Woh woh woh, je crois bien que j'ai trouvé mon album bottage de culs de l'année !
Une ouverture en violence / haine parfaite puis ce moment complètement planant avec une voix parfaite (To: Achlys / A World Of Joy). Bref, une petite tuerie :D
« On ne change pas une équipe qui gagne » comme dirait l’adage simpliste et quelque peu suranné, mais qui a le mérite de se vérifier assez souvent, n’excluant pas nécessairement la prise de risque, en particulier chez les orchestres énervés. Certes l’équipe en question n’est pas tout à fait la même depuis que la bande de Gaza s’est séparée d’un hurleur encombrant (pas seulement physiquement), toutefois Cult Leader ne s'extirpe musicalement pas de sa forme originelle et ne fait qu’affiner son propos, non sans risquer de se mettre à dos une partie de son auditoire.
On en captait les prémices avec le premier long des américains, ses instants graves aux mélodies suicidaires principalement réunis sur le morceau-titre Lightless Walk en clôture. Ce calme désenchanté après la tempête destructrice, la poussière qui retombe, la constatation des dégâts, la lourdeur du bilan, réinvestissent l’espace avec A Patient Man, lui attribuant un sens différent. Comme le rappelle fort bien son titre la patience est ici revendiquée, sublimée, car il faut en avoir pour assimiler l’objet de la meilleure manière possible, pour savourer une écriture singulière et profondément sensible, y compris dans la violence la plus débridée.
Commençons par les éléments qui ne changent pas, et heureusement : la correction d’entrée de jeu I Am Healed et son maelstrom de guitares enchevêtrées vomissant un tas de riffs aussi grassouillets que bouffés par les larsens, elle sera également l’occasion d’apprécier des capacités vocales rehaussées. Rebelote avec Curse of Satisfaction et Isolation in the Land of Milk and Honey, dont la branlée rythmique évoque un Converge au top de sa forme. Et c’est ce moment que les guitares choisissent pour s'étendre, étaler leurs notes pour rêver un peu, effleurer puis caresser une certaine plénitude aux contours infinis (To: Achlys, A World Of Joy). La lumière vacille, maintenue en vie par une frappe tribale et cyclique, soutenue par un chant gravement clair et une basse enveloppante, presque rassurante. Le temps passe et la tête dans les étoiles on s’accommode de la contemplation paisible d’un monde en ruine… Jusqu’au retour brutal à la réalité du terrain, incarné par l’outrageusement violent (et bandant) Craft of Mourning, puis le très empathique Share My Pain, imprégné d’un feeling casse-reins qui n’aurait pas dépareillé chez Coalesce.
Un second bilan reste à dresser, à la fois implacablement lucide et malgré tout vecteur d’espoir, aussi minuscule soit-il. La batterie balise un chemin sinueux via des mouvements perpétuellement fascinants, les guitares pleurent et s’harmonisent sans résignation, les cordes vocales expulsent une dernière fois les démons récalcitrants, pour ouvrir un passage vers une certaine sagesse, une patience éternelle. A Patient Man est à la hauteur de l’exigence d’écoute qu’il réclame et confirme la bouleversante sincérité des intentions contemplatives de Cult Leader, parvenant à percer une nouvelle membrane d’émotions extrêmement équilibrées.
A écouter : 1
A Patient Bandcamp.
Incroyable rien d'autre a ajoute a part peut etre que le morceau the broken right hand of god est juste sublime