Leur premier bébé, Marionettes, avait suscité un vif engouement (cf la chronique ci-dessous) et des félicitations de la part de Metalorgie; c'était donc avec impatience et appréhension qu'on attendait le petit deuxième, conçu il y a déjà un certain temps et dont Clair de Lune a accouché dans la douleur des complications évoquées dans la biographie. Au final c'est Deep ELM qui s'est porté volontaire pour assister la naissance et l'existence de ce Assisted Living qu'il aurait été fort dommage de voir né mort.
D'autant que CDL a remédié à sa principale déficience: les deux chants sont désormais d'une rigoureuse justesse, même sur les passages les plus délicats. D'ailleurs, leur complémentarité ainsi que leur complicité ont été accentuées et un jeu d'échange dynamique s'installe sur nombre de pistes. Un aspect que l'on retrouve également chez les deux guitares qui se font écho dans une partie de tac au tac étoffée et finement élaborée.
On retrouve bien entendu ce qui a forgé le caractère du quintet, à commencer par un piano omniprésent, mais plus en retrait sur ce nouvel opus; en ambiance de fond, il constitue néanmoins un gros apport dans la pénombre de morceaux indie / emo / post hardcore variés.
En effet, de la mélancolie de "Catapults" et la dépression de "Assisted Living", à l'humeur dansante d'un "This City Is A Model..." quasi post punk et la vivacité d'un "Black Heart Charades", Assisted Living passe par différents états d'esprit qu'il faut pouvoir adopter rapidement. Cette énergie du désespoir est rendue manifeste par des paroles écorchées même si parfois Clair de Lune se passe volontiers de mots pour l'exprimer, comme sur l'interlude instrumentale "Winning Over Grief and Sorrow" qui, avec sa volée de violons notamment, est d'une tristesse saisissante, d'une beauté transcendante.
Ce second effort n'est sans doute pas aussi immédiatement attractif que Marionettes, ses mélodies moins flamboyantes et impétueuses, mais c'est derrière les projecteurs, dans l'ombre, que ses subtilités travaillées en font un album au moins aussi intéressant. Les progrès au niveau de l'exécution pourraient en outre être synthétisées par l'amplitude et la finesse technique du jeu de Ben Johnston derrière les fûts.
Les sauts d'humeur, tout en faisant une partie du charme de l'album, peuvent néanmoins être un poil déconcertants de prime abord; et une paire de titres (la rébarbative "I'm A People Person" par exemple), font un peu pâle figure en contraste de morceaux qui font partie des meilleurs du groupe ("Criminal" en tête).
A écouter : "Criminal" ; "Winning Over Grief and Sorrow" ; "Airplanes"