Né de l’union de musiciens aux passifs très différents, le Hardcore à ma gauche, le classique au sens large à ma droite, Cancel The Apocalypse pourrait bien être la petite surprise qu’on attendait pas, la petite sensation de cette fin d’année.
Avec sur le papier un line-up original mais pas forcément très alléchant et de plus développant un parti pris plutôt radical dans l’orientation musicale, à savoir la volonté de mêler Hardcore, Screamo et instruments plus classiques, le groupe a pris un certain nombre de risques. Le risque de se perdre dans les mélanges dangereux, de pencher un peu trop d’un côté ou d’un autre de cette frontière entre deux styles, le risque de mettre un peu trop d’emphase pour lier l’ensemble et se retrouver avec quelque chose de froid et artificiel.
Fort heureusement, il n'en sera rien. Étrange, audacieux, mais pourvu d'une véritable identité, le groupe abat ses cartes très rapidement, et on comprend bien vite où l'on nous emmène. Les premières mélodies de l'album sont limpides, l'alchimie évidente, et on est scotché par l'élégance des mélodies (Athens, Candlelight, Planes And Bombs), par l'incroyable prestation de Matthieu Miegeville (Milka pour les autruches intimes), touchante, à fleur de peau, parfois poignante, très souvent acerbe et puissante. Une réalisation hors du commun, simple, propre mais pas dénuée de réalisme sert l'ensemble du disque, quelques codes typés Metal sont ici largement représentés, cavalcades Hardcore à la guitare classique, breaks au violoncelle incroyables et cela malgré l'absence d'amplification, preuve que l'on peut tout à fait muscler son propos sans mettre son Marshall à 11... L'équilibre est parfait : le côté viscéral (Screamo / Hardcore) n'est pas oublié ni ridiculisé par l'instrumentalisation particulière, tout comme la précision et le raffinement mélodiques ne sont pas étouffés par une batterie ou un Screamo qui auraient pu engloutir tout le reste...
C'est indéniablement beau, très beau même, entre Post Metal, Screamo et Hardcore, l'ensemble des compositions baigne dans un magma bouillonnant de créativité et de fougue musicale et il faudra souligner l'efficacité et le pragmatisme de ces quatre musiciens. La guitare, lumineuse et chaleureuse, le violoncelle, ponctuant et soulignant parfaitement le propos, une batterie qui réussit à ne pas étouffer les intentions, et une voix, on ne le répétera pas assez, centrale, fondamentale, s'appropriant l'espace sans jamais en faire trop, magnifiant le tout. Il faut l'écouter pour le croire, Bad Boxer Part 2, We Were Young ou encore Children, exemples flagrants de ce mélange détonant.
Si ce n'est la longueur décevante de l'album (on en demande toujours un peu trop), ce premier album est une très belle réussite, et rarement un projet n'aura si bien collé à la voix très particulière de Milka qui s'approprie, de façon assez naturelle, un ouvrage finement ciselé pour lui, porté par un trio d'instrumentistes talentueux.
Un album frais qu'on attendait pas, une très belle surprise !
A écouter : Avant la fin du monde...