2003, Orchid n'est plus et bon nombre de groupes screamo s'orientent vers des escapades post rock, où tout finit par inéxorablement exploser. Bien ou pas ? Là n'est pas la question. Circle Takes The Square est le screamo moderne, l'incarnation d'une extension des frontieres tout en usant des fondamentaux. As The Roots Undo rassemble des influences multiples, empruntées à la scène hardcore (Converge pour les riffs chaotiques et Orchid pour le feeling mélodique), au DC Sound de Washington (Fugazi pour le côté dissonant) ou à la scène metal extrême (voix hurlées typiquement black metal, enchevêtrements d'arpèges qui rapellent le travail de Bethlehem sur Dictus Te Necare).
Ces influences (digérées) confèrent une aura terriblement obscure et totalement unique à As The Roots Undo, mélange de nihilisme et de désespoir sur une toile haineuse et surtout chaotique. Lorsque la bourrasque "Interview At The Ruins" se morphe en ballade mélancolique s'achevant sur un A Capella à fleur de peau, ou lors de la terminaison épique et écorchée de "Crowquill", on perd (à jamais) le fil et le sens de l'organisation. Circle Takes The Square ne se formalise pas, déconstruit et reconstruit, brise et répare des structures passant de l'état de ruines sonores vers des monuments taillés à la perfection ("In The Nervous Light Of Sunday", "Non Objective Portrait of Karma"). Et ceci, toujours avec ce feeling agressif malsain et carnassier qui n'est à aucun moment rompu par la relative propreté de la production. A la manière de Envy, on distingue chaque nuance, chaque éclat de cymbale, chaque changement de ton vocal, sans etouffement claustrophobique. Circle Takes The Square ne vise que le contenu et le fond des choses, entre romantisme et atmopshères glaciales.
Déjanté ("Same Shade As Concrete"), agressif, haineux, mélancolique, progressif sans vraiment l'être , As The Roots Undo ouvre la voie d'un post screamo, travaillé et profond.
A écouter : Bien sur