Crocus ne joue pas, Crocus lutte. Redresseur de torts et d’acier dans un écrin de pétales, la formation britannique est une démonstration – s’il en fallait encore – de la nécessité qu’il y a à briser l’airain pour trouver l’or.
Screamo, punk, hardcore ? Whatever. Crocus prend aux tripes, dévore de l’intérieur et finit par se suspendre aux chairs, pour qu’on se souvienne de son passage. That’s all. Bâtis tout en rudesse sur un batterie rêche et dominatrice, les anglais ont la rage à l’abdomen et des lances sous les ongles. Balançant un screamo punk urgentiste à qui veut bien l’entendre, Crocus porte la guitare en bandoulière et fusille sans sommation dans un torrent électrique qui n’est pas sans rappeler les fureurs de Kobra Kahn ou d’Orchid. Crocus disperse, disloque, dis "meurs" !
Au cœur d’un charnier de 5 titres aussi bref qu’intense, Crocus hurle, la bave aux lèvres, le riff féroce prêt à déchirer le derme des amplis. Dans la lignée de Saetia pour l’esthétique torsion des cordes ("When Your Own Heart Asks"), ou de Takaru pour sa capacité à cogner sans relâche, Crocus est un groupe de hardcore amoureux des arpèges emo (On s’enterrerait avec l’intro de "Merit Lies" rien que pour être sûr de ne jamais la perdre). De là, un incroyable contraste entre passages punk avec up tempo dévastateur, et geysers emoviolence épiques clôturés par des mélodies affligées de tristesse ("Eight Great Fears").
Dans les habitudes populaires, lorsqu’un objet tombe d’en haut et que quelqu’un s’écrit "attention!", instinctivement, on met les deux mains sur sa tête pour se protéger. Crocus possède ce côté "masse brute qui tombe avec fracas", mais il se moque de ces deux bras de sécurité. Crocus déboîte les clavicules et s’en sert comme baguettes.
The Worst Kind Of Joy Is Hope: Livré avec du plâtre.
A écouter : "When Your Own Heart Asks", "Merit Lies"