Camion Blanc

Littérature

IRON MAN Mon voyage au Paradis et en Enfer

2012

Chronique

par Bacteries

Une bio de Tony Iommi ? Monsieur Black Sabbath ! Monsieur Metal même : qui sait quelle allure aurait ce genre musical sans l'étincelle donnée par l'anglais à la fin des années 60 ? La lecture semble donc chaudement recommandée. En particulier puisque Black Sabbath a quand même une réputation folle, et sur plusieurs niveaux : la musique, la drogue, un line up plus mouvant qu'un club de foot chinois, des choix de visuels discutables, ... Il y a donc matière !
Et malgré ces bons a priori, les premières pages ont été un peu difficiles : le livre semble parfois écrit par le comptable d'une entreprise de vente de vis (oui : chacun sa vision de l'ennui.). Car Tony, malgré sa vie de rock star, est assez méticuleux et aime détailler tout le parcours du groupe; mais on y reviendra car finalement cet aspect méthodique, au fil de la lecture, se trouve être un plus.

Déjà : si tu ne connais pas Black Sabbath, fais vite Alt+F4 et procures toi les 8 premiers albums du groupe. Si si.
Ensuite, pour les gens de bonne compagnie, vous connaissez  sûrement déjà bon nombre d'infos sur le groupe. Par exemple que leur Vol. 4 a coûté aussi cher en studio qu'en coke, que le batteur a failli brûler, que le décor imitant Stonehenge ne rentrait pas dans toutes les salles... : tout est vrai ! Et si ça vous rappelle furieusement le film Spinal Tap, c'est évidemment que les créateurs se sont énormément inspirés de Black Sabbath. Tout ça est évidemment dans le livre, le tout raconté avec la pointe d'humour anglaise de Tony, et il va régulièrement parler lui même de "moment Spinal Tap" (quand le groupe fait vraiment n’importe quoi). La boucle est bouclée.
Le livre suit un schéma classique des bios de rock en racontant les débuts, l'ascension, les drogues, les enculades de mecs louches, les tensions, les déboires ... Là dessus y'a quand même un bon paquet de pépites, car oui, Black Sabbath étaient de jeunes anglais qui ont assez vite explosés, sont devenus millionnaires, aimant la drogue, les filles, les fêtes et faire des choses stupides : le cocktail classique de toutes les rock stars.
Là où Iommi apporte des plus, c'est déjà sur le fameux accident qui lui a sectionné les phalanges. Sa volonté de rien lâcher, et donc l'adaptation qu'il a dû faire pour continuer à jouer (en se fabriquant des "prothèses" à partir de morceau de manteau en cuir, en jouant sur des cordes plus "souples", ...), sont des choix qui ont façonné le son de Black Sabbath (et donc celui du metal). L'histoire est connue, mais racontée par le principal intéressé c'est tout de même bien fou.
Le second gros plus de cette bio est de voir Iommi quasi en chef d'entreprise, obligé de recruter à chaque départ (et à partir des années 80 c'est limite le pôle emploi du metal), de voir la pression des ventes, des tournées…, et de voir que derrière il y a une équipe à faire vivre, et que même si il garde la passion de la musique tout le long c'est aussi un métier avec ses obligations. Autre bon côté : voir le poids des labels / management sur la carrière du groupe (même si on a parfois envie de dire "oh mec, t'es Tony Iommi, hausse le ton"). Le choix des visuels des albums est d'ailleurs un sujet qui semble entièrement géré par le management. La croix dans le premier album ? C’était "pour faire plus peur". L'affreuse pochette de "Sabotage" : "c'était pas pour illustrer ce titre". Celle de "Born Again" : c'était déjà parti à l'impression sans qu'il l'ait vu (!!!). 
Oh et aussi : Une reformation du line up de Black Sabbbath d'origine : "les managements n'arrivaient pas à se mettre d'accord".
Iommi est d'ailleurs plutôt honnête dans cette bio, d'histoires vraiment louches (comme ce jour où il a failli balancer une groupie du haut de son hôtel, la pensant morte d'overdose) à ses délires mystiques, ou racontant ses mariages foireux, camé jusqu'à l'os : le bonhomme ne semble pas faire le cachottier. Bon, excepté sur sa consommation de drogue : mis à part des "là j'étais pas mal dans la coke", il semble estimer que sniffer une ligne de coke Birmingham / Los Angeles aller et retour par an est quelque chose de "normal".

Cette bio complète, bien détaillée, est donc intéressante que vous connaissiez ou non l'histoire de Black Sabbath. Elle offre surtout un vrai aperçu sur les rouages d'un groupe, de son fonctionnement, des choix parfois limites, ... car il faut bien manger (et sniffer). En tout cas la méticulosité nous donne l'impression d'un récit complet. Il témoigne aussi d'une vraie passion pour la musique, toujours présente même à la fin de la bio (fin des 2000's, le livre est sorti en 2011). On lui pardonnerait presque les années 80 / 90, presque.

NB : j'ai lu cette bio en anglais, niveau de lecture correct mais pas trop élevé. Mais rassurez-vous, Camion Blanc l'a aussi traduite. En anglais vous pouvez la trouver autour de 16€ ici, en Français les prix oscillent entre 16 et 25€ si vous prenez la version numérique ou papier.

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