Sorti dans l'anonymat le plus complet, voici le premier EP de Cirrus Minor, projet normand réunissant cinq musiciens aux cvs bien remplis (entre autres Ben, ex Alceste et Alex, ex As We Bleed). De cette collaboration discrète émane, vous en conviendrez assez rapidement, un sentiment de richesse musicale plutôt marquant : trois titres seulement, mais trois titres qui dégagent sans conteste une aura singulière, loin des carcans habituels, et assez loin des habitudes musicales des groupes cités ci dessus.
Très vite Cirrus Minor donne le ton, cet EP va faire très mal niveau ambiance et va délibérément appuyer sur les apsects atmosphériques des compositions : après une intro très "space opéra", la première partie (I) de cet EP nous propulse en douceur sur des sentiers musicaux où le temps semble s'être arrêté. Pas de blasts, ni de double pédale, et encore moins de riffs à vous détruire les neurones, ici tout est savamment mesuré, chaque note possède sa place, l'occupe avec une certaine grâce et les mélodies résultantes n'en sont que plus réussies.
Certes le temps s'arrête, laissant la place à un univers mélodique parfois épuré, souvent très dense, il n'empêche que le groupe réussit tout de même à instaurer une certaine dynamique, faisant cohabiter avec énormément de maîtrise, beauté des harmonies et progression au niveau de l'intensité.
Composition fleuve et pièce centrale de cet EP, I nous ballade au coeur d'un brouillard musical presque palpable, où les guitares sont généreuses, expressives, et mettent en scène de la plus belle façon qui soit ce flot mi post rock mi ambiant.
Une plongée vertigineuse au coeur d'un monde sans gravité, sans heurts, le tout sur fond de nostalgie ambiante, un brin dépressif pour qui n'est pas préparé à ce voyage envoutant et ennivrant, voilà la vraie nature de la musique de Cirrus Minor.
Entre accalmies et envolées à la Pelican / Red Sparowes, Cirrus Minor nous invite dans son univers aux sonorités glaciales, pour découvrir, au fur et à mesure que le propos sombre dans un désespoir profond, plusieurs facettes musicales intéressantes (post rock, ambiant, à la limite du sludge par moments), toutes introduites par de longues montées ou descentes comateuses, à la limite de l'asphyxie.
Le premier titre se termine déjà, ces dix premières minutes passées en apesanteur ont été plus que révélatrices sur les intentions artistiques du groupe, qui s'empresse alors d'enclencher le retour vers la terre ferme en nous offrant II, ou cinq minutes pour terminer cete ballade dans l'espace. C'est déjà la fin de cette escapade magnifique, et bien sûr, on en redemande...
Atmosphérique, planant, mais aussi, et c'est bien là que le groupe se démarque, froid et emprunt d'une légère noirceur, voilà ce qui vous attend face à ce petit quart d'heure de maîtrise musicale. Qu'on accroche ou pas à ce style particulier, les normands nous offrent bel et bien une démo très intéressante qui laisse entrevoir des possibilités sur le créneau post rock / ambiant.
A suivre de très près.
L'intégralité de ce premier EP est disponible ici. Chouette non ?
A écouter : Dans l'espace...