|

Biographie
Originaire de Cleveland, Cloud Nothings est un groupe de rock indépendant à tendance Lo-Fi avec des relans noise mais aussi post-rock.
Dylan Baldi était encore étudiant lorsqu'il commença à créer de la musique, il s'amusait a créer de faux groupes avec leurs vraies fausses pages myspace sur lesquelles il postait ses compositions, parmi elles Cloud Nothings attira l'attention du label Bridgetown Records qui proposa d'enregistrer un premier album, et c'est ainsi que Turning On vit le jour en 2009 (réedité par Carpark Records en 2012). Dans la foulée Todd Patrick un organisateur de concert new-yorkais, invita le groupe à effectuer la première partie de Woods et Real Estate au Market Hotel de Brooklyn, ce qui poussa Baldi à former un groupe pour l'occasion. En 2010 Cloud Nothings signe chez Carpark Records en tant que one-man band, et accouchera d'un second opus éponyme en janvier 2011 sous la houlette de Chester Gwazda, l'accueil de la critique sera vraiment bon. Exactement un an plus tard viendra déjà un troisème album du nom d'Attack On Memory, c'est le premier que Cloud Nothings enregistrera en tant que groupe, les musiciens live prenant cette fois part au travail en studio, mené de mains de maître par Steve Albini (Pj Harvey, Nirvana...), les critiques seront une nouvelle fois favorables, Pitchfork le distinguera de son fameux statut Best New Music.
Dès Décembre 2012, Cloud Nothings annonce travailler sur son prochain bébé, Baldi dira à son sujet qu'il sera moins mélodique, moins simple et plus bruyant que les précédents, d'abord prévu pour la fin de l'année 2013, Here and Nowhere Else est finalement annoncé pour Avril 2014, il sera produit par John Congleton.
Attack On Memory et Here and Nowhere Else resteront à jamais deux disques incroyables. Coup sur coup, Cloud Nothings est parvenu à ciseler deux brûlots blindés de tubes punk-rock-core ravagés et saturés de relents 90's sans pour autant susciter une nostalgie éphémère. Leur "truc" reste étonnamment frais et personnel jusqu'à la dernière goutte, la faute - entre autres - à ce sens inné de l'accroche présent dans absolument tous les morceaux, du plus pop au plus hardcore. Il aurait sans doute plu au plus grand nombre que Cloud Nothings, à la façon d'un Dinosaur Jr, s'auto-condamne à (re)construire sans cesse le même disque. Il suffit pourtant de poser les yeux sur cet océan scintillant baigné de lumière pour comprendre que Life Without Sound va emprunter un chemin de traverse.
Sans faire le moindre compromis sur la qualité de l'écriture - car oui, il n'y a QUE du bon - Dylan Baldi a laissé la lumière entrer par la porte principale. Presque tout ici (sauf le dernier et long morceau ironiquement intitulé "I Realize My Fate", qui replonge dans l'urgence des précédents efforts) vient réchauffer l'atmosphère. Les mélodies lumineuses prennent le temps d'éclabousser les murs par pans entiers. Ralenti mais pas trop, le tempo prend le temps et apporte à ce disque quelque chose de littéralement contemplatif. La rougeur des fulgurances, bien présente comme sur l'irresistible crescendo de "Sight Unseen", n'en est que plus vive et marquante. C'est John Goodmanson, producteur des disques de Death Cab For Cutie, Nada Surf ou encore Sleater Kinney, qui s'est chargé de Life Without Sound. A ce stade, il est inutile de s'attarder davantage sur les intentions de Cloud Nothings concernant ce nouveau disque. Sans se trahir, le groupe de Cleveland s'est posé quelques instants après 2 sprints à s'éclater les rotules. Pour regarder un peu en arrière, pour contempler l'horizon loin devant et nous offrir avec humilité une poignée de titres indie rock qui donnent envie d'être écoutés jusqu'à plus soif.
A écouter : Up To The Surface - Sight Unseen - Modern Act
Je n'ose pas imaginer la pression pesant sur les épaules de Dylan Baldi ce 1er avril 2014, le jour de la sortie deHere And Nowhere Else. Comment pourrait-il en être autrement après ces deux années de folie pour le projet du prodige de l'Indie Rock ? Résumons rapidement l'affaire qui commence en 2012 avec la sortie deAttack On Memory, véritable coup de pied dans la fourmilière Rock Indépendant d'un nouveau groupe qui n'a déjà plus rien à prouver en une seule livraison. Pitchfork s'en mêle en consacrant le disque et Baldi fait enfler l'affaire en déclarant qu'enregistrer avec Albini n'est pas si incroyable. Deuxième coup de pied, cette fois-ci dans la statue de l'ingénieur du son de Chicago. S'ensuivent des tournées, nombreuses, puis le départ du second guitariste. Voilà l'état d'esprit dans lequel ce jeune homme entre en studio et dire qu'il est attendu au tournant par une horde de fans est un doux euphémisme.
Dès les premières notes, Cloud Nothings ne laisse pas de place au doute et on retrouve ce qui avait fait le charme du premier disque, cette musique proche du Post Hardcore et de l'Indie Rock des 90's, hargneuse mais sucrée qui (a) fait la joie des éternels adolescents. Les thèmes évoqués semblent tous liés à cette jeunesse et on pourra évidemment leur reprocher une certaine naïveté (« I'm not telling you all I'm Going Through/I feel fine ») mais le chant de Baldi, à mi-chemin entre plainte et hurlement rageur, suffit à faire accepter n'importe quelle niaiserie digne d'un poète de 15 ans à l'auditeur blasé que nous sommes devenus. Les progrès du leader ne sont d'ailleurs pas un mal afin de masquer le principal manque deHere And Nowhere Elsepar rapport à son aîné, à savoir son manque d'instantanéité.
L'absence de seconde guitare n'y est pas étrangère naturellement et il incombe désormais à notre compositeur de gérer la rythmique comme la mélodie. Un manque qui amène un sentiment de plus grande austérité lors des premières approches le temps d'apprivoiser correctement les compositions du disque. Plus matures, plus sombres, plus agressives, elles révèlent une véritable richesse pour celui qui se donne la peine d'admettre que le groupe a changé sans pour autant se renier. Fonctionnant désormais en trio, chaque musicien dispose désormais de plus d'espace pour s'exprimer. L'on pourra alors leur reprocher de ne pas réinventer la roue notamment à l'écoute de « Pattern Walks » et sa construction très semblable à celle de « Wasted Days » sur l'album précédent mais ce serait bouder son plaisir et ne pas voir l'immense talent d'écriture mis en place surHere And Nowhere Elsequi est un album plus homogène que son prédécesseur, musicalement mais aussi qualitativement.
Moins immédiat et moins mélodique en apparence, Here And Nowhere Else est aussi plus riche et fouillé que Attack On Memory. Cloud Nothings réussit à se renouveler sans perdre son identité malgré la disparition de son principal point fort, à savoir cette emphase sur les mélodies à la guitare, grâce à un meilleur travail de composition et de partage des tâches entre chaque musicien.
Troisième coup de pied, cette fois-ci dans la mâchoire des détracteurs et nous sommes obligés d'admettre, un peu sonnés, que nous tenons peut-être ici un véritable concurrent aux grands noms du Rock Indépendant des 90's.
A écouter : En sneakers délavées
|
|