1986, le Doom Metal est en pleine effervescence, les géants américains emmenés par Pentagram se «disputant» la suprématie de la scène à leurs homologues britanniques (par exemple, Pagan Altar), lorsque débarque une bande de nordiques déchaînée avec dans ses bagages un album qui vient bousculer la hiérarchie : Epicus Doomicus Metallicus.
Et ça commence très fort avec Solitude, véritable « hit » légendaire du groupe, hymne de tous les doomeux (le refrain cultissime « Please let me die in solitude…») maintes fois repris, qui résume à lui seul l’humble recette Candlemass sur ce disque: tempo lent, riffs simplistes mais terriblement efficaces, section rythmique toujours impeccable notamment grâce à la patte de Leif Edling, le tout magnifiquement soutenu par un chanteur assez hallucinant évoluant dans un registre tout en émotions, même si l’histoire montrera que le talent du sieur Lanquist ne sera jamais reconnu à sa juste valeur.
Mais restons pour le moment en 1986 avec un album qui contient certes un « hit », mais qui ne doit pas pour autant occulter les cinq autres compos qui sont, il faut le dire et le répéter, de vraies perles. Demons Gate et son ambiance épique & dérangeante, Crystal Ball et son feeling NWOBHM jouissif, Black Stone Wielder bien plus massive que les autres, Under the Oak qui deviendra un classique joué à tous les concerts… Difficile d’élever une piste particulière au dessus d’un tout qui atteint déjà des sommets, néanmoins A Sorcerer’s Pledge qui clôt le disque se révèle après de nombreuses écoutes comme le meilleur titre, désespéré et émouvant à souhait où Lanquist fait étalage de tout son talent, vraiment touchant d’humilité et de sincérité.
Outre une capacité de composition certaine, sur ce disque le groupe fait également preuve d’une personnalité unique, bien à part dans la scène Doom de l’époque ; un son plus dépouillé, moins massif même si l’influence Black Sabbath reste perceptible, très axé sur les émotions mais sans en faire trop, ce qui facilite grandement l’écoute. Evidement, certains pourront trouver que l’album a mal vieilli et manque de puissance, mais ce petit brin de kitsch donne tout son charme à un disque appelé à devenir une référence.
En cela, il ne faut pas non plus négliger l’importance historique de cette galette puisqu’elle pose les bases d’un nouveau genre de Doom, baptisé l’Epic Doom pour une raison plutôt... évidente. Compos longues, (Demons Gate, A Sorcerer’s Pledge), lyrics qui fleurent bon l’Heroic Fantasy et univers à part, on assiste à l’émergence d’un style qui inspirera nombre de formations aussi variées que reconnues telles que While Heaven Wept, Isole, Doomsword ou… Solitude Aeturnus, dont l’histoire rencontra celle de Candlemass quelques années plus tard.
Ainsi Candlemass livre dès ses débuts avec Epicus Doomicus Metallicus un album extraordinaire qui deviendra un des piliers du Doom traditionnel et qui sera considéré par beaucoup comme la pièce maîtresse de la (future) riche discographie d’un groupe adulé. Pour l'instant, en 1986 la presse est loin d’être enthousiaste et le groupe encore jeune peine à faire parler de lui, n’étant pas sous le feu des projecteurs. Du moins, pas encore…
Tracklist: 01. Solitude, 02. Demon's Gate, 03. Crystal Ball, 04. Black Stone Wielder, 05. Under The Oak, 06. A Sorcerer's Pledge.
Je n'ai pas une culture folle en Doom, qui plus est en matière de Doom sous sa forme "originelle/traditionnelle". Mais pour ce que j'en connais (les plus connus quoi, à savoir les discographies de Black Sabbath, Saint Vitus, Pentagram, Reverend Bizarre, Solitude Aeturnus), cet album se démarque vraiment du reste de la meute, oh ca se joue pas à grand chose c'est juste une histoire de ressenti personnel, l'ambiance générale et la voix de Johan Langqvist n'y sont pas étrangères. Bien sur niveau production l'album a un peu pris du plomb dans l'aile par rapport à des sorties récentes, mais les compositions en elles-mêmes n'ont pas pris une ride.