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Biographie

Cobalt

Cobalt apparait pour la première fois en 2000 sous le nom de Grimness Enshroud alors que le projet n'était encore qu'une aventure solo menée par Phil McSorley (guitares/voix). Rejoint par la suite par Erik Wunder (batterie/voix), le désormais duo se renomme Cobalt et entame alors son exploration poussée du Black Metal dont la dernière étape en date est Gin, troisième album sorti début 2009. En 2016, Erik Wunder, après plusieurs années passées à Brooklyn, emménage à nouveau dans le Colorado, recrute Charlie Fell au chant, et décide de composer un nouvel album de Cobalt. Celui-ci s'intitule Slow Forever et sort sur le label Profound Lore. 

Chroniques

Slow Forever Gin
17 / 20
10 commentaires (16.3/20).
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Slow Forever ( 2016 )

    Attendre, patiemment, le bon moment puis frapper fort et rapidement. L'assaut doit être brutal, ne laisser aucune chance. Cette technique est connue de tout chasseur et Cobalt ne fait que l'appliquer à la musique. Patients, nous l'avons assurément été puisque sept années séparent Gin, leur précédent opus, de celui-ci et il nous faudra l'être tout autant à l'écoute de ce nouvel album. Impossible ici de parler de « petit dernier » puisque, par ses chiffres, Slow Forever impose déjà son allure et ses envies : 12 titres, plus d'une heure vingt de musique, voilà qui promet et rassure le consommateur, il en aura eu pour son attente et son argent à la condition que cette profusion ne soit pas là pour masquer un manque réel d'inspiration.

    Le processus était déjà engagé et pas de retour en arrière : le Black Metal n'est désormais qu'une composante d'un album qui rappelle tour à tour Tool ou Secrets Of The Moon. Cobalt dilate le temps, se sert de nombreuses entre-coupures afin d'offrir un panorama complet du paysage qu'il veut nous faire traverser, aride et sec mais aussi terriblement vivant. La production est dynamique, loin des standards du Metal, les sons acoustiques sont magnifiquement mis en valeurs ("Breath") et l'on sent le sable du Colorado s'insinuer partout. Tel un lézard en plein soleil, les arpèges s'étalent de tout leur long, se taisant soudain pour laisser libre place à la sauvagerie et à la beauté des grandes étendues ("Hunt The Buffalo" ou "Beast Whip"). 

    Malgré la richesse évidente des compositions, Slow Forever peut se révéler immédiat et résolument Rock dans l'esprit ("Elephant Graveyard"). Car la plus grande force de Cobalt se trouve ici, savoir jongler avec deux composants: le temps et les genres. De la basse résolument Hardcore 80's lors de l'introduction de "Final Will" au final Black Metal de "Slow Forever", tout y passe et la dose n'est jamais homéopathique pour que l'effet soit le plus puissant possible. Pourtant, en jouant avec divers éléments musicaux, avec le rythme de ses compositions ("Final Will" fait figure de chef d’œuvre concernant ce point) et de l'album, le duo propose un résultat homogène dans sa démarche et sa qualité mais varié stylistiquement et vivant. On ne le traverse pas au pas de course mais en suivant celui d'une randonnée, en faisant des pauses méritées, en hâtant le pas par moment, en ralentissant pour contempler le paysage et s'émerveiller à d'autres, le tout en allant toujours dans la même direction sans réellement être sur de ce que l'on trouvera au bout. 

    Au final, Slow Forever est à l'image de la dernière piste cachée, "Siege" : un déjà-vu qui surprend. Cobalt ne crée pas un nouveau genre musical mais s'intègre à une ligne de composition qui fait la part belle aux expérimentations, aux hybridations, à la qualité. Comme l'a fait avant lui Tool ou Ulver par exemple, il livre un disque équilibré au niveau de son rythme et de sa diversité tout en se montrant extrême et exigeant. Les ralentissements se font sous un soleil de plomb, les assauts furieux à bride abattue, toutes armes dehors. Comme le groupe, nous serions tentés de prendre notre temps pour savoir s'il s'agit d'un classique mais les émotions et notre intuition nous disent qu'il est des choses que même le sablier ne peut flétrir.

A écouter : Avec Cronos à votre droite, Hélios à votre gauche
17 / 20
6 commentaires (15/20).
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Gin ( 2009 )

Et si on commençait par dire que le Black Metal c’est chiant et inintéressant ? Ouais allez, on ose! Après tout c’est une question de point de vue, et les gouts et les couleurs… on connaît la suite. En effet, tout est une question de sensibilité personnelle sauf que, Ô surprise, il reste assez inexact voire complètement faux de dire que le Black Metal est un genre totalement chiant ou, plus encore, totalement inintéressant. Parce que même si les sonorités et le folklore vous foutent des boutons, c’est pourtant là que les choses se passent actuellement niveau Metal extrême. Les revivals Thrash et Death Metal old school, bien que plaisants, peinent parfois à faire aussi bien que les anciens, le courant Postmachin s’asphyxie pour cause de surpopulation, le Deathcore riffe trop souvent dans le vide (les mèches dans les yeux?) etc... qui reste-t-il sur le bateau ? Ce bon vieux Black Metal, ou tout du moins certains de ses représentants.

Enfin le « vieux » est probablement de trop ici car Cobalt, bien que présent depuis près de dix ans, regarde bien plus vers l’horizon que pardessus son épaule, laissant le soin aux schizophrènes de Blut Aus Nord ou à Evilfeast de revisiter avec succès le versant plus nordique du genre. Quoique…
Gin est un album que l’on pourrait qualifier « Post Black Metal » parce qu’il va chercher sa source bien au-delà de la sphère Black, stylistiquement et historiquement parlant. Pour situer grossièrement les choses, le Cobalt nouveau est de la trempe d’un Nachtmystium ou d’un Krallice. Cobalt voit plus loin que ses pieds et a décidé de bouger à pas de géant vers l’après Black Metal, vers quelque chose de plus hybride et moderne, nourri d’influences extérieures - et c’est peut être sur ce second point que le groupe va le plus se démarquer.

A première vue, on pourrait grossièrement caser Gin dans la famille du Black metal thrashisé, la faute à ces riffs acérés qui ne sont pas sans rappeler par moments les Israéliens de Melechesh, dépouillés de leurs ambiances orientalisantes. Un gage de qualité, assurément, sauf que ce disque est bien plus qu’un bon album de Black moderne, il renoue avec les origines du rock. De l’intro folk de Gin jusqu’à sa clôture sur un blues d’esclaves noirs, réglé par le son des pioches, cette sortie se démarque allègrement des canons du genre par son coté très « chaleureux » sans tomber dans le désormais presque classique revival 70’s. Les premières écoutes peuvent d’ailleurs être déconcertantes (et les suivantes aussi) tant Gin se veut ambitieux et aux antipodes de que nous propose habituellement le Black Metal. Nous avons ici à faire à un album souvent accrocheur mais très dense tout au long de l’heure qu’il dure. Progressif à souhait, seules les écoutes répétées  permettent d’en saisir petit à petit l’essence à force de se laisser imprégner par son ambiance shamanique hors norme. On s’attendrait presque à voir ressurgir le monstre Through Silver In Blood au détour de certains titres tels que The old man who lied his entire life ou Dry Body. Ici, rythmiques tribales côtoient, monstrueuses poussées d’adrénaline enfiévrées, décadence et respirations envoutantes au cœur de compositions au bord de la brèche, où la tension règne constamment (A starved horror, Pregnant insect…). Chaque titre a sa dynamique propre au service d’un tout. Gin est un énorme puzzle musical aux niveaux d’écoute innombrables. Chacun peut y trouver son compte à condition de s’armer d’un peu d’attention et de patience car cette sortie ne se livrera pas à quiconque la néglige.

Cobalt délivre ici un futur classique en puissance en s’en allant creuser son sillon à la marge du genre. Si vous aviez adoré l'album précédent, Gin, plus riche et catchy, l’a probablement déjà surpassé. Les américains méritent définitivement une plus grande attention, qu’on se le dise.

A écouter : pos� en tailleur sur un tapis?