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Biographie

Conan

Liverpool 2006, Richie Grundy (Batterie) et Jon Davis (Guitare / Chant) fondent Conan, au départ un duo Stoner / Doom / Sludge. Rejoints par John McNulty (Basse / Chant), ils enregistrent un ep Battle In The Swamp en 2007. Après des difficultés de line-up, ce n'est qu'en 2010 que le groupe se stabilise avec l'arrivée de Paul O'Neill à la batterie et Conan enregistre une démo ainsi que l'ep Horseback Battle Hammer chez Aurora Borealis Records et Throne Records. John quitte le groupe en 2011, remplacé par Dave Perry avec qui ils sortent uniquement un split avec Slomatics la même année. Phil Coumbe rejoint les rangs fin 2011. En 2012, leur premier album Monnos parait chez Burning World Records et qui voit naître les références à Sunn O))), Sleep et Yob. Le groupe est présent au Roadburn 2012 dont la captation sort en 2013 sur le label du festival. Un split avec Bongripper voit le jour la même année. En 2014 Conan sort un second effort, Blood Eagle, chez Napalm Records et se produit une seconde fois au Roadburn. Chris Fielding prend le poste de bassiste dans le groupe à cette époque tandis que le groupe se voit jouer sur la scène du Maryland Deathfest et du Psycho California. 2016 marque la sortie de Revengeance, toujours chez Napalm Records, puis c'est Existential Void Guardian qui voit le jour deux ans plus tard avec l'arrivée d'un nouveau batteur, Johnny King (également membre de Malthusian). 

16 / 20
8 commentaires (15.13/20).
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Existential Void Guardian ( 2018 )

Alors que beaucoup de formations Doom enfumé (nous) plongent volontiers dans la torpeur, Conan garde toujours son étoffe de guerrier et brandit des compositions frontales, plus encore qu’auparavant avec ce Existential Void Guardian qui signe un nouveau sans faute de la part des Anglais. Tout simplement parce que la tracklist apporte son lot de parpaings immédiats, et parce que chaque musicien est une pièce maîtresse de ce qu’est Conan, une machine de guerre venue pour te rouler dessus à chaque écoute. 

D’abord, être batteur dans un groupe de Doom ça peut très bien être le rôle pépère. Tu te contentes de taper ta caisse claire et ta grosse caisse une fois le temps et le tour est joué. Mais le frappeur de Liverpool ne l’entend pas de cette oreille : il remplit l’espace sans se montrer abusif, il donne les bons coups de fouets quand il le faut et te dégote toujours les tempos justes, ceux qui tombent pile pour faire secouer les nuques. Dans les cordes, les deux autres comparses ne sont pas en reste. Non contents de déployer une lourdeur désormais bien connue chez nos hommes des cavernes, les gars sortent du riff qui attaque, sur le très vilain Eye To Eye To Eye notamment, ou encore sur le tube Volt Thrower. Plutôt que d’offrir du vrombissement gluant en boucle, les Britanniques misent sur des titres accrocheurs, agressifs même, comparativement à la tendance du style. Et c’en est carrément rafraîchissant et presque rare de trouver des motifs de guitare pas simplement là pour peser une tonne mais aussi pour saccager, taillader, tout casser. 

Tout casser oui. En fait Conan est définitivement le genre de groupe qui réussit à être en même temps aussi débile que génial. Preuve en est avec Amidst The Inifinite qui installe une tension carrément jouissive avec ses couplets hyper primitifs (un accord, une note par temps, même pour la batterie), soulagés par un refrain bien plus ample et aérien. Prosper On The Path et Vexxagon proposent également des cassures en fin de titre totalement pensées pour faire remuer les fosses. Conan amadoue sa proie quelques minutes en faisant tourner un tempo donné, puis se contente de te ramasser à la petite cuillère en créant la surprise avec, au choix, l’accélération ou le ralentissement qui viendra torpiller tes derniers neurones. On notera d’ailleurs une envie de jouer plus vite et plus dynamique, vérifiée sur Volt Thrower qui se profile comme l’un des hymnes à retrouver impérativement dans les prochaines setlists du groupe. Un riff simple comme bonjour, un chanteur qui vocifère et un mid-tempo qui annonce la bagarre, tout bêtement.

Avec une répartition des titres intelligente et équilibrée entre mastodontes et errances plus oniriques (certes plus rares), nos chevaucheurs de gastéropodes livrent un Existential Void Guardian réussi, qui devrait passer tout seul en live. Conan fait du Conan, alors que demander de plus ?

16 / 20
9 commentaires (15.94/20).
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Revengeance ( 2016 )

Lourd : adjectif masculin - Pesant, dont le poids est élevé. 
Exemple : que cette valise est lourde ! 
Aute exemple : à propos d'un concert de Conan : c'est tellement lourd et massif que je pourrais presque toucher les notes...

Conan, c'est bientôt dix belles années de lourdeur guerrière, trois albums studio, autant d'EPs et de démos, ayant tous en dénominateur commun une tendance naturelle à faire de la nuance et de la retenue musicale une futilité. En somme, dix années que le trio nous en met plein la tronche, sans préliminaires, sans fioritures. Tout à fond, tout vintage, tout en lourdeur, en psychédélisme, tout en violence... 
C'est bien simple, à peine remis du Blood Eagle de 2014, qui nous avait mis sur le cul,Conan remet ça seulement deux ans plus tard, pour ce qui pourrait bien être l'album de la consécration, et non pas l'album de la maturité... On ne dit pas à un barbare qu'il est mature. C'est très malpoli.

S'il n'y a pratiquement rien de nouveau au programme de ce Revengeance, hormis la dualité des voix, un peu plus mise en avant, celle de Jon Davis, toujours si haut perchée, et surtout celle du bassiste, Chris Fielding, qui reprend ce qu'il avait commencé à développer sur l'album précédent - c'est à dire une complémentarité gutturale qui apporte un peu de profondeur - on pourra se féliciter de la qualité de l'ensemble des titres. Tout simplement. Un barbare ça n'invente pas la roue, encore moins les mathématiques appliquées à la musique, pas plus qu'un barbare ne joue du violon ou ne fait de la cuisine moléculaire, un barbare ça fonce et ça crame tout sur son passage, et c'est ce que fait merveilleusement bien l'animal en question. Et on ne lui en demande pas plus...

De la lourdeur, vous l'aurez compris. Une ouverture tout en déclaration de guerre, avec ce Throne of Fire, cavalcade doom massive, aux relents hardcore, suivie d'un Thunderhoof lancinant et incroyablement poisseux, juste avant Wrath Gauntlet, ses guitares brûlantes et la voix du frontman haut perchée, loin, très loin au dessus du vacarme guerrier. 
Puis viendra Revengeance à mi-parcours, titre éponyme qui saura réveiller l'auditeur de la torpeur et de l'immobilisme ambiant qui règne depuis la fin du premier titre. Parfait. Ce morceau est parfait et illustre à merveille cette aptitude grandissante qu'ont les anglais à mélanger bûches de fuzz et rythmiques guerrières empruntées au hardcore, qui fait que Conan, malgré son aspect ultra jouissif, est parfois bien plus difficile à appréhender que la plupart de ses contemporains adeptes du Doom à deux mains. Et puis ce final... les mots sont inutiles pour illustrer l'épaisseur de la chose...

Cave man battle doom, doom marécageux ou cimmérien, lourdeur guerrière, peu importe, Conan c'est de la densité musicale, une imagerie forte, et un savoir faire absolument monstrueux. Toujours pas d'originalité en vue, ni de mélange novateur, et c'est peut être pourquoi tous leurs albums sont si remarquables : c'est sans concession, ça va droit au but, et c'est bien fait. Même si une petite impression de déjà vu plane au dessus du champ de bataille - forcément après la stupeur initiale qu'ont provoqué Monnos et Blood Eagle avec leurs parpaings respectifs, pas évident de rebondir - c'est tout de même l'album le plus compact, le moins mélodique, le plus épuré, le plus rapide aussi (mon dieu de la double pédale dans mon bol de doom...) du groupe jusqu'à présent, et de fait peut être le moins évident...

Sûrement une des sorties les plus marquantes du genre pour cette année 2016, en tous cas ça va être compliqué de faire mieux...

A écouter : Oui je dis oui !
16 / 20
4 commentaires (15.75/20).
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Blood Eagle ( 2014 )

Après plusieurs eps alléchants, des splits intéressants (Bongripper et Slomatics) et un concert épique capté au Roadburn 2012, on attendait avec impatience le successeur de Monnos, premier LP de Conan qui avait fait l'unanimité lors de sa sortie. Pas de grosse surprise au programme, de virement artistique ou de changement majeur pour ce Blood Eagle, distribué cette fois-ci par Napalm Records, qui confirme le talent incontestable de cette formation musicale.

Conan, le plus Cimmérien des anglais, brute épaisse au royaume de la pop, débarque une fois de plus pour imposer son règne de terreur. Oh pas cette terreur sanglante, celle imagée du barbare sanguinaire faisant voler les têtes sur son passage (quoique), mais plutôt cette terreur psychologique qui précède souvent les changements de régime, les révolutions et autres coups d'états. L'ébullition est à son comble, la tension au maximum, et notre Conan, celui d'obédience Doom, en parfait rejeton du sorcier électrique, de Sleep et d'High On Fire, s'installe confortablement dans nos têtes, prêt à saper toute résistance, tout espoir, en seulement quelques riffs incroyablement puissants et subversifs.

Dans la plus pure lignée de Horseback Battlehammer et de Monnos, ce Blood Eagle est brut de décoffrage comme rarement un album de Doom ne l'a été : le trio crache son fiel, sa rage, et piétine littéralement tout sur son passage. Pas innovant pour un sou mais tellement plaisant à l'écoute, ces trois barbares là réinventent le mot lourdeur, dans toute sa splendeur et sa longueur, à l'instar de ce titre épique qui ouvre l'album (Crown Of Talons) de la façon la plus pernicieuse possible, gavant l'auditeur de ses guitares enfumées et de son psychédélisme ambiant pour lentement instaurer un sentiment d'apesanteur maléfique lourde de sens chez l'auditeur.
Massif, pesant, et épais comme une coulée de boue, la musique de Conan a quelque chose d'effrayant, de magique, confirmé lors de leurs concerts : les sonorités lâchées sont poisseuses, collent à la peau, anesthésient le curieux et ressemblent à s'y méprendre à un marais impitoyable et insondable - une fois un pied dedans, le reste du corps s'y embourbe irrésistiblement... Et ce n'est pas les nombreux soubresauts mid tempo - monstrueux il faut bien l'avouer - de titres comme Foehammer ou Gravity Chasm qui viendront vous sauver, ils sont tout aussi implacables que le bouillon originel.

Rien à jeter, des cavalcades Doom inoubliables, des sensations d'épaisseur et de densité jouissives rarement éprouvées à un tel niveau pour un groupe seulement "émergeant", voilà le programme que propose Blood Eagle. Amateurs de Doom, fans de Sludge et de tout ce qui s'en rapproche plus ou moins, foncez dessus...

Comme quoi on peut très bien sortir de la qualité sans forcément être innovant : Conan, c'est trois anglais un peu fou, mais c'est surtout l'excellence du Doom. Un point c'est tout.

A écouter : Si vous êtes assez brave pour soutenir une telle sauvagerie