Album rafraichissant et original, pas mal cette idée d'utiliser le genre électro/dub avec des guitares, J'approuve!
Chaos E.T. Sexual
Indus / Doom / Dub / Trip-Hop

Ov
01. Kolmogorov Falls02. La Moneda
03. Novaya Zemlya
04. Sed Non Satiata
05. Brain-State-In-A-Box
06. Lyapunov
Chronique
Chaos E.T. Sexual, une seule entité au patronyme obscur, est en fait constitué des surnoms de chacun des trois membres du groupe : Chaos spécialisé comme son nom l'indique dans la destruction par riffs lestés de plomb, E.T. pour le côté mélodique de la chose et Sexual derrière les machines aux beats hypnotiques. Ov est leur première création en autoproduction et sort réellement de l'ordinaire.
Voguant au grée de ses envies, pas spécialement ancrés dans une scène Metal, Dub ou Electro, Chaos E.T. Sexual est un peu de tout ça, le point de croisements de diagonales reliant Dälek, Ez3kiel et Godflesh entre eux, pour en définir les contours avec des références que la plupart ici connaissent. Mais même cela ne suffit pas à décrire leur musique qui se veut un mélange très personnel entre Indus, Dub et Doom-Metal. Si beaucoup de groupes arrivent à mélanger divers styles musicaux, plus rares sont ceux qui arrivent à dépasser l'enchainement de plans ou de passages variant d'un style à un autre. Chaos E.T. Sexual n'essaye pas de jouer du Doom, de l'Indus puis du Dub et vice versa, il est tout cela en même temps, une fusion habile des genres qui forme un métissage cohérent et original. Difficile donc de les comparer à une formation en particulier et c'est justement là où réside toute la substance de Chaos E.T. Sexual, qui, malgré une relative jeunesse, s'affranchit des barrières et se démarque de la production musicale en 2012.
Outre cette originalité qui lui confère une identité déjà bien affirmée, ce qui marque aussi ce Ov se sont ses ambiances. L'impression de se retrouver coincé dans des espaces exigus est omniprésente. Claustrophobie quand tu nous tient. Sentiment renforcé par les cordes barytons qui nous écrasent inexorablement, les effets noisy oppressants et les rythmiques marteau piqueur. Ov est également froid comme l'acier, teintés de reflets bleutés glacés. Du dub, il n'y a que l'aspect barbiturique de présent, de l'Indus que le groove implacable et morbide (Kolmogorov Falls). Pas une once de chaleur ici, les cris fantomatiques de Sed Non Satiata sont à glacer le sang, les guitares tonnent comme autant de mortiers assassins (Lyapunov) et les vibrations Brain-State-In-A-Box se font rampantes et carnassières. Ov est entièrement instrumental, comme un espace décharné, sans vie, si ce n'est La Moneda et son sample du discours de Salvador Allende, particulièrement envoûtant. D'ailleurs tout le disque est orné d'une attirance magnétique dont les boucles répétitives de Noyvaya Zemlya en son cœur finissent par nous attirer dans sa folie destructrice.
Ov est une réussite totale pour toutes les raisons citées plus haut. Il y a de forte chance que vous vous fassiez happer par l'univers de désolation de Chaos E.T. Sexual et que vous y reveniez souvent. On attend bien évidemment la suite avec beaucoup d'impatience.
Les critiques des lecteurs
Album rafraichissant et original, pas mal cette idée d'utiliser le genre électro/dub avec des guitares, J'approuve!
Je valide pleinement.
On est très loin ici du premier album qui se cherche, partagé entre moments d'inspiration véritable et trous d'airs faussement inévitables. Ov est un parpaing, un de plus, certes, mais il est avant tout disque définitivement frais, surprenant malgré des références grosses comme ça qui s'imposent plus d'elles mêmes qu'elles semblent véritablement revendiquées, hypnotique et vivant.
45 minutes durant, les trois parisiens n'ont de cesse de dérouler leur alliage hybride en travers du spectre musical embrassant au passage tout autant rigueur industrielle implacaple, basses Dub dantesques que divagations Noise ambiancées. Tout y passe dans cette oeuvre qui foule au pied et sans le moindre regard en arrière les frontières entre les styles. L'objectif est de toute façon ailleurs. L'objectif, c'est le son.
Monumental, fascinant, il est le premier contact avec, l'ingrédient principal et l'aboutissement de ce disque quasi intégralement muet qui se traîne merveilleusement. De lui jaillissent des ambiances étrangement chaleureuses et funèbres aussi propices à l'abandon sur une écoute distraite que capable de glacer les sangs une fois l'oreille accrochée. Car elle l'est, invariablement et qu'il faut alors y revenir. Sans prétention apparente, Ov est un disque qui secoue. Arque-bouté, inamovible sur des bases ultra solides, concentré sur son propre accomplissement, alimenté à ses propres atmosphères.
Car en définitive lorsque l'on a autant à offrir (infliger?) il n'est nul besoin d'artifices: tout est là.