Biographie

Cowboys In Scandinavia a pour objet de réunir un panel d’artistes folk venus du nord de l’Europe. Sorti à l’initiative du label indie parisien Fargo, le disque regroupe aussi bien des artistes confirmés que d’autres non signés, autant d’inédits que de titres plus anciens.

Chronique

The New Folk Sounds From Northern Europe ( 2006 )

  Il faudra vous y faire, les pays du Nord de l’Europe sont omnipotents en matière de musique. Après le Black Métal, le Death Métal, le Doom Métal, le Hardcore, le Punk Rock, l’Indie Rock, le Disco (eh oui Abba !), le label parisien Fargo a eu la riche idée de mettre en avant sur cette compilation le fourmillement septentrional de la scène Folk. Les cowboys débarquent en Scandinavie. Voilà un oxymore judicieux (en référence au Cowboy In Sweden de Lee Hazlewood en 1970) qui excite allègrement la curiosité, notamment en raison de la source d’inspiration poétique et décisive que peuvent représenter les grands espaces nordiques chez les artistes de tout bord.

  S’il fallait choisir un qualificatif pour ces 19 titres, ce serait probablement "éclectique". Non pas en raison d’une multiplicité de styles, mais plutôt  de la variété des parcours, ou de l’expérience des prétendants. On trouve par exemple des parrains de choix, tel Christian Kjellvander et son Allelujah aussi intimiste que mélancolique, morceau typique de ce que peut apporter la "scandinavian touch" au genre : poésie et amplitude. Le constat est identique pour Mattias Hellberg, songwriter à la voix cassée et habitée. Issu de son premier album solo, Power Failure fait montre d’un talent mélodique des plus grisant et touchant. Mais cette compilation n’aurait pas été complète rayon poids lourds sans Kristofer Aström. Oh, Lord est un petit bijou folk rock digne des Byrds, entraînant et revigorant au possible.

  Vient ensuite le lot des découvertes enthousiasmantes. Tel est le cas pour le groupe Tarantula, qui nous propose sûrement le morceau le plus riche orchestralement avec ses nappes de claviers douloureuses et son violoncelle grave, supports idéaux du spleen guitaristique et vocal de Markus Svensson et Robert Johansson. Le groupe Junip est tout aussi intéressant avec sa reprise du Ghost Of Tom Joad de Springsteen, mais le travail solo de son chanteur marque nettement plus les esprits. Le timbre de José Gonzalez attire indéniablement l’attention sur Save Your Day, brillant reliquat des travaux des regrettés Elliott Smith et Nick Drake. Les fils spirituels de Neil Young ont aussi un comptoir scandinave avec le duo Johnossi ou encore Tobias Fröberg, qui nous offrent des titres épurés aux sonorités 60’s respirant la sincérité. Dans la catégorie à suivre de prèsThe Lancaster Orchestra et Saint Thomas ont une place toute faite avec leur énergie folk rock yankee/bluesy, tout comme les douces Britta Persson et Johanna Berhan, petits bouts de femmes armés simplement d’une guitare et de leurs voix chaudes.
  Il convient de mentionner enfin les artistes country/rednecks ayant trouvé refuge loin des terres arides de l’Idaho. Ceux-ci (Christer Knutsen, Motorpsycho…) sont réservés avant tout aux amateurs de chique et qui ont la santiag qui les démange, cela va sans dire. Cependant, cette musique ayant un fort caractère populaire quasi-traditionnel, il s’en ressent un fort décalage vis-à-vis du reste de la galette qui met en exergue toute la sensibilité des songwriters d’Europe de Nord.

  Joli florilège au final que ce Cowboys In Scandinavia. Fargo a su regrouper de manière habile les différentes tendances de cette scène en pleine émergence là-haut. Non seulement les grands noms nous régalent, mais on y fait de surcroît des découvertes agréables, ce qui est le propre d’une compilation remplissant sa mission. Reste maintenant à suivre le parcours des différents protagonistes, nul doute que Fargo saura nous y aider.

Ecouter : quelques extraits sur cette page.

A écouter : Allelujah, Power Failure, Browngreen Pounding Eyes, Save Your Day.