Tiens, tiens. Les Bostoniens nous
ont habitué depuis Jane Doe à pondre un album tous les trois ans en moyenne, un
rythme de croisière en somme. Et on aura beau dire, la qualité a toujours été au
rendez-vous. Quoi qu’il advienne, Converge
s’arrache régulièrement les tripailles afin de nous envoyer à chaque offrande une
décharge de violence profonde et purement intense. Ce fut peut-être un peu
moins le cas avec le dernier objet long en date (Axe To Fall), garni en
featurings relativement dispensables et qui semblait hésitant dans son approche
créative, agrémenté de sonorités Metal plus ou moins affirmées dans ses compositions.
Malgré ce léger coup de moins bien, ce Hardcore-là reste une valeur sûre et
absolue, les prestations scéniques des bonhommes en attestent toujours
généreusement, après une petite vingtaine de piges d’activité ininterrompue.
All We Love We Leave Behind pointe
le bout de ses crocs, respectant le laps de temps naturel entre chaque sortie,
cette fois sans invités aucun. Il faudra peut-être un petit moment à certains
sceptiques pour apprécier le titre d’entame (Aimless Arrow) à sa juste mesure.
Morceau qui finalement apparaîtra comme le viol auditif essentiel dans le
cadre d’un début d’album convergien. Ballou s’est d’ailleurs surpassé à la
production pour le groupe de sa vie. Un travail qui rappellera celui effectué
sur You Fail Me mixé à celui de No Heroes, un poil rehaussé sur les guitares et
foutrement bien équilibré, précis et organique, enregistré en direct, sans effets ajoutés.
Désormais, ces messieurs assument
totalement leurs accointances métallisées et intègrent fréquemment des éléments Thrash, Death tirant sur le Grindcore, ou même Stoner. Des séquences exécutées
de manière impériale sur le furibard Trespasses, l’intransigeant et somptueux Sadness
Comes Home, le militarisé Empty On The Inside, le crasseux Shame In The Way ou encore le massif et mélodique
Coral Blue sur lequel Bannon nous susurrera quelques mots doux. N’apparaissant
que sur l’édition "Deluxe", les grinçants et véloces On My
Shield et Runaway méritent également un bon point, tout comme No Light Escapes,
sorte d’introduction au viril et crusty Vicious Muse. Le bien nommé Precipice fera office de
respiration dépressive bienvenue avant d’attaquer un titre éponyme flamboyant, investi
par la voix écorchée de Bannon et le martèlement tribal de Koller, continuellement
bluffant et bouleversant dans son jeu. Ballou et ses guitares prennent aussi de l’ampleur,
s'alourdissent en alignant des plans et soli judicieusement dosés à faire pâlir un chevelu un tant soit peu agile de ses
phalanges. Les cordes épaisses de Newton s’expriment tout aussi grassement sur la totalité de l’objet
et le garçon en profite pour expulser toujours plus de bile vocale granuleuse ici ou là. Predatory Glow, assez proche du To The Lions de No
Heroes dans sa structure, achèvera l’auditeur dignement, sans s’étaler, sans
tenter de reproduire le morceau-fleuve et chef d’œuvre incontesté Jane Doe. Faire tourner All We
Love We Leave Behind en boucle deviendra alors un geste simple quasi inconscient, un automatisme.
Comme s’il en avait encore besoin,
le hardcore bien à lui de Converge semble se libérer davantage et bouffe à tous
les râteliers, tout en gardant son identité, son intégrité. L’inspiration et
l’émotion sont là, plus que palpables, prêtes à exploser à la gueule de nos esgourdes au moindre
virage impromptu, à la moindre cassure… L’ombre de Jane Doe plane sur ce disque. On y retrouve une spontanéité et une fragilité sensiblement émoussées après You Fail Me, et la
surprise reste inaltérable malgré un nombre incalculable d’écoutes. Ce huitième long format prouve que les ressources ne manquent pas au fameux quartet de Boston, illustrant brillamment sa capacité évidente à se renouveler. Le verdict est sans appel : Converge demeure plus que jamais indétrônable, transpirant la sincérité, tutoyant l'excellence.
A écouter : 1
L'édition "Deluxe" d'All We Love We Leave Behind est disponible à l'écoute sur deezer et spotify.
Bah franchement pour ma première incursion chez Converge c'est plutôt convaincant, je sais pas quoi dire d'autre de constructif à part que l'album est assez varié mine de rien.