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Biographie
Cowards est un groupe de Hardcore anxiogène composés de membres de Sickbag, Death Mercedes, Hangman's Chair, Eibon, Glorior Belli, Dacast et Colossus Of Destiny. Un premier effort nommé Shooting Blanks&Pills, puisant son inspiration autant dans Kickback que chez Eyehategod, sort en 2012 conjointement chez Hellbound Records et Throatruiner Records. Chez Cowards, on est productifs. En plus de nombreux concerts en France et à l'étranger les Parisiens sortent en 2013 un EP, Hoarder, suivi deux ans plus tard de leur premier album, Rise To Infamy et d'un nouvel EP en 2016, Still. Celui-ci sort début décembre chez Throatruiner Records et Terrain Vague en LP et Deadlight Entertainment en CD.
Trois nouveaux morceaux, trois tueries.
Still, accrocheur, ambiancé et nauséeux. « Throatruiner tatooed on my cock », direct et efficace dès le départ, ambiancé et glauque dans sa seconde partie, à l’instar de morceau comme Grand Failure sur Shooting Blanks And Pills ou Where Lies The Anchor sur Hoarder. Let Go, rampant, mélancolique, mélodique et désespéré, avec un bon vieux pont casse-nuque typique du groupe, commence comme Scarce de Shooting Blanks And Pills) et repart sur la route de Low Esteem de Rise To Infamy. Like Us, un morceau à part dans la discographie du groupe : monstrueusement bourrin et accrocheur, (« débile et hostile » qu’ils disaient, c’est réussi) avec le premier feat de l’histoire du groupe : Matthias de Calvaiire et sa voix de dégénéré.
Deux reprises, deux chefs d’œuvre.
L’art de révéler un second degré de lecture aux textes d’un morceau un morceau n’aura jamais été aussi réussi à mes yeux que pour la reprise du classique Every Breath de Police. La chanson passionnée d’amour filial écrite par Sting de Police pour son fils devient You Belong To Me, récit de stalker obsessionnel et angoissant et sans doute le morceau le plus malsain du répertoire de Cowards, un coup de maître.
On retrouve toujours Francis Caste aux manettes car on ne change pas une formule qui marche : la production est énorme, avec une section basse / batterie toujours aussi saisissante, élément majeur de l’identité sonore du groupe. Certains y verront un nouveau clou planté dans le cercueil du Hardcore français (« que le Hardcore français repose en paix » n’est-ce pas ?), d’autres y verront juste un putain de bon album de plus. Voire leur meilleur à ce jour.
Décidément, ils ont tout niqué.
Nous y revoilà…
L’ascension suit son cours, de la lourdeur d’un Hoarder, nous sommes passés à l’urgence, à la frénésie, et ce dès les premières secondes de Shame Along Shame ou de Frustration Is My Girl.
Du moins en apparence.
En effet, un jeu de contraste assez incroyable se dessine tout au long de l’album : dissonance malsaine sur certains morceaux (Wish For Infamy et Low Esteem), lignes de basses et rythmiques hypnotiques sur d’autres (le pont de So Easy), voire le tout combiné en un morceau (Frustration Is My Girl).
De façon plus pragmatique, si l’on veut parler de mélange des genres : les tempos Black Metal (l’intro de Low Esteem) côtoient les mid tempos écrasants (l’intro de So Easy) ; le Post-Hardcore le plus torturé (Shame Along Shame) cède parfois le pas au Grind baigné de larsens (Bend The Knee)… Et la liste pourrait s’allonger.
Plus audacieux dans ses choix artistiques (on parfois a le sentiment de passer de Celtic Frost période Monotheist à Alice In Chains sur le même morceau sur Beyond My Hands par exemple), plus mélodique (avec le refrain incroyable du morceau Anything But The Highroad), Cowards signe ici un sans-faute.
Chaque morceau possède une histoire, une identité forte, tout en maintenant une cohérence globale qui fait de cet album un véritable monolithe. Dense, violent, et dans le même temps plus accessible et efficace que les productions précédentes du quintet.
Mélancolique, agressif, mélodique, désabusé, jouissif.
“Welcome To The Birth Of The Sadistic Son”.
Près d’un an après sa première apparition, Cowards est de retour. Jusqu'ici tout va bien.
« Je me ferai des entailles par tout le corps »
Sauf qu’entre temps, il s’est passé des choses comme Fork Out et Old City.
« Je me tatouerai, je veux devenir hideux »
Ah… Là ça devient différent. Au bout de quelques secondes tout est déjà très clair. On est là pour se faire arracher les dents. Sans anesthésie.
« Tu verras, je hurlerai dans les rues. »
On va laisser de côté les incessantes comparaisons à Kickback et consorts, il s’agit là de découvrir un groupe sous un jour nouveau, riche d’un univers bien singulier. On y croise Lovecraft, mais aussi la rue qu’on piétine tous chaque jour, la nausée face à la tiédeur environnante, vous, moi, eux… Sans étendard à défendre sinon celui des hommes simples, isolés, dans l’ombre.
Revisitant 16 Horsepower, donnant au sublime et désespéré Blessed Persistance des allures de véritable marche funèbre, alternant entre la lourdeur la plus pure (Old City) ou la frénésie et la rage à son plus haut (Fork Out) et ce jusqu'au nauséeux, soulignant les accents plus torturés et black metal du groupe (Where Lies The Anchor), Cowards nous emmerde et nous nique la gueule. Il se peut que ça fasse bien plus mal que la dernière fois.
Alors forcément, on va tendre l’autre joue. Encore une fois. « Je veux devenir bien fou de rage ».
Ce qui est bien avec les sorties Throatruiner Records, c'est que tu sais direct où tu mets les pieds. Et ici, tes semelles, tu vas les traîner dans les ruelles crasseuses qui blairent la pisse et la gerbe. Le genre d'endroit dégueulasse et malsain alors que même les ivrognes, les clochards et les dealers préfèrent les éviter. Mais si tu te sens assez téméraire pour t'y risquer, alors tu peux toujours tenter le premier album des parisiens de Cowards.
Suffit de jeter un œil à leur CV long comme une aiguille de camé. Citons uniquement Sickbag, Hangman's Chair et Glorior Belli pour que tu saisisses bien les desseins de Cowards, nouant des liens sordides entre Black Metal, Hardcore et Sludge. Shooting Blanks And Pills est le point de croisement entre ces groupes et qui mieux que Kickback pour en faire un rapprochement plutôt évident avec ces riffs vicieux et le chant vomit parfois proche de celui de Stephen Bessac (Hoarse From The Get Go). Côté influences, en dehors de Kickback (qui ne se ressentent pas tant que ça en fin de compte) et de la filiation avec les groupe suscités, ce qui se fait de mieux en matière de saleté parisienne, Cowards arrive quand même à avoir une identité propre. Rien de particulièrement surprenant pour les habitués de ce genre de son, mais un tout cohérent et homogène.
Shooting Blanks And Pills, c'est La Nausée de Sartre, L'Étranger de Camus traduit en sons infects. Un Paris vicié jusqu'à l'os, comme autant de plaies béantes et suppurantes. Les relents de caniveaux, les putes et les drogués qui arpentent les trottoirs, les voix haineuses qui t'interpèlent, l'air se fait lourd et oppressant chargé de spiritueux frelatés, puis les coups pleuvent à l'aveuglette, en traître (Last Card). Les instruments y ont raclés la moindre saleté des pavés. Ca craque et ça suiffe de partout dans un rendu presque grossier, avec une basse grondante qui éventre les amplis, une batterie étouffée et des dissonances nauséabondes. Scarce pour y révéler ses angoisses, comme un bad trip, avec les cordes rampantes, dépravées qui finissent dans un groove faussé, maladif alors que Vices&Hate ou l'expéditif Arrogant, Unseen en sont ses opposés par ses décharges d'ultra-violence épidermique. C'est là qu'on se rend compte que Cowards est capable de passer d'atmosphères suintantes, vicieuses et dépressives à d'autres coups frontaux frénétiques qui font très très mal.
Shooting Blanks And Pills n'est peut-être pas le truc le plus original que tu aies écouté cette année dans les disques affiliés Hardcore, mais il se dégage de cet album ce truc sale et poisseux, ces ambiances lourdes et pesantes, cette intensité maladives qui sort des tripes et te colle au basques. Pas moyen de s'en défaire, Cowards frappe à grand coup, avec un disque sans compromis et dont on espère encore d'autres coups de poignards dans le dos.
A écouter : Hoarse From The Get Go, Scarce
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