Coilguns
Hardcore'N'Roll

Split avec Abraham
Chronique
Deux formations suisses qui se décident à s’encanailler le temps d’un split, c’est toujours intéressant (certains ont encore en mémoire le split Ventura / Cortez) tant la scène musicale du pays du chocolat regorge de formations dont on entend parler au-delà de leurs frontières.
Sur ce disque, les deux combos se partagent en quatre temps : d’abord l’hydre à cinq têtes dont le dernier album en date s’était imposé à sa sortie, puis le trio fougueux qui multiplie les sorties depuis sa création.
Abraham. La durée du morceau pouvait laisser perplexe (16 minutes pour une seule compo) mais l’ambiance est posée dès les premières secondes : déluge sonore qui s’inscrit véritablement dans la continuité de The Serpent, The Prophet&The Whore, avec un aspect très orageux des premiers Cult Of Luna (aux environs de la sixième minute) et de nombreuses dissonances chaotiques. Les mots utilisés pour la review de leur second opus pourraient tout aussi bien coller à la peau de ce split, à l’image des sonorités proches de Memories Of A Dead Man ou Om Mani : Abraham exécute parfaitement ce que l’on pouvait attendre d’eux, millimétré et ultra-précis. Cela peut à nouveau manquer de spontanéité en apparence, mais le côté mystico-apocalyptique de « Chasing Dragons Chasing Lights » emporte tout sur son passage.
Coilguns. Le trio avait avec Commuters révélé bien plus de facettes que sur ses splits / EP précédents. Sur les trois titres ici présents, les ambiances se suivent, avec un côté foufou (« Leveling ») tandis qu’une grosse partie des 21 minutes reste ancrée dans un aspect plus ‘post’ sur « The Archivist ».
C’est ce dernier morceau qui tient d’ailleurs ici le rôle de pilier de cette face : chant intimiste d’un Louis Jucker plus en forme que jamais (même si moins frêle que son projet solo), grosse envolée de cordes sur sa seconde moitié (on devine que Jona Nido s’en est donné à coeur joie), et une véritable montée en puissance. Il en est de même pour la boucle de « Drainers », hypnotisante (merci Luc Hess) et amorçant le titre suivant par sa structure, même si on tape à cet instant beaucoup plus dans une hargne difficilement canalisée. Il est intéressant de notifier le fait que la compo la plus longue de leur discographie est l’une de celle qui a le plus d’effet sur l’attention, tout comme « Commuters Part 2 ».
En quelques mots, ce split n’est pas une grande surprise. D’une part Coilguns avait initié avec Commuters une volonté d’aller un peu moins dans le fougueux et de l’autre Abraham nous livre la suite directe de leur album précédent. Pour autant, la qualité est au rendez-vous, c’est l’essentiel.