Oui, certes, on pourra dire que tout cela a déjà été entendu! Oui, clairement, on pourra protester que tout cela n'est pas vraiment original! Oui, on pourrait gloser sans fin. Mais quel putain de bonheur d'entendre un grain authentique, un son sans fioriture, du chaos sensible, de la sensibilité exacerbée, de l'exaspération et des mélodies qui touchent juste là où ça fait mal à en pleurer. Et la folie qui guette au détour de chaque riffs, et la batterie qui s'emballe en des rythmes insanes, et le chant écorché, ulcéré... Pur plaisir que de se laisser emporter dans ce dédale psychotique, d'ouvrir les bras et prendre de plein fouet comme une saine délivrance la pureté du mal-vivre, l'angoisse d'exister. S'épanouir dans un frisson halluciné, dans les convulsions d'une sourde souffrance. S'abandonner au tourment, toucher à l'effrayante démence des esprits troublés. S'épancher dans un apaisement triste, fragile et anxieux et se rétracter dans une indicible détresse jusqu'à disparaître...
Quelque part entre Pg. 99, Jerome's Dream, Loma Prieta et Cassilis, Callow porte cette lumière des douleurs vraies, des colères justes et vaines, de la rage désespérée. Quelque part entre le cauchemar, l'horreur et l'onirisme, Callow projette les peurs diffuses, les sentiments que l'on tord, les ténèbres du nihilisme. Quelque part entre la schizophrénie, le mal-être et le sublime, Callow s'élève aux espaces infinis des émotions exaltées.
Un album vrai et sincère sorti dans la plus stricte intimité, frémissant d'émoi, de crispation et de vulnérabilité, palpitant, vibrant, touchant...Une première réalisation tout simplement brillante, profonde et enlevée qui prodigue un rayonnement flou et fascinant. Et le prochain split, en compagnie de Jungbluth, attendu pour cet été, pourrait se révéler irrésistiblement vertigineux.
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