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Biographie

Clutch

Clutch est le genre de groupe qui force le respect, depuis 1991 le groupe est sur la route pour nous délivrer son rock difficilement qualifiable mais assurément personnel et inventif (même si il rappellera fortement certaines formation des 70’s). Pour simplifier on classera Clutch dans le stoner pour la lourdeur de leurs compos et la voix si particulière de Neil Fallon qui colle parfaitement à ce style. En 25 ans de carrière le groupe a su rester intègre, proche de ses fans et sort même des CD de façon indépendante ou disponible uniquement lors de leurs concerts, le groupe a l’esprit rock à 100%. Ils tournent et tournent encore et encore parfois avec des têtes d’affiches plus que sympathique comme Slayer, Marilyn Manson, Pantera, Prong, Sepultura, Monster MagnetSpiritual Beggars, Deftones, System Of A Down … 
Le groupe nous offre ainsi régulièrement une dose non négligeable de rock'n'roll jouissif, influencé par le hardcore, le punk-rock et, plus récemment, le blues et le funk. Parmi les moments marquants de leur discographie, on peut citer notamment l'album éponyme (1995), Pure Rock Fury (2001), Robot Hive/Exodus (2005) et From Beale Street To Oblivion (2007)...même si tous leurs disques valent le détour. Deux ans après l'acclamé Earth Rocker (2013), ils confirment leur grande forme avec Psychic Warfare (2015), puis Book Of Bad Decisions (2018).

16 / 20
4 commentaires (14.38/20).
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Book Of Bad Decisions ( 2018 )

Clutch se fout (assurément) d’être à la mode. Clutch se fout (très certainement) des critiques. Clutch se fout (peut-être) de se réinventer à tout prix. Mais Clutch ne se fout pas de nous. Le Rock, celui qui ne fait pas de différence dans ses influences entre le Blues, le Funk ou le Stoner tant que la sincérité est là, est le carburant du quatuor du Maryland depuis près de trois décennies. Lancer un album des Américains a toujours été l’assurance de recevoir une dose d’énergie revigorante. Une façon, non pas de laisser ses problèmes derrière soi, mais de rouler dessus au volant d’un pick-up poussiéreux.

Trois ans après un Psychic Warfare particulièrement inspiré, l’arrivée de Book Of Bad Decisions a certainement créé chez les fans du groupe un sentiment à mi-chemin entre l’excitation et une certaine sérénité. Clutch fait en effet partie de ces quelques groupes pour lesquels le doute n’a pas sa place, tant les livraisons du combo, qui sont faite à intervalles réguliers, sont l’assurance d’une qualité minimale qu’envient certainement nombre de leurs collègues.

Du riff de qualité, une rythmique aussi groovy qu’implacable, une sincérité qui transforme leurs morceaux en hymnes au lâcher-prise… Clutch est encore une fois au rendez-vous. Entre Blues Rock possédé (Gimme The Keys, Book Of Bad Decisions, Hot Bottom Feeder) et Stoner déchaîné (Weird Times, Ghoul Wrangler, How To Shake Hands), la distribution des mandales est permanente. Le quatuor a en outre la bonne idée d’avoir augmenté la dose à près d’une heure et ne donne pas le moindre signe d’essoufflement. Quiconque a déjà vu Clutch sur scène sait à quel point les tubes peuvent s’y enchaîner sans temps mort. Une expérience que l’on retrouve sur Book Of Bad Decisions, dont la tracklist est particulièrement jouissives, entrecoupant les titres incisifs cités plus haut de vibrations Funk (In Walks Barbarella, Sonic Counselor).

S’il fallait désigner un « groupe de l’Amérique », Clutch serait un très sérieux candidat. Synthétisant des styles profondément ancrés aux racines de ce pays démesuré, évoquant certaines de ses figures les plus marquantes, de Jimi Hendrix à Emily Dickinson, le groupe fait plus que rendre hommage à la culture des Etats-Unis. Il incarne en effet ce que l’actuel locataire de la Maison Blanche tente d’imposer, c’est-à-dire la fierté d’être américain, et d’aimer certaines choses simples sans avoir à s’en excuser (Good Fire). La grosse différence entre Clutch et son président est que le groupe semble vouloir inclure le plus grand nombre de gens dans sa démarche, sans aucune distinction. Une divergence de taille qui transforme paradoxalement une formation taillée pour les « rednecks » en ambassadrice internationale d’une certaine façon de faire du Rock et de le partager sincèrement, pour le seul plaisir de la musique.

16 / 20
17 commentaires (16/20).
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Psychic Warfare ( 2015 )

Le temps ne fait rien à l’affaire…quand on est rock, on est rock. D’accord, vaguement paraphraser Georges Brassens est une façon un peu ringarde de démarrer la chronique de ce nouveau Clutch, mais c’est sans doute le moyen le plus juste de décrire la carrière des quatre vétérans du Maryland. Après un Earth Rocker ayant mis tout le monde d’accord en 2013, Neil Fallon et ses compères étaient attendus de pied ferme sur le terrain, déjà largement arpenté par leurs soins, de l’hymne rock/blues/stoner à reprendre en hurlant, une bière dans chaque main.
Dès X-Ray Visions, le groupe montre qu’il a encore de la réserve et les premiers symptômes d’une crise aigüe de headbanging se font sentir chez l’auditeur. Les quatre hommes se connaissent tellement bien après 25 ans de collaboration qu’ils ne s’embarrassent plus, depuis longtemps, de fioritures et continuent à avancer de la manière la plus naturelle qui soit. Les rythmiques sont implacables, les soli de Tim Sult discrets mais efficaces et Fallon chante avec toujours autant d'énergie et de conviction. 
Comme d’habitude avec Clutch, l’impression première d’une forte ressemblance entre les morceaux s’efface au bout de quelques écoutes pour laisser place à un road-trip effréné mêlant lignes droites pied au plancher (Firebirds, l’ultra-efficace Sucker for the Witch), scènes du quotidien dans une Amérique sudiste fidèle à sa réputation (A Quick Death in Texas) et récits de temps immémoriaux où ces grands espaces n’étaient occupés que par des créatures mythiques (Behold The Colossus). 
En plein désert, lorsqu’il faut bien s’arrêter faire le plein au milieu de nulle part, il n’y a d’autre issue que de pousser les portes du Doom Saloon, où se produit Our Lady of Electric Light, sirène moderne attirant inexorablement à elle les âmes vagabondes en quête d’une vérité qui leur échappe (« she enters the bar room and lifts her veil, with a voice like running water she tells them her tale »). 

Le blues, qu’il soit mâtiné de funk (le groovy Your Love is Incarceration) ou de hardcore (Noble Savage), transpire de l’intégralité des morceaux, comme chez tous ces groupes sudistes (Lynyrd SkynyrdThe Allman BrothersZZ Top…) dont l’influence se fait nettement entendre sur les derniers albums de Clutch. Le très beau Son of Virginia (en fait une version retravaillée d’Abraham Lincoln, présent sur Strange Cousins from the West) joue d’ailleurs la carte d’un power-blues aux accents mystiques (« I was thrown to the ground as my world broke asunder, truly we are living in an Age of Wonder ») qui nous plonge dans l’angoisse d’une sentence rendue par Neil Fallon lui-même, à la fois juge et bourreau, dans l’explosif Noble Savage : « unapologetic lifer for rock’n’roll ». Une condamnation à perpétuité que l’on accueille nous aussi le sourire aux lèvres, en espérant qu’aucune remise de peine ne nous sera accordée.

PS : le groupe est toujours aussi impressionnant sur scène, comme en témoigne son récent passage à Paris.

A écouter : oui
16.5 / 20
5 commentaires (16.7/20).
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From Beale Street To Oblivion ( 2007 )

Clutch, voilà un groupe difficile à mettre en défaut, une carrière impressionnante (en durée, en nombre d'albums, en nombre de concerts joué et également en qualité), 17 ans après leur début les revoilà avec un 10ème album enregistré avec Joe Barresi (déjà vu sur les disques de The Melvins, Tool, Kyuss, Fu Manchu ou Queens Of The Stone Age). Autant dire que pour donner dans le rock stoner, dont le groupe nous abreuve depuis pas mal d'année, difficile de faire meilleur choix.


Et le moins que l'on puisse dire c'est que la production sur cet album est parfaite, pas de surenchère, un son brut mais propre, le producteur c'est surpassé pour donner à Clutch son son si particulier. Clutch n'est pas connu pour être un groupe qui innove sur chaque album, les changements sont tout de même, à chaque fois, suffisant pour que la sauce prenne. Grâce à des riff entêtant, une aura rock'nrollesque (cherchez pas ça dans le dico) indéniable, un coté psyché et ce coté enfumé typiquement stoner le groupe touche juste sur chacune de ces productions. From Beale Street To Oblivion ne fait pas défaut à la règle, entre le coté blues de leur précédent album (Robot Hive / Exodus) et ce son métal / funky qu'on avait pu apprécié sur Blast Tyrant l'album reste dans la continuité de la discographie du groupe.
Neil Fallon excelle dans ses lignes de chant (reconnaissable entre mille) pendant que Tim Sult se fend de riff mémorable; l'ajout d'un clavier très 60's ou d'un harmonica (ce solo sur Electric Worry!) ne viendra que renforcer le coté blues rock de l'ensemble pendant que la section rythmique n'oubliera pas de nous rappeler qu'on donne tout de même dans le stoner.
Clutch à un don pour pondre des titres prenant, rock et foutrement dansant ; certes on pourra leur reprocher de ne pas vraiment se renouveler et d'avoir un peu l'impression d'entendre les albums précédents (d'ailleurs One Eyed Dollar est une version 2007 du titre du même nom présent sur Jam Room) mais pour peu qu'on apprécie le style c'est un plaisir à chaque écoute.

From Beale Street To Oblivion n'est pas L'album de Clutch, peut être tout simplement car il n'y en a pas, le groupe nous pond avec une régularité et une qualité constante des disques de stoner rock efficace et on lui en demandera pas plus car le résultat vaut le détour. Le groupe continue son chemin sans faux pas, loin des foules et du succés, et on ne peut que saluer (et surtout écouter) ce nouvel album, synthèse parfaite des trois derniers opus. Vous aimez le rock ou le stoner rock? Alors il n'y a pas à réfléchir, cet album est taillé pour vous.


Le clip de Electric Worry est visible .

A écouter : When Vegans Attack, The Devil & Me, Electric Worry, Black Umbrella