Houses of the Unholy. Le terme peut paraître un peu léger pour ce qui s'apparente davantage à un musée des horreurs qu'à une simple maison des damnés. Et pour cause, ce dernier album de Church Of Misery recense une belle brochette d'aberrations nées de nos sociétés modernes. Tueur en série, cannibale, vampire, "simple" criminel, chaque titre est une véritable fiche anthropométrique dont Church Of Misery se repaît, une évocation de personnages hauts en couleur rouge sang, dont les tokyoïtes usent pour mettre en scène leur stoner du fonds des âges tout droit hérité du Bayou de Louisiane, mais greffé sur l'île de Honshu.
Church Of Misery n'est pas le premier venu et ce dernier album en date constitue en quelque sorte un aboutissement de treize ans de bastonnade down tempo. Mais une bastonnade maitrîsée, réfléchie, puissante et groovy à la fois, où les riffs cinglants de Black Sabbath et les lignes de basse dégueulasses ("Badlands") viennent s'agréger au délire psyché de Led Zeppelin (le titre de l'album n'est pas un hasard non plus) ou de son émanation des 80's, Soundgarden. Church Of Misery n'offre rien de surhumain. Dans le genre, on a fait largement mieux. Mais le quatuor sait y faire pour nous pondre des ritournelles catchy et entraînantes ("Born to Raise Hell", "The Gray Man"), mettre en avant le timbre adéquat langoureux ("El Padrino"), nous amadouer par ses soli bluesy gorgés de feeling ("Blood Sucking Freak"), passer la vitesse supérieure pour asséner ses voies de fait assorties de rafale et nous décrire l'enfer de San Ysidro ("Shotgun Boogie").
Soyons honnêtes, Houses of the Unholy n'est pas le chef d'oeuvre stoner ultime. Toutefois il confirme Church Of Misery dans sa position de daron de la scène, de figure incontournable et ce bien au-delà de ses frontières.
Tracklist : 1. El Padrino (Adolfo de Jesus Constanzo)*, 2. Shotgun Boogie (James Oliver Huberty), 3. The Gray Man (Albert Fish), 4. Blood Sucking Freak (Richard Trenton Chase), 5. Master Heartache, 6. Born to Raise Hell (Richard Speck), 7. Badlands (Charles Starkweather & Caril Fugate).
A écouter : The Gray Man, Born to Raise Hell, Blood Sucking Freak.