En quelques années Cult Of Luna a réussi à prendre sa place dans les ténèbres au coté des grands frères américains. Autant dire qu'une nouvelle production des suédois est attendue avec impatience et sera décortiquée par bon nombre de fans (ou pas). Eternal Kingdom arrive 2 ans après le très personnel, et très post rock, Somewhere Along The Highway.
D'abord des précisions importantes sur Eternal Kingdom, celui-ci est un concept album (toutes les pistes ont un rapport entre elles). Le groupe a trouvé suite à un grand ménage dans son local de répet' (situé dans un ex hopital psychiatrique des années 20) le journal de Holger Nilsson, un des ex internés. Dans ce journal il y raconte le meurtre de sa femme et explique son innocence précisant que sa femme a été tuée par Näcken (l'équivalent de Satan) et donne de nombreux détails sur des Kumans (mi homme, mi ours) et ce monde fantastique qu'il imagine. Eternal Kingdom reprend ces écrits et tente de retranscrire musicalement la folie des mots.
De part sa source d'inspiration on s'attendait à un album sombre et glauque, sur ce point Cult Of Luna ne nous décevra pas, Eternal Kingdom est clairement l'album le plus sombre du groupe ; suivant le très aérien Somewhere Along The Highway le choc n'en est que plus brutal. Ceux qui avaient fui le groupe pour ses envolés post rock peuvent revenir poser une oreille sur les 10 titres (dont quelques interludes) de ce nouvel opus.
Toujours marqué au fer rouge du style Cult Of Luna (ces guitares qui s'étire, ces lentes agonies finissant en coup de boutoir pachydermique, ces éclaircie tuée dans l'oeuf, ...) cet album pourrait être vu comme un retour aux deux premiers opus des suédois; et les premières écoutes donneront ce sentiment de quasi régression. Pourtant, derrière ce coté très accrocheur mais un peu rétrograde, on pourra petit à petit apprécier le travail de fourmi réalisé par le groupe. On retiendra particulièrement les guitares avec des arrangements affolants (pitié n'écoutez pas ce disque sur des enceintes moisies ou des écouteurs de game boy!). Exit le post rock ici on parlera plus volontiers de prog rock (pour vous en convaincre, calez vous Ghost Trail sans rien faire d'autre et appréciez).
Eternal Kingdom prend toute son ampleur dans les détails, sons électroniques discrets (Mire Deep en regorge), riffs dissonants, note glissée ci et là, accélération ou ralentissement discrets.
Et bien entendu, comme à son habitude, les passages les plus violents seront tout aussi lourds et puissants (ce final sur Ghost Trail! Ou la folie quasi noise de Curse). Coté prestation vocale l'ombre de Steve Von Till (Neurosis) planera lourdement (euphémisme?) sur certains titres (comme The Great Migration, ça ne vous rappelle pas Given To The Rising ?), est ce un mal?
Cult Of Luna signe avec Eternal Kingdom son album le plus sombre, et peut être le plus travaillé des cinq. L'album sera à écouter avec une attention minutieuse, et si possible face aux paroles pour apprécier pleinement les mouvements musicaux. Cinquième chapitre pour la discographie des suédois et pas encore de raté (pour peu que les albums les plus post rock ne vous aient pas largué).
A écouter : 1
Un titre et des explication sur chaque titre dispo sur le myspace de l'album.
Mon histoire avec cet album est assez spéciale. Je suis dans une boutique de vinyles avec un pote en train de farfouiller puis je tombe sur ce disque. Je regarde cette chouette qui me donne l'impression qu'elle m'observe. J'ai été comme ensorcelé par les deux yeux blancs de cet animal et à cet instant je savais que je ne sortirai pas de la boutique sans acheter cet album. Je connaissais seulement le groupe de nom, je ne savais pas quel style de métal il s’agissait et je ne pouvais pas vérifier sur mon téléphone car aucun réseau disponible. Et quelle découverte ça a été ensuite... En rentrant chez mon pote qui avait lui aussi une platine, nous avons lancé le disque et on a cessé de parler avant la fin de Owlwood.
En rentrant chez moi j'ai réécouté l'album et je n'en croyais pas. C'était tout simplement magnifique. Au moment où je découvrais cet opus, j'étais en pleine découverte de groupe comme Isis ou Neurosis qui était entrain de changer ma notion de la musique. Quelle putain de coïncidence ! C'était comme un signe, la pochette avait provoqué en moi un pressentiment : "cet album va te plaire c'est sur". Encore aujourd'hui c'est le disque que je préfère lancer.
Je pense que tout a été dit dans les commentaires. Pour ce qui est des titres Owlwood m'a mis tout de suite d'accord. Personnellement j'ai eu un petit coup de coeur pour les titres Eternal Kingdom, Ghost Trail et Mire Deep. Mais c'est vrai que Following Betulas est une sacrée tuerie. Personnellement je met la note maximum à Eternal Kingdom, cet album me fait ressentir des sensations, je l'ai découvert par hasard et c'est tant mieux. Pour le moment je n'ai écouté que Salvation comme autre album et il était génial. Il faut que je me fasse la disco.