Carnifex, pionnier du deathcore nous livre avec Slow Death leur sixième exécution musicale. Après
une mort sans espoir, par la maladie et le poison, dans les bras d'un tiers, jusqu’à
temps qu'ils ne sentent plus rien et que l'enfer les aies choisis, c'est une
mort lente qui les attend cette fois au tournant.
Qu'on soit fan de la première heure, adepte partiel ou grand
débutant chez le bourreau américain, découpeur de chair fraîche, tout un chacun
conviendra que Slow Death, est résolument black metal. L'atmosphère sombre et
oppressante qui se dégage dès les premières notes saisit instantanément et nous
plonge directement dans une ambiance sanguinolente et macabre. Les samples piano et synthé y sont pour
beaucoup. Sobres et pertinents ils ne dénaturent pas le groupe et ne polluent
pas les compos. Bien au contraire, ils enrichissent les morceaux sur lesquels
ils sont. Une simple leçon de donnée; l'instrument au service de la musique et
non l'inverse. Pale Ghost demeure le parfait exemple illustrant ces propos.
La guitare est pour beaucoup également dans la teinte black
de l'album. Depuis l'arrivée en 2013 de Jordan Lockrey, Carnifex est toujours "core",
mais moins "death". L'ajout des solos, d'harmonies et arpèges aigus
donnent de la profondeur aux créations tortueuses et brutales des Californiens.
Outre l'aspect black omniprésent, certaines tonalités ont, elles, clairement
des inspirations heavy. Déjà présente sur Die Without Hope, cette particularité
s'accentue encore plus sur Slow Death pour arriver à un équilibre harmonieux
qui sait donner une bouffée d'air à la tuerie ambiante. Ajoutant un léger plus,
ces passages sont pourtant moins intégrés, ou peut être réussis que les apports
synthé. Là où dans Six feet Closer to
Hell, la présence y est pertinente, c'est moins le cas dans Slow Death où toute
la fin est plutôt curieuse sans être malhonnête.
Mais ce nouvel opus est une réussite totale dans le sens où
il vient mettre le doigt sur une partie jusque là non abordée mais qui était
sous-jacente chez Carnifex. Si on réécoute les précédents albums on s'aperçoit
que cet esprit black était déjà présent chez le groupe mais que celui-ci ne
l'avait pas aussi clairement montré. C'est comme si, cette nouvelle pièce du
puzzle venait dévoiler une image qui donnait une explication à celles posées précédemment.
Une transcendance de l'œuvre existante. Tentez l'expérience d'écouter Lie to my
Face après vous être plongé dans ce sixième opus. Le morceau en sort grandi,
comme si éclairé de cette nouvelle manière, on percevait des choses jusqu'à
lors cachées mais qui était belles et biens présentes.
C'est donc une franche réussite et un carton plein pour ce
dernier album, mais qui est également une charnière pour le groupe. Le prochain
sera soit dans cette lignée mais plus brutal et ce sera alors le meilleur de
Carnifex, soit encore plus atmo et là les américains perdront ce qui a fait
leur renom jusqu'à lors. Affaire à suivre avec le plus grand intérêt donc, en
attendant nous sommes gratifiés de trente sept minutes intenses.
A écouter : Drown me in Blood, Pale Ghost