Converge

Hardcore Chaotique / Punk / Metal

États-Unis

All We Love We Leave Behind

2012
Type : Album (LP)
Labels : Epitaph Records
Produit par : Converge
Tracklist
01. Aimless Arrow
02. Trespasses
03. Tender Abuse
04. Sadness Comes Home
05. Empty on the Inside
06. Sparrow's Fall
07. Glacial Pace
08. No Light Escapes (Bonus)
09. Vicious Muse
10. Veins and Vails
11. Coral Blue
12. Shame in the Way
13. On My Shield (Bonus)
14. Precipice
15. All We Love We Leave Behind
16. Runaway (Bonus)
17. Predatory Glow

Chronique

par Tang

Tiens, tiens. Les Bostoniens nous ont habitué depuis Jane Doe à pondre un album tous les trois ans en moyenne, un rythme de croisière en somme. Et on aura beau dire, la qualité a toujours été au rendez-vous. Quoi qu’il advienne, Converge s’arrache régulièrement les tripailles afin de nous envoyer à chaque offrande une décharge de violence profonde et purement intense. Ce fut peut-être un peu moins le cas avec le dernier objet long en date (Axe To Fall), garni en featurings relativement dispensables et qui semblait hésitant dans son approche créative, agrémenté de sonorités Metal plus ou moins affirmées dans ses compositions. Malgré ce léger coup de moins bien, ce Hardcore-là reste une valeur sûre et absolue, les prestations scéniques des bonhommes en attestent toujours généreusement, après une petite vingtaine de piges d’activité ininterrompue.

All We Love We Leave Behind pointe le bout de ses crocs, respectant le laps de temps naturel entre chaque sortie, cette fois sans invités aucun. Il faudra peut-être un petit moment à certains sceptiques pour apprécier le titre d’entame (Aimless Arrow) à sa juste mesure. Morceau qui finalement apparaîtra comme le viol auditif essentiel dans le cadre d’un début d’album convergien. Ballou s’est d’ailleurs surpassé à la production pour le groupe de sa vie. Un travail qui rappellera celui effectué sur You Fail Me mixé à celui de No Heroes, un poil rehaussé sur les guitares et foutrement bien équilibré, précis et organique, enregistré en direct, sans effets ajoutés.

Désormais, ces messieurs assument totalement leurs accointances métallisées et intègrent fréquemment des éléments Thrash, Death tirant sur le Grindcore, ou même Stoner. Des séquences exécutées de manière impériale sur le furibard Trespasses, l’intransigeant et somptueux Sadness Comes Home, le militarisé Empty On The Inside, le crasseux Shame In The Way ou encore le massif et mélodique Coral Blue sur lequel Bannon nous susurrera quelques mots doux. N’apparaissant  que sur l’édition "Deluxe", les grinçants et véloces On My Shield et Runaway méritent également un bon point, tout comme No Light Escapes, sorte d’introduction au viril et crusty Vicious Muse. Le bien nommé Precipice fera office de respiration dépressive bienvenue avant d’attaquer un titre éponyme flamboyant, investi par la voix écorchée de Bannon et le martèlement tribal de Koller, continuellement bluffant et bouleversant dans son jeu. Ballou et ses guitares prennent aussi de l’ampleur, s'alourdissent en alignant des plans et soli judicieusement dosés à faire pâlir un chevelu un tant soit peu agile de ses phalanges. Les cordes épaisses de Newton s’expriment tout aussi grassement sur la totalité de l’objet et le garçon en profite pour expulser toujours plus de bile vocale granuleuse ici ou là. Predatory Glow, assez proche du To The Lions de No Heroes dans sa structure, achèvera l’auditeur dignement, sans s’étaler, sans tenter de reproduire le morceau-fleuve et chef d’œuvre incontesté Jane Doe. Faire tourner All We Love We Leave Behind en boucle deviendra alors un geste simple quasi inconscient, un automatisme.

Comme s’il en avait encore besoin, le hardcore bien à lui de Converge semble se libérer davantage et bouffe à tous les râteliers, tout en gardant son identité, son intégrité. L’inspiration et l’émotion sont là, plus que palpables, prêtes à exploser à la gueule de nos esgourdes au moindre virage impromptu, à la moindre cassure… L’ombre de Jane Doe plane sur ce disque. On y retrouve une spontanéité et une fragilité sensiblement émoussées après You Fail Me, et la surprise reste inaltérable malgré un nombre incalculable d’écoutes. Ce huitième long format prouve que les ressources ne manquent pas au fameux quartet de Boston, illustrant brillamment sa capacité évidente à se renouveler. Le verdict est sans appel : Converge demeure plus que jamais indétrônable, transpirant la sincérité, tutoyant l'excellence.

17

A écouter : 1

L'édition "Deluxe" d'All We Love We Leave Behind est disponible à l'écoute sur deezer et spotify.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 17.39
Avis 35
James Sunderland October 26, 2016 20:41
Bah franchement pour ma première incursion chez Converge c'est plutôt convaincant, je sais pas quoi dire d'autre de constructif à part que l'album est assez varié mine de rien.
16 / 20
MegaMotörFlames January 6, 2014 20:30
Un album plein de belles choses: de superbes mélodies, des riffs furieux sur lesquels viennent se poser des hurlements toujours nuancés, entre grognements plaintifs et discours craché, forgé par haine vomitive.

Les interludes sont magnifiques et mettent bien en valeur les titres suivants. Ayant moi même perdu mon chat récemment, cet album m'a aidé à me reconstruire.



ALL WE LOOOOVE... WE LEAVE BEHIIIIND....



Le Hardcore
19 / 20
Max Taré December 11, 2013 19:58
Après le Axe to Fall, je me disais, mais qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir faire ? Quels riffs imaginer, quels sensations exprimé ?

J'avais l'impression d'un début de pente descendante. A la poubelle la branlette de cerveau.

Masterpiece.
17 / 20
metgopsypeth123 October 13, 2013 07:43
L'album le plus abouti de Converge à ce jour et je ne me suis toujours pas remis de la fessée que j'ai pris.

Le groupe évolue, encore et encore sans perdre une miette de son ADN et prend au tripes à chaque seconde.

Passer de Trespasses à Sadness comes home c'est que du bonheur!
19 / 20
Ark Age January 4, 2013 22:56
Converge se tourne vers du plus audible depuis You Fail Me, et AWLWLB est le plus audible des Converge (Axe To Fall n'était pas un album de Converge pur jus). Oui, on peut le dire, les rois du hardcore/punk/metal font du metalcore (ou presque)... mais bon sang, si tout les groupes de metalcore étaient de cette trampe alors le style n'aurait pas été autant sujet à polémique.

Des morceaux qui tuent, de la 1ere à la dernière minute le groupe ne lâche rien, même Coral Blue et Precipice ne sont que des respirations claustrophobies qui permettent au groupe d'enfoncer le cou la seconde d'après.

Les rois sont toujours là.



Coup de coeur : Aimless Arrow, AWLWLB, Sadness Comes Home, Vicious Muse
17 / 20
JcKmAr December 29, 2012 12:45
A l'écoute de cet album, je me demande comment j'ai pu passé à côté de ce groupe pendant si longtemps. Niveau Metalcore, j'ai été assez déçu par Parkway Drive et son Atlas un peu mou et en manque d'inspiration. Mais parler de Metalcore pour Converge, c'est un peu une injure. On est plutôt dans un Hardcore furieux chaotique (dans le style Dillinger Escape Plan) avec une grosse touche émotionelle.



Je ne parlerai pas de l'évolution du groupe au fil des albums puisque c'est le premier que j'écoute. Cet album m'a sidéré, je l'ai écouté une fois puis 2 et encore et encore...Le côté addictif, c'est la marque de fabrique du groupe à ce qu'on m'a dit.



Le hardcore c'est pas vraiment ma came, je suis loin de ma zone de confort quoi. Mais les découvertes et l'expérimentation est ce qui me motive dans la musique extrême. Bien m'en a pris ! Ca démarre sur un Aimless Arrow qui cloue direct l'auditeur sur place, quel énergie ! Et ce chant "borderline" de Banner ! Le mec est constamment en train de s'arracher les tripes et de jouer sa vie sur chaque ligne de chant. Puis vient le 2ème titre Trepasses qui me permet de souligner un fait intéréssant dans leur musique : l'influence Metal. Le début de ce titre est typiquement Thrash/Death avec une grosse double basse, ça marche du tonerre chez moi. Les guitares alternent souvent avec des riffs indescriptibles (indescriptibles parce que je dois manquer de vocabulaire Harcore guitaristiquement parlant) et des grosses lignes Thrash. On a limite du Stoner avec Sadness Comes Homes ou un truc vachement plus posé et plus chargé en émotion avec Coral Blue ou le titre éponyme.



All We Love We Leave Behind est d'ailleurs le gros tube de l'album. Les paroles, écrites par Banner, sont basés sur la perte de son chien (vu en Interview). Franchement quand je le vois sur scène, il devait vraiment bien le kiffer son chien. Bref, on sent vraiment que l'équipe respire vraiment avec leur musique.



L'autre gros point c'est la prod. Kurt Ballou a fait un miracle. J'ai pratiquement jamais entendu un mix aussi bien équilibré, avec un énorme son. Et ces guitares "raw" pouah !



Jetez vous dessus. Jvais tenter de me faire la disco du groupe. Mais je dis ça à chaque grosse découverte, mais pour Converge, je vais me motiver.
18 / 20
Musi December 25, 2012 11:52
Toujours différent, toujours aussi bon. Jamais je n'avais pu rentrer a ce point dans un album de converge. Un des albums majeurs de l'année pour moi.
19 / 20
arnaldo17 December 13, 2012 11:59
Très bon album ! Un bon mélange de mélancolie et d'agressivité avec quelques titres plus calmes pour directement replongé dans l'enfer convergien.



Coup de coeur : Tender abuse
17 / 20
karjim November 27, 2012 15:25
Découvert ce groupe avec Axe to Fall et ce frénétique Cheval Noir, je n'ai jamais vraiment été fan.

Mais celui là il est vraiment marrant, les tempos changent un peu plus ca fait du bien. Je ne suis pas un spécialiste du Converge, j'en écoute de temps en temps, mon avis n'est pas celui d'un spécialiste qui suit l'évolution d'un groupe

Ca reste rockn'roll surtout et c'est ça qui me plait, ca ressemble vraiment aux premiers Mastodon par moment (Glacial Place), j'ai un peu souffert pour arriver à la fin. Le chaos ça fatigue.

La prod est sympa et les grattes "uncut" sont à tomber de dégueulasse.
12 / 20
Radioshack November 23, 2012 22:53
Je découvre réellement Converge avec cet opus (Jane Doe n'a pas été ma tasse de thé, on va dire) et j'accroche beaucoup mieux même si j'ai toujours du mal avec leur musique. Coral Blue et le morceau éponyme sont vraiment épiques.
14 / 20
Jiwah November 23, 2012 11:35
Alors qu'on pouvait craindre que les bostoniens soient en manque d'inspiration après avoir tout donné sur "Axe To Fall" il y a 3 ans, les américains nous livrent finalement un album intensément bien ficelé ! Dès le premier titre on retrouve Converge à son plus haut niveau, fidèle à lui même mais néanmoins toujours aussi efficace ! Cette album est tout simplement un must-have du genre à écouter et réécouter impérativement avant la fin du monde !!
18 / 20
Fcp November 23, 2012 11:26
J'ai eu une sensation de déception un peu bizarre au début, n'ayant jamais retrouvé l’énergie d'un Jane Doe, la mélancolie d'un You Fail Me, ou le ravage d'un No Heroes. Mais finalement c'est parce que All We Love We Leave Behind est un parfait condensé de tout ça, peut être même meilleur que Axe To Fall.



Alors c'est toujours aussi bon, mais Converge n'arrivent plus à me retourner le cerveau même s'ils continuent à me mettre des claques. Ça ne surprend plus vraiment et le son, de plus en plus travaillé, perd un peu son aspect chaotique qui faisait, à mon sens, le charme de Converge.



Ça reste quand même un des pionnier du genre, incontestablement.
14 / 20
arnorock November 23, 2012 08:23
Converge délivre certainement son meilleur album depuis Jane Doe. Complètement indispensable
18 / 20
iamtheendoftheworld November 22, 2012 23:18
Album magnifique d'un groupe qui navigue toujours autant dans des contrées inclassables, mariage parfait entre furie et sensibilité !
19 / 20
jeanphiganj November 22, 2012 17:50
surement un des meilleurs albums de Converge

J'aime bien la tournure un peu rock'n roll de certains titres un peu plus calmes (sur la 2ème moitié de l'album)

J'aime aussi les gang shot avec le bassiste

Superbe cohésion d'ensemble

chapeau les vieux!
17 / 20
kronembourgeois November 22, 2012 04:38
Bon album, un peu plus accessible et moins bordélique, avec quelques retour aux sonorités punk. Je préfère nettement l'album précédent, mais ce All We Love We Leave Behind passe très bien et le style converge est toujours aussi bien maitrisé.
18 / 20
jfkool November 21, 2012 08:29
J'ai réussi à écouter du Converge à partir de Axe to fall. All We Love We Leave Behind est leur album le plus accessible, direct et accrocheur. Et ce son de gratte !!
16 / 20
HerEgen November 11, 2012 19:17
Excellent point de vue du Crapaud, qui me fait regretter de ne pas avoir inclut "sludge" et "Cursed" dans mes mots ;) C'est vrai ce disque est une punition, certainement le plus lourd et agressif de la disco, et l'aspect mélo en est davantage sublimé.



L'alchimie convergienne est entièrement de retour, ouais, augmentée d'un son toujours plus dense et travaillé. Une putain de merveille.

On révisera certainement la note à la hausse quand l'objet aura fait son bout de chemin...



Tang
18 / 20
mccormick November 11, 2012 10:22
Grosse baffe!! Un groove dévastateur et des mélodies entêtantes. Mon album du moment!
18 / 20
Electre November 2, 2012 19:14
Je rejoins la chronique de Craipo. Le groupe a trouvé l'unité qui me manquait dans les deux albums précédents. Converge forme ici un bloc indivisible. Et puis c'est puissant quoi, qu’est-ce que vous voulez à la fin... :) J'ai un petit coup de fatigue sur les titres 8-9-10 en revanche!
19 / 20
bing666 October 25, 2012 23:28
THE BAFFE! Un monument parfait de hardcore cardiaque!
20 / 20
Craipo October 24, 2012 20:24
Septembre 2012. Un bruit se répand un peu partout sur le net: "Converge arrive". Forcément quelques semaines plus tard Converge était là. A l'heure, comme toujours. Etant donné la notoriété - par ailleurs amplement méritée - du groupe, cela fait longtemps que l'effet de surprise est une expression qui a disparu du langage des kits promos comme des fans. Mais venons en aux faits. Le premier constat est sans appel: propulser "Aimless arrow", pourtant véritable petite bombe en puissance, en avant de ce neuvième (!) album quelques semaines avant la sortie c'était mesquin. Le caler, en prime, en ouverture d'All We LOve We Leave Bind, relève tout autant de la filouterie de bas étage. Ne restait plus qu'à offrir à tous un aller simple pour Imaginationland en cadeau bonus avec chaque disque acheté à la suite de cette unique écoute et la boucle était bouclée.



Pas d'inquiétude cependant, puisque les vétarans sont toujours là, droits dans leurs bottes et aisément identifiables, immédiatement reconnaissables au milieu de leurs mille clones en déficit chronique d'inspiration. Le truc, c'est qu'une fois remplie la clause du riff nerdy et cochées les cases émotion et déconstruction du contrat qui semble accompagner chaque sortie (réussie) d'un nouveau Converge depuis quelques temps, c'est tout simplement le boxon. Le vrai. Et que, bordel de merde à clous, ça fait un bien fou.

Du pur Converge en ligne droite, usant "Trespasses" comme agent de destruction pour jouer les Monsieur Propre dans son petit univers qui à force - et c'est un comble - commençait presque à nous devenir un peu trop familier. A ceci près que le quatuor annihile plus qu'il ne dégraisse. Le traitement est radical, effectué avec assurance et précision, sans regrets visibles. Le ton donné d'emblée. All We Love We Leave Behind pue le Metalcore (le vrai, hein, celui d'avant The End Of Heartache) à 15 bornes et ne déviera pas 38 minutes durant.



Avancer que le quatuor remet tout à plat pour prendre un nouveau départ serait exagéré. Considérer qu'il reprend (enfin?) un virage franc dans une direction clairement définie à l'occasion de ce All We Love We Leave Behind est certainement beaucoup plus approprié. Ce même genre de choix net et tranché que l'on n'attendait plus vraiment de la part d'un groupe qui campait à la perfection le rôle de l'éternel défricheur de zones d'ombre sur les frontières floues des musiques extrêmes contemporaines et à qui sa fanbase pouvait probablement pardonner absolument tout et n'importe quoi.



Cet énième opus entièrement pensé et enregistré en comité réduit emprunte donc la voie logique de la simplicité (relative) et de l'efficacité. Converge fait dans le brutal et le condensé, y compacte un Hardcore vorace vaguement dégingandé sous une puissance Metal écrasante ("Trespasses", "Shame in the way", la fessée thrash "Sadness comes home"). Les éclaircies sont aussi rares et rabougries ("Precipice", tout simplement) que le disque est court et le groupe, pour ne rien arranger, persiste - une fois n'est pas coutume - dans son choix de se priver de compos franchissant la barre des cinq minutes. Tout morceau s'en approchant trop dangereusement étant de toute façon consacré à une punition tempo-bas et en règle oscillant entre Metal Hardcore blindé de groove destructeur ("A glacial place"), Post-Hardcore viril, torturé et fédérateur ("Coral blue") et Sludgecore incendiaire façon Cursed plays "Jane Doe" ("Predator glow"). Seul le morceau-titre, vibrant, renoue véritablement avec la fibre du Converge des trois dernières sorties pour offrir un semblant de répit au milieu du carnage. Inutile de le cacher: la densité du machin fait un peu peur à voir, même pour les aficionados des gaziers.



En définitive les gars de Salem semblent en avoir pour l'instant fini avec leurs explorations tous azimuts et les faux-semblants pour pondre une grosse mine en bonne et due forme. Une sale bête de disque avec ce petit supplément qui n'appartient qu'aux très grands. Car quand Converge cogne ce n'est jamais tout à fait pareil. Je vous laisse imaginer un peu le rendu lorsque le combo décide de s'acharner...
17 / 20