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Biographie

Comadre

Peu loquace sur sa biographie, Comadre préfère la musique aux histoires. Originaire de San Carlos en Californie, Comadre doit sa formation au split simultané de deux formations amies qu’étaient One’s Own Ruin et Heart Cross Love. Mars 2004, la machine est enclenchée. D’abord une démo Coffin, pour commencer puis un album en autoprod’ The Youth au cours du mois d’octobre. La galette en poche, le groupe part en tournée sur la côte ouest et donne envie à Coldbringer Records de produire un 7inch EP nommé Songs About The Man en mai 2005. L’année suivante, c’est Burn Your Bones qui sortira, d’abord au Japon sous le label Cosmic Note Records puis en autogestion aux USA avec la structure Bloodtown Records créée pour l’occasion. Influencés selon leurs dires par des légendes de la scène comme Rites Of Spring, Refused ou Kid Dynamite, les californiens en actes la jouent plutôt screamo de l’école Orchid ou Reversal Of Man auxquels ils mêlent des lignes punk ou rock’n’roll. Engagés, D.I.Y, amoureux des tournées au bout du monde (au Japon notamment avec Endzweck) qui les aura vu subir une arrestation au Danemark (pour le seul motif de crise de politique intérieure suite aux émeutes de Copenhague), le combo a récemment tourné en France, effectuant des dates avec Graf Orlock, et les français d’Aussitôt Mort, Celeste et Warsaw Was Raw. Signifiant à la base "marraine", "Comadre" peut-être utilisé par extension pour désigner un bon ami de la famille avec qui il n’y a pas de lien de sang mais qui compte tout autant. C’est ainsi que se considère les membres du groupe les uns par rapport aux autres.

16 / 20
5 commentaires (15.1/20).
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Comadre ( 2013 )

Tranchons d’emblée les filandres de l’incertitude : la nouvelle mouture de Comadre constitue sans aucun doute le disque screamo le plus innovant depuis le Self-Titled de Kaddish.
Ceux que le mot de screamo effraient, rebutent ou aggluent  vont être dépouillés de leur a priori. Comadre ne ressemble à aucun autre disque du style. Il est - dans la catégorie - l’œuvre ex-nihilo par excellence. Est-il même à bien y regarder encore du screamo ?

L’étiquette ira garnir les tas de cendre. Qu’elle brûle. Comadre en faisait déjà le vœu en 2006 : Burn your bones. Au diable, le squelette. Ce qui compte, c’est l’âme. Et après quelques sorties moins inspirées, les californiens retrouvent bien le feu sacré. Ici, il n’est pas question de composer un énième resucée d’emo-violence, fondé sur l’éternelle même suite d’accords. Ici, tout est mouvant, imprévu et audacieux. Ainsi en va-t-il de cette trompette qui ondule entre les cavalcades d’une batterie et qui rappelle early Mad Caddies ("Drag Blood"), du clavier à la Leftöver Crack sur "King Worm", "Summercide" ou "Hack", de la voix trafiquée et décadente de l’introduction de "Must Be Nice". Il y a là chez Comadre l’envie ostentatoire de se rattacher à la grande famille punk au-delà de ses sous-divisions.

Mais c’est aussi que le quintet bénéficie des grâces de l’inspiration, qui couplée à sa témérité, lui fait arriver sur des grandes étendues jamais défrichées auparavant par le screamo tough, comme cette magnifique piste dix "Untitled" qu’on croirait échappée d’un opus de The Arcade Fire.
De l’autre côté du fleuve, le combo garde sa rage animale et nue qui organise la rencontre des ongles et de la paume de la main ("Cold Rain", "Storyteller"). Ressuscite ses mythiques clap-hand (Cf. "Binge", qui se paye en plus le luxe de distiller des notes de piano et de clore dans une atmosphère à la Amy Winehouse). Evoque ces concerts à même le sol. Ose des parts indie rock.
Comadre va dérouter. Comadre va se faire beaucoup d’ennemis. Comadre se forge une légende.

En écoute ici.

A écouter : avec ardeur
16.5 / 20
7 commentaires (16.79/20).
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Burn Your Bones ( 2006 )

Refuser l’économie d’énergie, refuser l’attente de la prochaine seconde ; tout donner dans l’instant, tout brûler, jusqu’à sa propre ossature. Au milieu des drames, Comadre ou l’allégorie du choix : maintenant ou jamais.

L’apocalypse en partition. Le cri d’un fou échappé d’un asile. Comme une maladie sans remède qu’on chercherait à expulser par le larynx, en hurlant à la mort. Le screamo de Comadre n’est pas de ceux qui dégoulinent et geignent. Burn Your Bones est une nuée bruyante qui s’abat comme un essaim d’abeilles. Bourdonnant, agité, dense. 3 pilules en entrée, comme 3 speed dating. Le temps aura sa limite, la vitesse non. Morceaux cours, violents, au présent incertain, à la structure furieuse. La formation californienne ne canalise rien et balance des grands coups de burins dans les murs sonores. Les cris pleuvent, comme des râles emplis de rage et de douleur. Dirty. Comadre foudroie, les amplis grondent. Dans le sillage d’Endzweck dont on retrouve par moments des similitudes de style, les américains déploient une musicalité ardente, luttent contre le possible, renversent les courants et ouvrent des plaies sans les suturer.

Si la violence des moments les plus épiques pourra évoquer à certains Inkwell ou Pg 99, l’étude plus approfondie révèlera chez Burn Your Bones une nature bien atypique. Dans la continuité de ce qu’on avait pu entrapercevoir dans The Youth, Comadre, en plus de son jeu syncopé, possède ce soupçon de créativité (crépitement de vinyle en intro, utilisation des larsens, variance de chant…) qui permet de s’extirper de la masse et d’imposer sa griffe, en mêlant sans complexe des effluves punk ("Make Me Believe", "The Hole In The Ship S.O.S"), hardcore (fin de "Give Me Hell") ou rock. Déjantés, audacieux, le quintet ose des ajouts de passages cinématographiques, place des breaks r’n’roll (sous des faux airs de Houston Swing Engine), swingue au milieu d’une cohorte de voix féminines dans "Breakfast Of Champions", rend hommages aux Beatles avec un tempo en claquement de mains pour "Backland Dirt" ou se paye un épilogue en chœurs, a capela (c’est LA marque de fabrique de Comadre, qui prend toute son ampleur sur scène), sur "Hit Me Up On My Celly Cell".

Œuvre bourrée de caractère, rageuse, sauvage et insolente, Burn Your Bones couronne les efforts d’un groupe qui, loin des feux de la rampe, est en train d’inscrire progressivement son nom au patrimoine du genre, en lettres incandescentes.

En écoute sur myspace.

A écouter : "Breakfast Of Champion", "Backland Dirt"