Cave In
Emorock

Final Transmission
01. Final Transmission
02. All Illusion
03. Shake My Blood
04. Night Crawler
05. Lunar Day
06. Winter Window
07. Lanterna
08. Strange Reflection
09. Led To The Wolves
Chronique
Perdus dans l’espace durant huit ans, les membres de Cave In n’ont pas cessé pour autant d’envoyer des signaux de leurs activités, au sein de Mutoid Man, Old Man Gloom ou Zozobra parmi d’autres projets qualitativement toujours au top. Huit années également marquées par la disparition tragique de Caleb Scofield, bassiste et hurleur ô combien essentiel de la scène Hardcore, voire au-delà. Final Transmission est précisément le dernier album incluant les cordes – vocales ou non – de Caleb, dont les titres sont le fruit juteux de sessions enregistrées il y a deux ans. Et il est difficile de ne pas succomber à l’émotion pendant l’écoute de celui-ci, où les lignes de basses variées surgissent de terre pour agripper et malmener nos récepteurs.
Tortueux était le précédent long White Silence, soulignant un retour aux sonorités plus ou moins épaisses et casse-gueules du grand Until Your Heart Stops mais conservant les embardées cosmiques qui ont fait le succès des suivants. Nécessairement intimiste est Final Transmission, ouvert par l’acoustique éponyme, dont la construction évoque le virage des bostoniens de ce début de siècle, en ce qui pourrait constituer un alliage heureux entre Jupiter et Antenna, All Illusion et Shake My Blood en têtes de gondole. Ce qui n’empêche pas les guitares de McGrath et Brodsky de rugir et d’exposer leurs plus saillants attributs sur le rampant Night Crawler, ou de partir aux frontières du drone sur Lunar Day. Cela n’obstrue nullement non plus les frappes de JR Conners, toujours justes, bien senties, notamment sur un Winter Window vaillant, ou le très saturé Lanterna, traversés par une basse ronde et élastique, ou par un chant clair habité, à la beauté fragile. Strange Reflection incarne lui aussi une espèce de pesanteur consciente de la menace trouble qui la guette. Un abstrait couperet qui tombe inévitablement avec Led to the Wolves, plongeant nos âmes tristes dans la crasse terrienne, malgré une voix ensevelie qui tente vainement de les apaiser.
L’objectif de Cave In avec cette Transmission Finale n’est pas de satisfaire nos impatiences, mais plutôt de rendre le meilleur hommage qui soit à son bassiste disparu, en espérant qu’il reçoive bien le message de l’autre coté de l’univers. Ce sixième album, comme son superbe visuel le laisse penser, est un satellite, témoin de l’espace et du temps devant l’éternel. Un disque indéniablement trop court, qui émet toutefois l'ultime signal d’un groupe hors-pistes, à jamais indispensable.