Sous cet artwork psychédélique et cette magnifique contrepèterie en guise de titre d'album, se cache rien de moins qu'un des meilleurs albums français de métal décalé de ces 10 dernières années. Sorti dans l'anonymat presque complet en 2006, Costa Gravos signera là son premier et dernier album, puisque le groupe splittera en 2010, et laissera déçu par la même occasion un public de fans certes restreint mais complètement conquis.
Se définissant volontiers comme un groupe de "Happy hardcore, faisant côtoyer un death-metal hargneux et une bossa-nova lancinante, le tout saupoudré d'un humour caustique", nos 4 lillois nous proposent ici un concentré de titres puissants, décalés, souvent drôles, jamais ennuyeux que vous n'oublierez pas de si tôt. Difficile exercice que de mélanger habilement salsa, trash, jazz, reggae, grindcore et musette (et bien d'autres encore), encore plus difficile que de créer l'alchimie entre ces différents genres au premier abord in-mélangeable. Un pari un peu fou, que beaucoup ont essayé mais peu ont réussi, et bien Costa Gravos peut se vanter d'avoir ajouté son nom à la longue liste des groupes ayant bravé la bienséance musicale.
En plus d'être franchement funs, les titres de Sick My Duck (je m'en lasse pas) ne déméritent en rien niveau son, et on sent bien que les gugusses maîtrisent leur sujet. Que ce soit la basse, la guitare, la batterie et autres samples poilants, tout est vraiment
bien foutu, mention spéciale au chant, qui trouve toujours sa place et s'adapte aux différentes ambiances des morceaux. Un frontman se situant quelque part entre Patton pour les vocalises et Annie Cordy pour les facéties. Chapeau bas monsieur.
Sans jamais être indigestes, les titres s'enchaînent et ne se ressemblent pas, "Love me tender my sweet babe" et ses envolées romantiques ponctuées de samples, ses interventions parlées vraiment drôles, et sa fin jazzy du plus bel effet. Crack down, propose un bel aperçu de ce que peut délivrer le groupe en 4 minutes 30 : du lourd, du funky, du débile ; basse, guitare et synthé s'en donnent à cœur joie, même sa fin toute en nuances de mongolito death metal est un petit bijou d'inventivité. Haha. Viennent Rookoo et Big blow, ou comment imposer et confirmer son style unique en deux titres, c'est poilant, c'est bien fait et ça déménage ! Enfin, Under the sun, sorte de reggae métal aux accents exotiques, vraiment excellente à tous points de vue, peut être la meilleure chanson de l'album, qui vous fera aimer le reggae, et encore plus Costa Gravos. Tout est permis sur ce titre : du ragga, de la musette, du disco et même un léger sample de MrOizo, vous vous souvenez la peluche jaune qui fume des knacki ? Jouissif. La tension monte, monte et le groove de la basse se substitue progressivement à du brutal death bien gras, pour retomber à dix milles lieues de là, avec un bon reggae des familles entêtant juste avant un trèèès long passage hypnotique à la basse. Brillant.
Presque un sans faute pour Costa Gravos, seul le peu de titres (7 seulement) vient faire un peu tâche, mais bon pour un album auto produit, ils s'en sortent vraiment haut la main. A conseiller à tous les fans de "n'importe quoi core", qui trouveront plus que leur compte avec ce premier et dernier album des lillois qui n'ont vraiment pas froid aux yeux ! Revenez !
A écouter : Comme une thérapie contre l'ennui...