Biographie

Cloudkicker

Derrière Cloudkicker se cache Ben Sharp, multi-instrumentiste américain qui nous fait vivre sa passion depuis 2007. À la manière d’un Trent Reznor avec Nine Inch Nails, Ben Sharp compose, produit et mixe ses créations lui-même, dans son studio personnel. Artiste prolifique, Cloudkicker a sorti pas moins de neuf albums/EP depuis The Discovery en 2008. 

La musique de Cloudkicker tire son inspiration de nombreux genres différents. Principalement influencé par Meshuggah pour ce qui est des rythmiques syncopées, Ben Sharp est également un créateur d’atmosphères imparables entre Post-Rock et Post-Metal. The Discovery  et  Beacons  en 2010 en sont les témoins les plus fidèles. 

A partir de 2011, le son de Cloudkicker devient plus posé, entre influences Post-Rock assumées et apparitions de mélodies Folk ou Ambient sur Let Yourself Be Huge et Loop sortis en 2011 et sur Fade en 2012. 

Cloudkicker renoue avec des sonorités plus Metal en 2013 avec son nouvel album Subsume

Chronique

15 / 20
1 commentaire (17/20).

Subsume ( 2013 )

Cloudkicker est un projet que je suis avec intérêt depuis ses premiers soubresauts. Derrière cette entité se cache Ben Sharp, multi-instrumentiste de talent qui nous plonge depuis 2007 dans un méandre d’émotions cinématographiques entre Post-Rock, Djent et Metal Progressif. Après des albums de grande qualité tels que The Discovery en 2008 et Beacons en 2010 où les guitares se faisaient aussi lourdes que planantes, Ben Sharp avait amorcé un changement de cap avec Fade en 2012, qui orientait davantage ses compositions vers le Post-Rock en délaissant quelque peu ces assauts métalliques qui lui vont si bien. Artiste prolifique qui nous gratifie d’un nouvel album chaque année, Cloudkicker est comme prévu de retour en 2013 avec Subsume.

Ô joie immense, infinie ! Les guitares sont de retour ! La première piste de l’album, The warmth of the daytime seemed like a dream now, démarre progressivement laissant néanmoins présager la fureur à venir. La pression monte petite à petit pour finalement nous laisser entrevoir le retour des rythmiques pachydermiques et des riffs qui appuient là où ça fait mal. L’album Fade qui, même s’il était de qualité, manquait selon moi la nervosité et l’aplomb qui m’avaient tant conquis à l’écoute des premiers albums. 
L’américain est de fait ici revenu à ses premiers amours, nous offrant une nouvelle bande originale pour les escapades de notre conscience. A la manière de cette pochette évocatrice, Ben Sharp nous fait voyager ici dans une forêt lugubre où la lumière enchanteresse laisse succinctement pointer le bout de son nez.

L’album n’est composé que de quatre morceaux qui oscillent entre cinq et seize minutes. Le second, A weather front was stalled out in the Pacific--like a lonely person, lost in thought, oblivious of time. (ouf !) est le plus long d’entre eux. Il démarre sur les chapeaux de roues avec ce riff incroyablement jouissif dans la droite lignée de ses précédents travaux, où l’envie irrépressible de secouer la tête et de taper du pied se fait ressentir. La chanson se développe progressivement entre séquences éthérées et brutalité métallique. Ce même aspect est également présent dans le troisième titre He would be riding on the subway or writing formulas on the blackboard or having a meal or (as now) sitting and talking to someone across a table, and it would envelop him like a soundless tsunami. (double ouf). Ici encore, Cloudkicker brouille les pistes : le mélange des genres nous plonge dans un état second, le monde dépeint par les instruments de Ben Sharp est à la fois sombre et coloré. Cet album donne l’impression ambivalente d’être enfermé dans un cocon, prisonnier entre la sensation d’étouffement et le confort qu’il propose. Les titres des morceaux vont dans ce sens avec la récurrence de termes oscillant entre puissance et volupté tels que « warmth », « dream », « envelop », « abyss » ou encore « tsunami ».

Le dernier morceaux de l'album est selon moi l'un des tous meilleurs, dans la pure tradition des albums antérieurs. Une lente progression contemplative agrémentée de quelques notes de guitare nous rappelle à quel point Ben Sharp maitrise aussi bien l’orchestration d’atmosphères mélancoliques que le déchainement des watts. La suite va nous le prouver avec cette transition absolument stupéfiante où Ben Sharp nous inflige un coup d'ampli terriblement massif à la manière d'un Boris de la période Flood.
Ce bourdonnement gargantuesque est ensuite tourné vers la mélodie, et ces petites notes lancinantes qui l’accompagnent finissent de nous achever, hagard par tant de grâce et maîtrise.

Une maitrise qui se révèle finalement être le seul défaut de cet album qui ne laisse pas de place à la surprise. En effet, même si Cloudkicker signe là un bel album, il se base sur des acquis passés qui ont fait son succès à l’époque mais qui ne surprennent plus aujourd’hui. 
N'allons toutefois pas cracher dans la soupe, ce nouvel album de Cloudkicker est une réussite de plus dans une discographie décidément exemplaire.

Et comme à l’accoutumée, l'album peut se télécharger gratuitement sur son Bandcamp.

A écouter : Les quatre qui forment un tout uniforme