant dans le doom atmosphérique, ou doom-gaze pour les amateurs d’étiquettes. Un alliage stylistique 100 % instrumental rarement entreprit, en plus d’être excellemment autoproduit.

Un « sous-genre » pas commun mais déjà bien représenté dans nos sous-sols puisqu’à l’écoute de l’objet le nom des très fameux voisins de palier Chaos E.T. Sexual vient assez naturellement à l’esprit. La démarche est plutôt similaire – bien que moins électronique – Ddent préférant explorer des tunnels un peu plus éclairés. S’ajoute au faisceau de la lampe frontale celui d’une ouverture au loin, d’une issue probablement positive, malgré des premiers coups de pioche désespérés sur le torturé morceau éponyme, au bord d’un précipice post-hardcore, sans jamais s’y vautrer. Ce qui vient est une lente et vaporeuse progression à travers les méandres de cavernes laissées à l’abandon, les guitares fendent petit à petit l’obscurité, les mélodies sont de plus en plus enlevées, prennent de la hauteur sur Focusing pour mieux s’écraser en douceur sur un City lourdement aérien, marche lente et inexorable vers une délivrance certaine aux contours flous mais rassurants (le post-rock vaillant de Seagulls et son final grandiose).

Pour leur tout premier jet les parisiens font déjà preuve d’une grande assurance et nous offrent cinq titres généreux, grassouillets, et même indissociables tant l’ensemble se tient à merveille. Un disque addictif et une géniale découverte qui rend indubitablement impatient quant à la venue d’un album véritable, et d’une première expérience en direct.

Librement disponible via Bandcamp.

A écouter : tout plein de fois.
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Style : Doom Atmosphérique / Shoegaze / Post-Rock
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Origine : France
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