>Urgence et fureur. Les deux Maîtres mots de l’oeuvre de Catharsis. Comme s'il en manquait un troisième, Passion le bien nommé sera leur dernier album, leur aboutissement. Un disque sombre, rêche, intégralement agressif ; comme un authentique morceau de révolte balancé à la face du monde.
Exit ici le Crust metallique brut et précipité des tous débuts. Catharsis a depuis connu une réelle évolution de ses sonorités, passant d’un extrême à un autre. Plus ouvertement métallisé (dur de ne pas penser aux furieux contemporains d'Acme), plus varié, le groupe de Greensborow se veut pourtant toujours aussi direct, destructeur et impétueux, si ce n’est d’avantage encore. Brian Dingledine, inintelligible au possible, s'impose probablement ici à jamais une des voix les plus arrachées de tout le Holy Terror. Et alors qu'Alexei Rodriguez n'en finit plus d'aplatir son drumset comme si chaque frappe devait être sa dernière le reste de la bande n'est jamais très loin à empiler tirs de barrage urgentissimes et riffs insidieux.
Maladif, épileptique, Catharsis ne s’offre que de rares accalmies au cours de cet album parti comme une bombe et dont deux titres vont pourtant jusqu'à flirter avec les huit minutes. Faisant voler toute barrière idéologique comme musicale, le groupe n’hésite désormais plus à se fendre de rythmiques reggae - tranchant radicalement avec un chant toujours aussi éraillé et génialement inadapté à l’exercice ("Deserts without mirages", désabusé), où encore d'incartades tribales maladives avant de basculer au point d'engorgement repartir de plus belle ("Duende"). Le tout, en dépit de ces faux instant récréatifs, reste peu recommandable et animé d’une énergie désespérée palpable.
Ouvertement révolté, Catharsis prend au tripes, accuse, agresse, prône l’émancipation et la destruction de schémas sclérosés, s’adresse directement aux consciences par sa musique. L’engagement est indéniablement le fondement même de l’existence du groupe : jamais une telle rage n’aurait pu être exprimée sans convictions chevillées au corps. Passion ou le feu. Passion, monument de folie musicale en mouvement perpétuel, épique, éprouvant, incendiaire, sans concessions. Un concentré de révolution éructé à s’en faire sauter les veines du front. L’ambiance n’a de cesse de s’y faire plus lourde pour, au final, virer à l’apocalyptique à mesure que l’on approche de "Sabbat", monumentale conclusion d'une grosse demi heure de Hardcore hors du commun.
Au sortir d'une seule écoute le constat de dévastation s’impose. Leur répétition ne fera qu'aggraver les choses. Passion ou l’illustration même de l’art viscéral et passionné. Catharsis, de son coté, se retirera après un ultime split laissant derrière lui une monstrueuse écorchure dans le flanc des musiques extrêmes, chacun partant explorer d’autres fronts de lutte musicale après avoir crânement et de toutes ses forces foulé au pied un système honni. Passion, et ses auteurs à leur petite échelle, font partie de la légende.
A écouter : A chaque fin du monde.