Amis friands de Brutal Death Metal d'un autre siècle, ne cherchez plus votre nouveau classique : je vous l'apporte sur un plateau d'argent. Second album du combo français Creeping Fear, le bien nommé Hategod Triumph va vous occuper durant ses 35 minutes. Et bien plus longtemps que ça d'ailleurs, car on aura du mal à se contenter d'une seule écoute.
Pourtant, rien d'extraordinaire sur le papier : du Brutal Death Metal pour fans d'Immolation, Cannibal Corpse et Hate Eternal. Là où ça devient intéressant, c'est qu'on remarque que le groupe a mis les moyens : artwork par Paolo Girardi (qui a bossé avec Inquisition, Firespawn, et un certain Stortregn dont vous devriez entendre parler d'ici peu), masterisé par Dan Swano et sortie une chez Dolorem Records qui, on le sait, ont le nez creux. On peaufine les détails, on ne laisse rien au hasard et à première vue, Hategod Triumph présente bien avec son artwork venu tout droit d'un niveau de Doom et sa production plus robuste qu'un Balrog. Et l'écoute ne déçoit pas : j'ai été accroché en deux minutes par le premier single dévoilé par le label, Hate Crush Consume, qui aligne les riffs les uns derrière les autres comme peut le faire un certain trio américain : Dying Fetus. Excusez du peu ! Le feeling est similaire dans la composition, la façon dont les riffs s’emboîtent alors que la voix de Clément Ducouret rappelle plus Misery Index. En gros : ça défonce.
Oui ça défonce, mais proprement, de façon très carrée et méthodique, avec des blasts propres et des breaks lourds, conçus pour casser le pit. On sent qu'on a affaire à des professionnels qui connaissent bien leur art, peaufiné en dix ans d'expérience. Creeping Fear emprunte allègrement aux poids lourds US cités plus haut, réussissant à s'approprier le genre sans être redondant ou académique. Les racines sont évidentes mais suffisamment bien mélangées pour rendre le tout pertinent et efficace. L'efficacité est par ailleurs le maître mot pour décrire ce Hategod Triumph qui va droit au but, sans jamais se perdre en chemin. Tout est taillé d'un seul bloc, cohérent, massif. Une production sans aucune délicatesse mais qui ne manque pas de classe pour autant, tant le soin apporté à l'ensemble saute aux yeux et aux oreilles. J'insiste sur cette prod' puissante qui fait sonner les palm mutes comme des coups de massue, réussit à mettre en avant le chant sans reléguer les instruments à l'arrière plan et laisse une place immense à la batterie. Pile ce qu'il faut d'organique et de moderne, un équilibre superbe.
Aucune raison de bouder cette très bonne sortie de fin de premier trimestre, qui promet de prendre une toute autre dimension une fois sur scène et qu'on appréciera encore plus une bière trop chère à la main. Qui finira de toute façon renversée sur le ciment collant de la salle de concert, chauffée à blanc par le Brutal Death Metal impérieux de Creeping Fear. Bientôt, on l'espère.
A écouter : Hate Crush Consume, We Belong To The Crypts