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Biographie

Caspian

Caspian est un groupe de Post-Rock instrumental formé en 2003 à Beverly aux Etats-Unis. Au départ, le groupe est composé d'un quatuor avec Philip Jamieson (Guitare / Claviers), Calvin Joss (Guitare), Chris Friedrich (Basse) et Joe Vickers (Batterie). Entre 2003 et 2005 Caspian se montre assez discret, réalisant quelques dates et notamment une première partie de Mono. Les musiciens cherchent toujours un chanteur pour compléter le line-up, mais en vain. Un premier ep, You Are The Conductor, sort fin 2005 chez Dopamine Records, puis le groupe embarque pour une tournée américaine d'une trentaine de dates qui leur permettra d'enregistrer Tour Ep en 2006.

C'est en 2007 que sort leur premier album intitulé The Four Trees chez Dopamine Records puis l'année suivante chez Make My Day Records. Pendant la tournée de 2007, le guitariste Erin Burke-Moran qui officie sur quelques dates live, fini par devenir membre à part entière. Deux ans plus tard et un split avec Constants en 2008, le second opus, Tertia, sort dans les bacs. Le guitariste Jonny Ashburn assiste le groupe pendant leur tournée de 2009 aux côtés de Red Sparowes. De nombreux concerts ont lieu pour promouvoir la sortie de l'album avec des groupes comme Constants, Irepress ou Moving Mountains. En 2011, Caspian annonce travailler sur un troisième album qui sort finalement en 2012 sous le nom de Waking Season. Le groupe tourne ensuite avec Minus The Bear et Cursive.

En août 2013, on apprend le décès du bassiste Chris Freidrich à l'âge de 32 ans. Comme une catharsis face au deuil, Caspian sort l'ep Hymn For The Greatest Generation au mois de novembre, comprenant trois titres exclusifs et trois morceaux (remixés ou démos) de Waking Season. Après une tournée en Australie et Asie en 2014, le groupe revient avec Dust And Disquiet, toujours signé chez Triple Crown Records. Puis c'est le silence radio. Joe Vickers est remplacé à la batterie par Justin Forrest en 2019 avant que Caspian ne sorte son cinquième opus, On Circles, début 2020.

16 / 20
1 commentaire (14/20).
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On Circles ( 2020 )

Nous sommes en 2020, le Post-Rock appartient à un genre d’une autre époque ou presque, celui d’une effervescence dans les années 2000 et sa stagnation, puis le déclin, la décennie suivante. Puisque la musique est souvent une histoire de cycle et de recommencement, il serait aisé de faire un jeu de mot sur le nom de ce nouvel album de CaspianOn Circles, mais celui-ci ne symbolise pas à proprement parler ce renouvellement, d’une part parce qu’il n’y a pas eu de vrai retour du Post-Rock depuis plusieurs années et d’autre part, parce que Caspian ne reboucle pas avec cet album sur ce qu’il a put écrire précédemment dans sa carrière.

Caspian cristallise depuis une dizaine d’année une sorte d’échec, de coup manqué. De malchance. Waking Season en 2012 est une pépite, puis il y a eu le décès de leur bassiste Chris Friedrich, l’année suivante. Un chouette ep, Hymn For The Greatest Generation, la même année et un album très sombre, Dust&Disquiet en 2015. Puis plus rien, silence radio. Caspian aurait pu et aurait dû être. Il est ce groupe qui mérite tellement et qui aurait pu réaliser des tournées prestigieuses comme Russian Circles ou pourquoi pas venir tutoyer les terrains de Mono ou Cult Of Luna. Son nom pourrait être sur toutes les lèvres, de celui qu’on retient et qui compte vraiment aux yeux de tout le monde. Au lieu de ça, Caspian est un ange déchu, ce groupe trop discret, au destin un peu tragique. On Circles, leur cinquième album, ne semble pas être là ni pour inverser la tendance, ni pour prouver au reste du monde que Caspian existe. Ils sont là, et jouent leur musique, peu importe le reste et ce nouvel album est simplement une nouvelle pierre à leur discographie, comme une évolution naturelle et de nouvelles choses à dire. Il est autant une surprise agréable de retrouver le groupe après cinq années d’absence, que cet album est une vraie bouffée d’air frais dans le petit monde du Post-Rock et dans leur discographie.

Pour la première fois dans la carrière de Caspian, les morceaux de On Circles semblent être vraiment conçus comme des titres qui peuvent se prendre à part, qui vivent et se suffisent à eux même. Il en ressort ce quelque chose de très frais, mais aussi de très immédiat, finalement assez loin des murs du son dont on était habitué auparavant, surtout à leurs débuts. Caspian y délaisse ces empilements de guitares et de brouillage sonore pour créer des titres clairs, presque des chansons serait-on tenté de dire, à l’instar de leurs voisins de nuages : les suédois d'Immanu El. C’est par exemple le cas avec le titre Nostalgist qui accueille le chanteur Kyle Durfey de Pianos Become The Teeth qui prend une tournure d’emo song, comme une sorte de ballade avec un bel arpège à la guitare et la voix enjôleuse et sensible de Kyle. On citera aussi Circles On Circles à la toute fin, en mélange de guitare acoustique, de nappes électriques et d’une batterie discrète, mais surtout avec la voix de Philip Jamieson, guitariste du groupe. Flowers Of Light est la preuve également d’une belle mutation avec son début très Pop, avec cette boucle au synthé qu’on croirait issu d’un album de The Xx ou Alt-J, jusqu’à la montée et la confrontation avec ce mur de guitare, où pourtant, les deux s’entremêlent avec beauté. 

Une part belle aux mélodies et aux boucles (d’où le titre On Circles, peut-être) qu’on retrouve avec le très onirique Onsra qui évoquera sans mal une noblesse, une grandeur et un caractère propre aux groupes islandais et bien évidemment, Sigur Ros, le plus éminent émissaire des groupes de Post-Rock. Le titre Ishmael, dont l’écriture est portée par le violoncelle de Jo Quail, à la dimension quelque peu celtique, apporte une couleur différente à la musique de Caspian et en fait un titre tout à fait singulier et fascinant qui évoque, par ses sonorités atypiques, la bande originale du jeu vidéo Unravel. ce très beau voyage nostalgique d’une petite pelote de laine dans des paysages qui rappellent la nature Irlandaise. C’est émouvant et sa conclusion en guitare acoustique, encore plus. Néanmoins, Caspian sait aussi faire fondre des amplis avec du riff de mammouth avec des morceaux comme Collapser, bien plus sombre et bien plus dur qui pourrait venir d’un disque de Russian Circles ou bien Wildblood en ouverture avec une rythmique implacable, un magma de guitares et une ligne mélodique épique qui arrive à s’en extirper.

Caspian est ce groupe de Post-Rock à part que j’ai envie d’aimer de tout mon âme, avec ses petits défauts, mais surtout sa grandeur et sa générosité. Dans ce On Circles, on sent une sincérité, qui n’a jamais quitté leur carrière et leurs albums d’ailleurs, tout y est vrai, habité d’une beauté et d’une sensibilité qui manque (a manqué ?) beaucoup au genre. Toute la finesse de Caspian est là. Cette poésie, cette émotion, cette délicatesse et cette ce moment où ils ont été brisés. Tout cela se ressent dans leur musique. Clairement, ils sont et ont ce truc à part, encore une fois, et c'est pour ça qu'on les aime.

15 / 20
6 commentaires (15.25/20).
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Hymn For The Greatest Generation ( 2013 )

Malgré le drame qui les secoue depuis la perte de leur bassiste, Chris Friedrich, fin août dernier, Caspian garde la tête haute. Un seul remède pour faire leur deuil, se lancer corps et âme dans la musique, composer de nouvelles pièces afin d'oublier, ou du moins, poursuivre leur route.

En cet état de fait, Hymn For The Greatest Generation est une œuvre à la tristesse latente et un vibrant hommage au musicien et ami que fut le bassiste. Trois nouvelles compositions de couleur grisâtre, emplies de mélancolie, mais qui ne sombrent pas dans un vain désespoir. Car Caspian cristallise au mieux « cette lumière au bout du couloir » et ne joue pas d'un misérabilisme outrancier. Tout est dans la juste des tons avec pour preuve le morceau éponyme, resplendissant de par son thème central, dont l'envol est glorieux et sa retombée accompagnée de délicates touches de piano et de cordes d'une beauté limpide. The Heart That Fed incarne également bien ce Post-Rock plus positif englobé de nuages noirs, qui se veut à la fois étincelant et terriblement opaque,  rappelant par certains aspects notamment légèrement Shoegaze, le morceau Long The Desert Mile, sur un final aux guitares mortuaires et bouleversantes. CMF, quant à lui, symbolise l'apaisement, le recul des ombres pour qu'il ne reste qu'une blancheur éblouissante, drapée d'une unique nappe ambient qui s'étire et d'une guitare acoustique aux arpèges invitant aux repos.

La seconde partie de Hymn For The Greatest Generation est de par sa nature (une démo / deux remix tous issus de Waking Season) de fait, moins grandiose, mais pas si inintéressante car dégageant de nouvelles ambiances et de nouvelles idées par rapport à ce que l'on connaissait du précédent album. High Lonesome est une version allongée, plus bruitiste et sale d'avantage Drone / Dark-Ambient que Noise / Shoegaze par rapport l'originale. Concernant les deux remix, Arms&Sleepers enlève tout ce qui avait attrait à la formation Rock sur Porcellous pour ne garder que l'essence Electro avec le martèlement répétitif des percussions et l'aspect très éthéré et hypnotique du morceau. Sans trop de surprise, Hall Of The Summer par ses beats Indus est tout désigné pour être le terrain de jeu de Lazerbreak pour un remix étonnamment plus ambiant que dansant, malgré les rotations Indus et les effets fantomatiques en conclusion.

On aurait pu croire Caspian fini, abandonnant en beauté sur Waking Season. Il n'en est rien. Le groupe se relève et livre avec Hymn For The Greatest Generation un ep de haute volée. Un groupe dont on a hâte de voir la résurrection complète car le plus dur est désormais derrière eux.

A écouter : Hymn For The Greatest Generation
16 / 20
4 commentaires (16.63/20).
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Waking Season ( 2012 )

Nous sommes en 2012. Tout le monde en a soupé du Post-Rock. D'ailleurs, la flamme s'éteint et seuls restent les inébranlables, les pierres angulaires et les derniers pousses, ceux qui ont su grandir dans la masse comme And So I Watch You From Afar, Red Sparowes ou Immanu El, pour n'en citer que quelques-uns. Parmi eux : Caspian.

Il faut garder espoir. Il y a dans cette nouvelle mouture de Caspian quelque chose qui donne envie d'y croire. Quelque chose de beau. De simple et de beau. Peut-être une ligne de mire que beaucoup de groupes (et d'auditeurs) ont perdu de vue. Caspian renoue avec le Post-Rock qui sait nous toucher, dès les frémissements du titre éponyme avec cette magnifique mélodie au piano touchée par la grâce. Il est le parfait exemple d'une musique chargée émotionnellement, ni tout à fait triste, ni tout à fait joyeuse, qui laisse l'auditeur à son propre ressenti, selon son état d'esprit du moment.
Waking Season, rayonne, file tout droit vers la lumière, s'élève vers les hautes sphères (Porcelous) et tutoie les nuages parce qu'il y a dans cet album une résonance à la subtilité et au côté évanescent qu'on aimait dans They'll Come, They Come d'Immanu El. Caspian, voit plus large, côtoie de nouveaux espaces et sait rendre sa musique vivifiante, jamais ennuyante comme sur l'incroyable Gone In Bloom And Bough, de 10min, pièce maîtresse de ce Waking Season. Ce dernier recèle justement d'une profondeur insoupçonnée, de motifs et d'harmonies qui vont droit au cœur (Long The Desert Mile et ses tristes arpèges décharnés en milieu de titre).

En considérant Waking Season dans la discographie de Caspian, celui-ci marque surtout une évolution dans le son, plus ample, des américains. Certains seront surement déçu des murs soniques qui se font assez rares (High Lonesome) parce que le groupe a choisi de calmer le jeu, y préfère les mélodies soignées, raffinées et celles-ci ne manquent pas d'émotions (Akiko). Pas tout à fait non plus. En conclusion, Caspian brûle les amplis sur Fire Made Flesh, se montre grandiloquent et fracassant, mais toujours avec justesse. Autre changement, c'est celui de la voix (Gone In Bloom And Bough), une première pour le groupe, même si celle-ci est peu présente et demeure à l'état de spectre sur ce titre. On pourra aussi être surpris par la tournure prise sur Halls Of Summer, à la limite de beats Indus ou des rythmiques sautillantes de History '54 qu'on croirait issues du Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust de Sigur Ros.

Waking Season est une très belle surprise. Il est la preuve qu'un groupe de Post-Rock peut évoluer vers une musique plus douce, sans que celle-ci ne soit dénaturée. Pire, qu'elle devienne pénible et plate. Non, Caspian s'en sort haut la main en explorant de nouvelles voies, quitte à laisser de côtés les amoureux de vibrations soniques de la première heure. Il fait désormais parti des groupes de Post-Rock sur lequel il faut fortement compter, j'en suis pleinement convaincu. Si vous n'aviez qu'un disque de Post-Rock à écouter en 2012, c'est sans doute celui-ci.