Chaos E.T. Sexual
Indus / Doom / Dub / Trip-Hop

Ovna
01. Holy Liars
02. Ghesar
03. Salaam Bombay!
04. Pisagua
05. Ovna
06. La Mignonette
07. O-Ke-Hee-De
Chronique
Chaos E.T. Sexual était une belle révélation de la fin 2012 avec un premier album sorti de nulle part qui affirmait déjà toute l'originalité et donc le potentiel de ce projet aux motivations bien trop poussées pour se restreindre à un seul genre musical. Ovna en est la suite et reprend cette envie de confronter les idées et les styles que l'on ne verraient à priori pas ensemble.
Le cloisonnement des catégories musicales, c'est de la merde. Se sentant bien trop à l'étroit dans une seule case, Chaos E.T. Sexual élargit son horizon et continue d'explorer les espaces conquis par Ov. Ovna, une racine commune dans le nom, comme pour signifier cette envie de continuité, sans pour autant faire de la redite. Ainsi, Chaos E.T. Sexual fait toujours ce qu'il sait faire de mieux : emplir l'espace de beats robotiques et d'une froideur cinglante, assommés par la six cordes baryton, en bourreau de destruction sonore. Se joint à cette parade décadente la partie bruitiste et / ou mélodique Indus / Noise des cordes de E.T. Le trio qui s'était trouvé une identité sonore déjà bien affirmée sur Ov y reste fidèle tout en s'affirmant et en transformant l'essai.
La petite surprise en moins, il est vrai. Mais on trouve dans ce Ovna, la même singularité à travailler autour du triptyque Dub / Doom / Indus, puis c'est dans les détails qui parviennent progressivement aux oreilles qu'Ovna se révèle. Par la symbiose de ces éléments encore mieux mêlés et l'expérience accumulée, Chaos E.T. Sexual continue donc de peindre une fresque bien à lui qui ne ressemble en définitive à pas grand monde, même si les références s'imposeront toujours par la force des choses. En effet, il est difficile de ne pas penser à Godflesh, Dälek ou Necro Deathmort, que sa soit par la lourdeur, ou le groove froid et et dangereux qui habite ces sept nouvelles pièces. Mais ce n'est pas parce qu'on utilise les mêmes couleurs que la toile ressemble forcément à la copie d'une autre.
Ovna qui débute par un Holy Liars dont le sample et les mélodies rappellent quelque peu La Moneda du disque précédent, possède aussi un côté plus abrasif. Le titre véhicule une atmosphère de fin du monde grâce à ses guitares épaisses et sa rythmique tribale tout comme sur Ovna, à la fois écrasant et obsédant, complété par la voix de E.T presque surréaliste. Mais Chaos E.T. Sexual fait aussi preuve de plus de finesse en incorporant mieux ses éléments dans la structure de ses compositions
comme avec Salaam Bombay aux cordes entêtantes et aux saveurs d'Orient très intéressant dans son déroulement ou Ghesar pratiquement psychédélique dans l'approche. A noter également Pisagua portée par les ambiances fantomatiques et un beat Hip-Hop passé à la moulinette Indus dans son dénouement ou l'apport d'une trompette sur La Mignonette comme si l'Amérique du Sud était intimement liée au projet Chaos E.T. Sexual.
Au final, Ovna confirme tout le bien que l'on pouvait penser du trio et emboîte idéalement le pas à leur première production. Sans tout à fait dire la même chose, ce second album complète les idées apportées par Ov toujours construit sur une production excellente. On reprend un troisième album quand vous voulez.
Le papier tape juste. J'ajouterai pour ma part un léger glissement des sonorités vers un groupe non cité dans les influences mais qu'il me semble difficile d'occulter: les géniaux noiseux de Hint.
Je me fourvoie peut être totalement mais c'est la première impression que ce disque m'a toujours laissé, et elle perdure encore aujourd'hui. Volontaire ou pas, c'est en tout cas bien joué puisque cela permet au trio d'élargir son vocabulaire musical et, certainement de s'ouvrir une voie pour se sortir un peu de l'ombre de Godflesh, le nom qui revient devant tous les autres au moment d'évoquer Chaos ET Sexual.