Parmi les quelques centaines d'albums de punk qu'il m'a été donné d'écouter, Lost at sea figure dans la liste de ceux que j'affectionne tout particulièrement, ceux que l'on peut écouter sans s'en lasser, et ce pendant des années.
Une critique difficile, donc, d'autant plus que l'originalité de l'album -qui fait toute sa grandeur, par ailleurs- ne rend pas la comparaison aisée. Lost at sea va en particulier dérouter ceux qui connaissaient Homecoming, leur opus précédent, un album typé, pêchu, rapide, avec des chansons phares ("Who am I").
Dans leur dernière création, le tempo ralentit, le son s'adoucit, moins brut et plus travaillé -et une nouvelle orientation musicale est recherchée. Un album osé donc, tellement il marque une nette rupture avec Homecoming.
La réussite de l'entreprise tient avant tout à la recherche d'un son neuf, personnel, où l'on sent que les arrangements (réverbe, pédale wah wah, son étouffé, lointoin, voire effacé...) ont grandement contribué à créer cette ambiance particulière qui imprègne l'ensemble de l'album. Ajoutez à cela des choeurs variés et omniprésents (féminins, parfois religieux -cf "Glory"), une voix très typée et nasillarde, le recours occasionnel et habile à des instruments peu conventionnels (violon, synthé...), et le choix d'une ligne mélodique originale, surprenante, et vous obtenez un mélange riche, subtil et harmonieux, se situant aux frontières du punk rock "standard".
Ceux qui ne sont pas effrayés par l'originalité pourront écouter d'urgence cet album peu conventionnel, il est vrai, mais exceptionnel et quasiment parfait sur le plan technique d'une part, parce que Craig's Brother s'est approprié UN son, et sur le plan émotionnel d'autre part, car la ligne mélodique, superbe et inhabituelle, ne peut laisser indifférent.
Un album différent donc, qui sort des sentiers (re- et re-) battus et qui mérite à être connu et reconnu.
A écouter : Lullaby; Divorce; Falling out