Biographie

Chrome Hoof

Chrome Hoof est le projet de coeur de Leo Smee (bassiste actuel des légendaires Cathedral) et de son frère. Il est avant tout leur tribune d'expression musicale libre et déjantée, sans limites particulières, et aiguillée par leur amour des musiques qui les ont bercées dans les années 70. Entourés de musiciens ayant les mêmes envies rencontrés au cours des années, Chrome Hoof est en fait une sorte de collectif à géométrie variable, en fonction des réalisation en cours. Celles-cis sont d'ailleurs bien éparses, tant les emplois du temps de chacun sont variés. Ainsi donc, depuis sa formation au début des années 2000, Chrome Hoof n'a sorti qu'un seul album éponyme et un ep intitulé Beyond Zade, sous l'égide de Rise Above Records et assuré quelques tournées (dont une avec Sunn 0))) aux etats-unis).

16.5 / 20
1 commentaire (17/20).

Crush Depth ( 2010 )

La voilà la merveille de Chrome Hoof. Jusqu’à présent le groupe s’était toujours cherché, alternant sur ses deux premiers albums folies ribaudes, idées saugrenues au travers d’un art rock foisonnant et malheureusement assez régulièrement  parcouru de cheveux sur la soupe assez malvenus. Elle est loin l’époque où la formation n’était qu’un duo composé de Leo Smee (bassiste de Cathedral pour les monomaniaques d’eurodance) et son frère, à vocation d’expérimentations electro. Désormais un collectif, Chrome Hoof atteint avec Crush Depth un sommet glorieux et ambitieux artistiquement, ce qu’il a toujours cherché, mais sans la moindre fausse note et avec un élan du grandiose époustouflant, offrant une explosion d’instruments, de mises en communs de créations burlesques d’une communauté quasi-sectaire vaudou absurde, entre prunk (celui de Cardiacs) et Zeulh version éclatement d’influences croisées sous psychotropes.

Dans la pure tradition des grands disques d’art rock que nous offre le monde expérimental depuis plus de 30 ans, Crush Depth est un gouffre de chamboulements et de fraîcheur, une cérémonie bizarroïde au sol perpétuellement en mouvement. La force du genre, c’est qu’il n’en a pas à proprement parler, dès lors que le monde offre de nouveaux univers, de nouveaux potentiels organiques et de nouvelles techniques de création d’art, l’ouverture d’esprit qu’offre une telle démarche multiplie les possibilités de croisements, de symbioses dopées, et, sans condition aucune, permet un viol massif d’établissements aux vernis usés. Dans le cas de Chrome Hoof, on vogue dans un espace de science-fiction, pas nécessairement tarabiscoté à l’extrême en matière de langage musical, mais étrangement messiaque dans une sorte de disco psychédélique et chamanique. Il y a ce synthétiseur discordant, qui tient ici une dragée haute bien importante, vrombissant et amenant une dimension cosmique, sublimant la folle énergie qui transporte Crush Depth sur toute sa longueur. Le disque pétille de mille feux, en témoignent la présence des 27 instrumentistes différents apparaissant sur le disque en chaque instant. Entre légèreté jazzy, et chevauchées charismatiques dans de longues pièces rock puissantes et éblouissantes, on se sent conviés par Chrome Hoof à un culte païen, sous boule à facette en blouse de vinyle, en cantiques grandiloquents et épopées excentriques, la vue déformée par le trop plein de folie et les membres contractés par le plaisir au point de vendre notre âme à une telle réussite. Chrome Hoof, autrefois un peu foutoir, bordel interstellaire se cherchant encore une réelle identité, est désormais une secte élitiste à la recette secrète, avec ses codes, ses cultes et son incantatrice charismatique nous dictant notre attitude à l’oreille. Et c’est ce plus indéniable, outre une production puissante et très juste mettant en valeur des sons cybernétiques omniprésents, en cette grande noire incantatrice, gourou à la voix de tête nasillarde et résonnante, qui répand fermement une autorité instructrice, maîtresse d’un orchestre disco sans temps morts ni redondance, avançant à vive allure à travers un cyberespace factice et bonard, jouissant de son trop plein d’amphétamines, relançant ses égarements plus sombres avec grande passion, ou explosant régulièrement avec majesté dans des points d’orgues admirables de grandiloquence (Witches Instruments and Furnaces). Chrome Hoof est majestueux, on en prend plein l’oreille de ces changements de couleurs à répétition, toujours très puissants, jouant l’incursion funeste de violon, saxophone, ou même l’orchestration puissante. Même dans des ambiances plus calmes ou sombres, on est pris aux tripes par la puissance que dégage la formation. Third Sun Descendent est d’ailleurs presque terrifiant tant il est diabolique dans son ambiance perdant pour le coup, rare moment de l’album, ses attributs disco 80’s pour un air plus suffocant, retrouvant presque les frontières de doom spatial chères à ce bon vieux Leo Smee, notamment grâce à sa basse grasse et dansante et à la mutation violente du chant de notre chère mentor. 

Crush Depth est l’apothéose de Chrome Hoof, ou, espérons-le le commencement de celle-ci. Il est des disques capables de nous emporter dans univers inconnu et entier. Avec son incantatrice extralucide, sa folle hardiesse, il construit une pièce théâtrale et surjouée, explorant un disco zeuhl inédit chargé d’années 80. Si tant est que désigner un tas de disques à ressortir de 2010 ait un sens, alors clairement il se classe dans les ovnis inclassables les plus remarquables de cette dernière année de la décennie.


A écouter : sans hésiter.

Beyond Zade ( 2006 )

Où va Chrome Hoof ? D’où vient Chrome Hoof ? Où situer Chrome Hoof dans le paysage actuel ? Difficile de répondre à ces questions… Eux-mêmes ne semblent guère s’en soucier, tant le projet commence à dater, et n’a pour autant jamais fait parler de lui au-delà d’un microcosme très réduit de l’underground british et US. Qui est Chrome Hoof, par contre, je peux vous en toucher quelques mots : cet OVNI musical n’est autre que le projet de cœur de Leo Smee, bassiste actuel des légendaires Cathedral. Le groupe a d’ailleurs plus qu’un lien de parenté avec les musiques extrêmes et lentes, puisqu’il a tourné avec les très en vogue Sunn 0))) aux etats-unis, suite à la sortie de son premier album éponyme e n 2004. Deux années de travail disparate (chacun des membres de Chrome Hoof ayant l’air bien occupé) plus tard, Rise Above sort dans une certaine exclusivité Beyond Zade, un ep de trois titres du combo anglais, complètement déjanté et libéré de tout référentiel musical actuel hype ou du moins populaire.

Extrême, Chrome Hoof l’est clairement à sa manière. Oublions un instant ce que le metal pourrait nous faire associer à ce terme, car Chrome Hoof n’est pas plus metal qu’il n’est funk, pas plus electro qu’il n’est mathrock.  Ce groupe d’allumés est un peu tout et rien à la fois, un vaste délire même pas conceptuel, une bouillie aux ingrédients innombrables dont les couleurs sont toutes joyeuses et vives, changeantes et hallucinées. Chrome Hoof est simplement extrême dans son résultat insaisissable, à tel point que cet ep, aux trois titres très disparates dégage une impression de cohérence certaine, simple fait de la folie ambiante qui retourne la tête en 35 minutes. Pourtant à la base, Chrome Hoof part bel et bien de choses concrètes. Leo Smee y déclare son amour des sons 70’s, le génie fourmillant du funk, de la scène progressive, des sonorités qui partent de tous les côtés, les recherches naïves sans complexes. Pour autant, Chrome Hoof est loin de se situer dans un pur revival, car le tout est traité avec une étonnante modernité. Entre des clins d’œil à Magma, Kraftwerk et autres vieilleries cultes, on retrouve des éléments qui nous ramènent à l’avant-garde actuelle, du mathrock Caballeresque au drone doom abyssal d’un Sunn (evidemment), en n’oubliant evidemment pas les trépignassions d’un Mr. Bungle. Chrome Hoof mélange tout cela sans se poser de questions, en évoluant sans regarder en arrière, donnant l’impression d’avancer de manière très libérée. Les trois titre de ce Beyond Zade utilisent des rythmiques Krautrock très saccadées, des sonorités vintage, tant dans l’amas de détails, que dans le synthé et les guitares qui exploitent des mélodies entêtantes. Dès les premières notes lancées, la machine est en route, et tout ce que Chrome Hoof nous fait traverser ne semble avoir de lien avec ce qui vient de se passer, ni avec ce qui va se passer. Les ambiances psychédéliques et très brumeuses donnent le ton à des tirades de schizophrénie furieuse, des gouffres effrayants, des évolutions aux rythmiques funky obsédantes ou encore des passages rock très entraînants et légers. La musique de Chrome Hoof ondule bêtement (au bon sens du terme), de références en références, d’instruments en instruments (synthé, cuivres, guitare, basse, et bien d’autres) générant un vortex dont la compréhension même n’a plus forcément grand sens au final.

A interpréter ses cabrioles musicales spectaculaires, Chrome Hoof, avec Beyond Zade,  fait l’effet de n’appartenir à rien, ni au passé, ni au présent, encore moins au futur, ni à une scène particulière. Encore une fois, peu importe de toute manière, Chrome Hoof intéressera qui voudra bien s’y intéresser, a priori des gens plutôt ouverts à toutes les musiques expérimentales, des curieux naïfs, et autres allumés de la consommation musicale. Beyond Zade est un disque impossible à noter, encore que son résultat défile sans accrocs et soit interprété sans failles, pour la simple et bonne raison qu’il s’inscrit dans tout et rien à la fois, que tout référentiel qui pourrait le régir est aussitôt brouillé après réflexion. Ne voyez donc en ma note qu’une indication de l’intérêt à porter à cet ep, et si vous êtes curieux donc, n’hésitez pas.

A écouter : Si vous raffolez de trucs barr�s, ou que vous �tes curieux.
Chrome Hoof

Style : Rock Progressif
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Origine : Royaume-Uni
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